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Culte du dimanche : la Leçon de Piano

posté le 18/05/2014

Le 67e Festival de Cannes est évidemment l’occasion de revenir sur l’un des films qui a reçu la Palme d’Or. Et quoi de plus approprié que la palme de celle qui est cette année présidente du jury, Jane Campion ? Voici donc un culte du dimanche consacré à la Leçon de Piano.

A la fin des années 80, Jane Campion a déjà un pied à Cannes avec son premier film, Sweetie. Puis son second film sera présenté à Venise, participant ainsi à la renommée internationale naissance pour une réalisatrice néo-zélandaise de talent. Mais c’est avec la présentation à Cannes de son 3e long-métrage, la Leçon de Piano, versé dans le romantisme qu’elle accède véritablement au statut de grande réalisatrice.

Le film prend place au XIXe siècle et raconte l’histoire d’une femme muette envoyée en Nouvelle Zélande afin d’épouser un propriétaire local. Elle est alors débarquée sur la plage avec sa fille et un éléments indispensable à sa vie, son piano. Son futur mari vient la chercher sur la plage avec froideur mais laisse le piano sur place, ne comprenant pas la place importante qu’il tient pour Ada. Ce piano sera acheté par le voisin qui réussira alors à séduire Ada, rendant alors son mari jaloux.

Avec la Leçon de Piano, la réalisatrice nous offre un film d’un grand romantisme autant qu’un portrait de femme complexe. Assez beau et pessimiste avec sa plage désolée, sa boue qui imprègne les décors et la pluie battante, le film dégage petit à petit une véritable sensualité lorsqu’Ada se rapproche de son voisin qui découvre la beauté de la musique. Les deux amants apprenant l’un et l’autre à aimer, à s’épanouir. L’amour est ici à la fois sensuel et violent, menant au doute et à la vie. Alors que l’on pourrait penser à une issue tragique, la réalisatrice évoque plutôt le poids du passé qu’il faut laisser au fond de l’eau pour mieux revenir à la vie et la vivre pleinement.

Pour illustrer tous ces sentiments, Jane Campion maitrise sa mise en scène, plutôt académique mais bien appropriée au sujet, mettant en relief les sentiments de ses personnages mais faisant également du piano et du décor naturel des personnages à part entière, qui ont leur importance et leur caractère, dont il faut prendre soin. Tout cela l’amène à évoquer en filigrane ses thèmes favoris comme le désir féminin, le refus des carcans imposés, l’émancipation et le nouveau départ.

Il faut dire également qu’en plus de la sublime musique composée par Michael Nyman reflétant les sentiments d’Ada, la réalisatrice a à sa disposition des acteurs de grand talent. Et la première est évidemment Holly Hunter qui, dans ce rôle muet, fait transparaitre toute la fragilité et la force de son personnage avec son corps et son visage. Une prestation remarquable à côté de laquelle s’effacent Sam Neill et Harvey Keitel impeccables en soupirants de la dame. Et à côté d’eux, une petite révélation, celle d’Anna Paquin alors âgée de 12 ans dans un rôle plutôt irritant mais apportant un peu plus d’humanité à son personnage principal.

Présenté à Cannes, le film est plébiscité et remportera la Palme d’Or, faisant de la réalisatrice la seule femme (encore aujourd’hui), à avoir obtenu la prestigieuse récompense, lançant ainsi sa carrière. Mais Holly Hunter ne sera pas oubliée avec un prix d’interprétation pour sa bouleversante performance. Le film devient donc un succès et révèle au monde une réalisatrice de talent mais aussi plus largement la diversité et la beauté du cinéma néo-zélandais. Et le film poursuivra alors une belle carrière, remportant également un César du meilleur film étranger et les Oscars du meilleur scénario, meilleure actrice et meilleur second rôle féminin. Il fallait bien cela pour ce qui est sans doute l’une des plus belles et intemporelles romances du cinéma des années 90.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 27/05/2014 à 19:32 | #1

    Quel magnifique film ! Un chef d’oeuvre de poésie et de tragédie… Sublime ! 4/4