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Culte du dimanche : le Château dans le Ciel

posté le 26/01/2014

Avec la sortie de Le Vent se Lève, dernier film du légendaire Hayao Miyazaki, il était normal de revenir sur l’un des films clés du réalisateur qui n’est pas forcément le plus connu mais qui recèle tout de même tout son univers et sa magie : le Château dans le Ciel.

Au milieu des années 80, le succès de Nausicaa, second film d’Hayao Miyazaki, donne des ailes à ce prodige de l’animation japonaise qui va alors s’associer avec le réalisateur Isao Takahata (le futur émouvant Tombeau des Lucioles) pour fonder les studios Ghibli. Le premier film que Miyazaki produira dans ce cadre sera donc le Château dans le Ciel. Inspiré par le troisième voyage de Gulliver, le film raconte le parcours de deux enfants qui vont devoir échapper à l’armée et à une bande de pirates pour retrouver la légendaire  cité de Laputa, cachée dans les cieux.

On retrouve ici les thèmes récurrents du cinéaste, de l’enfance à l’aviation en passant la bande de personnages en marge (les pirates, les robots) qui se révèlent plus ambigus qu’au premier coup d’œil mais aussi des réflexions plus politiques sur les dangers du pouvoir, des armes de destruction massive (toujours des restes du passé nucléaires du Japon) et l’écologie. Mais sans nous assommer avec, il parle de tout cela dans un véritable récit d’aventure qui porte bien sa patte.

Car le Château dans le Ciel est aussi un récit initiatique où deux enfants apprennent à se connaitre et à vont devoir trouver la cité et la protéger. Avec un bon entrain, le réalisateur nous embarque dans un voyage fantastique au scénario linéaire mais efficace et surtout toujours sincère et touchant. Car Miyazaki offre à son film une certaine poésie qui passe non seulement par l’émerveillement des enfants mais aussi par d’autres éléments plus inattendus et en particulier par les robots, solitaires et protecteurs, vestige d’une civilisation perdue qui les a abandonné.

Si il s’inspire vaguement de Gulliver, on peut aussi y voir sans doute une certaine vision de la légende de l’Atlantide ici déplacée dans les airs avec cette antique cité très avancée technologiquement et maintenant en ruine à cause d’une population qui l’a détruite par son orgueil. Et il ne faut pas non plus oublié l’influence qu’a toujours eu le Roi et l’Oiseau de Grimault et Prévert dans l’esprit de Miyazaki et que l’on retrouve ici à la fois dans ce thème de la destruction et dans la présence de ces robots.

Évidemment, si le récit est une véritable réussite, une invitation à l’aventure et à la responsabilité, la réalisation est toute aussi magnifique. Les dessins sont splendides avec leurs lots d’images qui marquent incontestablement l’esprit. Les couleurs, la fluidité des mouvements, … tout cela n’a pas pris une ride et le film est un enchantement de chaque instant, depuis la chute de la jeune Sheeta ralentie par sa pierre magique jusqu’aux séquences de vol dynamique menées par le petit Pazu et Dora la chef maternelle des pirates.

Bref, tout le beau cinéma magique, enchanteur et magnifique d’Hayao Miyazaki est bien présent dans le Château dans le Ciel qui est bien loin d’être un film mineur de son réalisateur. D’ailleurs le film sera bien un succès au Japon, confirmant tout le talent de Miyazaki mais aussi la démarche de la création du studio. Il ne faisait alors qu’ouvrirune petite porte puisque son grand succès qui l’installera durablement au pays du soleil levant sera son film suivant : Mon Voisin Totoro. En occident, il faudra par contre attendre le succès mondial de Princesse Mononoké et du Voyage de Chihiro pour enfin découvrir le Château dans le Ciel qui ne sortira sur nos grands écrans qu’en 2003, 17 ans après avoir rencontré le succès dans son pays natal. Mais il n’est jamais trop tard pour partir à l’aventure dans un grand bijou du cinéma d’animation.

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