Accueil > Cinéma, Culte du dimanche > Culte du dimanche : Robocop

Culte du dimanche : Robocop

posté le 02/02/2014

Alors que le robot-flic a droit à un remake hollywoodien, il était évident que nous allions replonger dans le Robocop original de Paul Verhoeven devenu culte !

Réalisateur néerlandais ayant fait ses classes et premiers films aux Pays Bas, c’est après la Chair et le Sang (film médiéval avec son compatriote Rutger Hauer) que Paul Verhoeven s’expatrie aux États-Unis, appelé par Hollywood pour mettre le scène le scénario de Edward Neumeier et Michael Miner après l’abandon d’un certain David Cronenberg (qui au passage était déjà auparavant pressenti pour réaliser Total Recall que Verhoeven mettra aussi en scène quelques temps plus tard). Le réalisateur laisse ainsi tomber les drames et comédies qu’il dirigeait en Europe pour s’orienter vers la science-fiction.

Car les deux scénariste ont imaginé un une société futuriste gangrénée par la violence de tous les jours, une police dépassée par es événements, une multinationale toute puissante et un nouveau prototype  de robot qui naitra de la mort de l’officier Alex Murphy alors transformé en cyborg : Robocop.

Évidemment, si le film a fait dans un premier temps parler de lui (et ce pour quoi il est encore aujourd’hui reconnu), c’est pour sa violence exacerbée. En effet, loin de se réduire à un simple faiseur dirigé par les studios, Verhoeven fait de Robocop un film particulièrement violent où le sang gicle, où les menaces des méchants sont exécutées sans complaisance mais avec un véritable sens de la satyre. Car la société futuriste que décrit le film est une image à peine déformée de ce que vivent alors les États-Unis et certains pays d’Europe dans les années 80, menés d’un main de fer et dont l’économie est dirigée par un capitalisme tout puissant, manipulant aisément les hommes et les gouvernements. Des la première scène plutôt choquante flinguant un cadre supérieur avec un robot défectueux, le film met ces éléments en lumière avec une grande violence pour en dénoncer les dérives sous couvert d’humour à prendre au moins au second degré.

Mais en plus de donner une certaine vision de la société, Robocop s’intéresse aussi à l’homme. Ainsi il ne perd jamais sa dimension personnelle pour se rapprocher du spectateur mais il délivre également un message sur ce qui fait de nous des hommes et non des robots. Car une fois le programme implanté en Murphy (incarné par Peter Weller), sa personnalité est effacée auprès de tous et il se retrouve d’une certaine manière abandonné à son artificialité, à sa condition de robot qui n’a d’autre but que de faire appliquer la loi par les moyens les plus extrêmes. Mais, sans aucun romantisme qui pourrait emmener le film dans une dimension niaise (le rôle de Nancy Allen dans le film, si il est déclencheur, reste mineur), Robocop va découvrir va réalité et l’humain va devoir se battre intérieurement pour refaire surface derrière la machine.

Plus complexe qu’on ne pourrait le croire, Robocop n’est donc pas un simple divertissement à la violence gratuite mais une véritable Å“uvre de SF sur la violence et la manipulation de la société et de l’homme au profit de l’artificialité menée par une globalisation. Bref, un discours qu’il serait impossible de poser aujourd’hui dans un film de studio à Hollywood, encore moins avec la manière décomplexée qu’a Verhoeven pour le mettre en scène.

A sa sortie en 1987, le film est un succès, à la fois critique et public et engendre immédiatement la mise en chantier d’une suite de laquelle se détachera le réalisateur (mais à laquelle sera attaché le scénariste de comics Frank Miller, pour son plus grand malheur). Robocop devient une saga déclinante et se verra même adaptée en série télévisée familiale, bien loin de l’esprit du premier film. Quand à Verhoeven, il est alors cantonné à Hollywood aux films de SF (Total Recall sera son film suivant, puis Starship Troopers) et aux sujets sulfureux (Basic Instinct, Showgirls).

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. Pas encore de commentaire