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Culte du dimanche : Rushmore

posté le 23/02/2014

Avec la sortie de son Grand Budapest Hotel, c’est bien l’occasion de revenir sur l’un des premiers films Ă  l’univers si particulier de Wes Anderson : Rushmore

Si on sait que Wes Anderson a nouĂ© des liens avec de nombreux comĂ©diens qui lui sont fidèles, cette amitiĂ© s’est forgĂ©e dès ses annĂ©es d’Ă©tudes au Texas. C’est Ă  l’universitĂ© qu’il rencontre les frères Wilson (Owen, Luke et et le moins connu Andrew). Avec eux, il rĂ©alisera son premier court-mĂ©trage qui deviendra ensuite un long, Bottle Rocket qui commence dĂ©jĂ  Ă  dĂ©velopper les thèmes de sa filmographie. Mais c’est en 1998 que sort son second long-mĂ©trage qui va vĂ©ritablement le rĂ©vĂ©ler auprès de la critique.

Avec Rushmore, il raconte l’histoire d’un ado, Max Fischer, pas forcĂ©ment très douĂ© mais très volontaire pour participer Ă  la vie de son lycĂ©e privĂ©e. Alors qu’il est raillĂ© par ses camarades, il se lie d’amitiĂ© avec un industriel, Hermann Blume, et tombe amoureux d’une institutrice anglaise, Rosemary Cross. Il s’en suit alors une chronique de vie de lycĂ©e aux cĂ´tĂ© d’un ado pas forcĂ©ment Ă  l’aise dans ses baskets et qui doit surtout apprendre Ă  gĂ©rer ses sentiments.

Wes Anderson instaure d’emblĂ©e une certaine empathie entre les spectateurs lĂ©gèrement rĂŞveurs et ses personnages solitaires, pas forcĂ©ment en phase avec la sociĂ©tĂ©, encore moins avec leur famille. Des personnages isolĂ©s, perdus, que l’on retrouvera dans toute sa filmographie. Mais c’est aussi l’occasion pour le jeune rĂ©alisateur de combiner Ă  la fois ses annĂ©es d’Ă©tudes et ses envies crĂ©atrices Ă  l’Ă©cran. En effet, impossible de ne pas dĂ©celer Ă  travers le personnage de Max Fischer, crĂ©ateur de pièces de théâtre, une part personnelle d’Anderson se livrant Ă  ses activitĂ©s artistiques.

Mais, en plus de ses personnages et de sa manière fraiche et innocente de raconter l’histoire de personnages touchants, c’est aussi dans son style que Wes Anderson s’impose d’emblĂ©e. Cadres Ă©tudiĂ©s proche de tableaux ou de la photographie avec des travellings latĂ©raux qui montrent bien que nous sommes dans une maison de poupĂ©es (des effets qui seront renforcĂ©s dans ses films suivants), une nostalgie revendiquĂ©e pour les annĂ©es 60 Ă  la fois dans le style vestimentaire et dans la bande-originale pop-rock lĂ©gère (John Lennon, Donovan, Django Reinhardt, The Rolling Stones, Cat Stevens, The Who, The Kinks) accompagnant les images, tout est dĂ©jĂ  lĂ . Il en rĂ©sulte alors un film atemporel et d’une candeur touchante qui nous fait rĂŞver avec une humilitĂ© de chaque instant.

Ce Rushmore est donc dĂ©jĂ  un concentrĂ© des envies et du style du rĂ©alisateur qui commence Ă  composer sa famille de cinĂ©ma. En plus de retravailler avec les frères Wilson devant et derrière la camĂ©ra (il Ă©crit avec Owen), Rushmore est sa première collaboration avec Jason Schwartzman alors âgĂ© de 18 ans qui le fera entrer dans le cercle des proches de la famille Coppola et que l’on retrouvera ensuite dans Darjeeling Limited, Fantastic Mr Fox, Moonrise Kingdom et Grand Budapest Hotel. Mais c’est aussi et surtout sa première collaboration avec le gĂ©nial Bill Murray qu’il retrouvera dans tous ses films. Et l’on retrouve Ă©galement les rĂ©fĂ©rences rĂ©gulières aux futurs films de sa filmographie. On y dĂ©cèle ainsi quelques indices qui mèneront Ă  la Vie Aquatique ou encore Ă  son goĂ»t très prononcĂ© pour la culture française.

Conte simple, frais, mĂ©lancolique et touchant, Rushmore se regarde avec un plaisir enfantin Ă©tait donc le premier pas idĂ©al de Wes Anderson pour se faire connaitre, Ă  la fois pour son histoire personnelle mais aussi par son style qui ne demande alors qu’Ă  se confirmer au fil des long-mĂ©trages qui suivront. Et ce n’est que le dĂ©but d’une vĂ©ritable histoire d’amour entre le jeune rĂ©alisateur, la critique et un public bobo, certes, mais fidèle.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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