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Culte du dimanche : Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille

posté le 21/12/2014

Avec la sortie d’Exodus de Ridley Scott au cinĂ©ma, il Ă©tait bien normal de revenir sur le grandiose Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille qui racontait dĂ©jĂ  l’histoire de MoĂŻse.

Au dĂ©but de sa carrière, en 1923, en pleine Ă©poque du noir et blanc et du cinĂ©ma muet, le rĂ©alisateur Cecil B. DeMille s’essaie dĂ©jĂ  au pĂ©plum avec sa ClĂ©opâtre et une première version des Dix Commandements qui le rendent incontournable Ă  Hollywood. Bien des annĂ©es plus tard, en 1956, le rĂ©alisateur est en passe de sortir ce qui sera son dernier film, une nouvelle version de l’histoire de MoĂŻse bĂ©nĂ©ficiant des dernières avancĂ©es du cinĂ©ma pour rendre justice Ă  ce grand spectacle qui rĂ©pond maintenant aux grandes ambitions de ce rĂ©alisateur hors normes.

C’est après le succès du superbe Sous le Plus Grand Chapiteau du Monde qui a fait de Charlton Heston une star qu’il commence Ă  s’attaquer Ă  cette nouvelle version des Dix Commandements qui, pour rĂ©pondre Ă  ses propres croyances, se rĂ©vĂ©lera particulièrement fidèle Ă  la Bible. La fresque s’Ă©tale sur près de 4 heures pour raconter toute l’histoire de MoĂŻse, de son abandon sur le Nil et son accueil par la famille royale Ă©gyptienne Ă  l’exode du peuple hĂ©breu en passant par sa relation avec son demi-frère Ramsès, son exil lorsque tout le monde apprend ses origines et qu’il vient en aide aux esclave, la rĂ©vĂ©lation de Dieux et les 10 plaies d’Egypte qu’il fera s’abattre pour libĂ©rer son peuple.

L’Ă©popĂ©e du prophète biblique est donc longue et semĂ©e d’embĂ»ches qui nous font adhĂ©rer au rythme, d’autant plus que le film prend bien le temps d’installer ses personnages pour en faire de vĂ©ritables figures fascinantes dont on a envie de connaitre le parcours. L’opposition de ces deux demi-frères est bien l’un des grands thèmes du films qui fait face Ă  la croyance de MoĂŻse. Si bien que l’on trouve forcĂ©ment un point d’attache humain au film mĂŞme si l’on n’est pas forcĂ©ment portĂ© sur la religion.

MoĂŻse est ainsi un homme qui dĂ©couvre ses origines et se voit rempli d’une mission qui impliquera de s’opposer Ă  son ancien frère, devant aller jusqu’au bout si il veut libĂ©rer le peuple qu’il vient d’apprendre Ă  connaitre. Si il devait occuper le trĂ´ne il aura connu, comme dans de nombreuses histoires mythiques, une chute, une rĂ©vĂ©lation et une revanche pour mener Ă  bien sa mission et emporter le monde vers la libertĂ©. Charlton Heston fait ici preuve d’un grand charisme et donne Ă  son personnage toute la théâtralitĂ© qu’il faut pour nous faire croire Ă  sa mission divine Ă  chaque instant. En face, c’est Yul Brynner qui campe un Ramses jaloux mais qui n’est pas fait pour le trĂ´ne et qui ne peut satisfaire sa femme qui lui prĂ©fĂ©rait MoĂŻse. A partir de la mort de son fils, c’est sans doute le personnage le plus shakespearien et torturĂ© du film qui voit ses croyances s’effondrer et tout soutien perdu.

Ce face Ă  face passionnant entre les deux frères vient donc renforcer l’intensitĂ© de ce qui sera sans doute le film le plus grandiose de Cecil B. DeMille, rĂ©pondant parfaitement Ă  ses attentes mĂ©galo. Car il faudra 7 mois de tournage, des dĂ©cors immenses, des milliers de figurants et des effets visuels inĂ©dits pour tout reprĂ©senter Ă  l’Ă©cran, en particulier les magique et tragiques plaies d’Egype et surtout le mythique passage de la Mer Rouge avec cette colonne de feu et l’ouverture des eaux pour laisser fuir les esclaves vers la terre promise. Si aujourd’hui certaines images ont un peu vieilli (Ă  l’image du bushing sous LSD de MoĂŻse redescendant de sa montagne), il n’en demeure pas moins que le spectacle reste impressionnant et qu’il devait l’ĂŞtre encore plus Ă  l’Ă©poque sur grand Ă©cran.

Avec son thème rassembleur et assez fidèle Ă  la Bible pour attirer le public Ă  une Ă©poque oĂą il n’y avait pas trop de dĂ©fiance vis Ă  vis de la religion, la fresque de Cecil B. De Mille, dont il sera d’ailleurs le narrateur, est Ă©videmment le plus grand succès de l’annĂ©e 56, un grand spectacle apprĂ©ciĂ© par tout le public qui y retrouve tout ce qu’il s’attendait Ă  voir : des personnages tragiques de théâtres et des images impressionnantes pour montrer la force de la religion. Un grand succès qui ne sera toutefois par rĂ©compensĂ© aux oscars (hormis pour les effets visuels) mais qui permettra tout de mĂŞme au film de passer Ă  la postĂ©ritĂ© avec de nombreuses ressorties et de nombreuses diffusions tĂ©lĂ©visuelles qui feront entrer le film et l’histoire de MoĂŻse dans l’inconscient collectif.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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