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Culte du dimanche : American Gangster de Ridley Scott

posté le 07/12/2014

SF, péplum, fantasy, road movie, drame, espionnage politique, guerre, thriller … Ridley Scott a abordé de nombreux genres mais il ne faudrait pas oublier dans cette liste le film de gangster dans la plus pure tradition hollywoodienne avec un duel de poids lourds : Russell Crowe face à Denzel Washington dans American Gangster.

Après la grande fresque épique qu’était Kingdom of Heaven, Ridley Scott s’était autorisé un petit film de vacances avec Une Grande Année qui lui permettait de retrouver sa star de Gladiator, Russell Crowe. Une star avec qui il allait remettre le couvert l’année suivante dans un genre bien différent. En effet, Ridley Scott a repris en main le projet de film sur l’histoire vraie de Frank Lucas, baron du trafic de drogue de Harlem dans les années 70. Le projet était déjà passé entre les mains d’Antoine Fuqua qui souhaitait y retrouver sa star de Training Day, Denzel Washington, il a finalement jeter l’éponge, le laissant alors à Terry George qui le laissera aussi de côté avant qu’il n’atterrisse sur le bureau de Ridley Scott qui reprend alors Denzel Washington dans le rôle du parrain black de la drogue dans ce qui sera maintenant American Gangster.

Pendant plus de 2h30, le film s’intéresse donc à l’ascension de Frank Lucas, depuis la mort de son mentor dont il va prendre discrètement la relève en faisant appel à sa famille pour l’épauler, jusqu’à son incarcération, en passant la le développement de sa petite entreprise. Mais il aura du film à retordre avec face à lui un inspecteur incorruptible et rentre dedans, Richie Roberts. Le jeu du chat et de la souris peut alors commencer dans les rues de Harlem, entre filatures et interrogatoires musclés.

Avec American Gangster, Ridley Scott nous replonge d’emblée dans le Harlem des 70, au travers des décors, des costume ou de la bande-son tous impeccablement travaillés. Comme d’habitude, il n’y a aucune fausse note sur le look du film qui nous met dans l’ambiance comme seul le réalisateur arrive à en créer. Et pourtant, il va garder une mise en scène plutôt sobre, entièrement au service de la fresque qu’il raconte à un rythme qui ne laisse pas de repos. Reposant sur le scénario particulièrement bien construit de Steven Zaillan (également scénariste de la Liste de Schindler ou Gangs of New-York), le film nous fait autant entrer dans les arcanes du trafic de drogues que dans les dilemmes personnels des deux protagonistes qui s’affrontent sans jamais se croiser.

Ménageant adroitement son suspense et rempli de détails sur l’époque, le marché de la drogue ou la vie des personnages, American Gangster est un film très complet qui n’est pas non plus sans rappeler les grandes figures du genre comme les Incorruptibles ou les Affranchis. En reprenant les meilleur du genre et en le mettant au service de son film, Ridley Scott rend American Gangster passionnant de bout en bout.

Il faut également mettre au crédit du réalisateur d’avoir réussit à mettre à l’écran un face à face de légende. D’un côté, Russell Crowe est impeccable en inspecteur bourru et droit, qui ira jusqu’au bout de sa mission, confirmant alors qu’il aime s’investir dans les films de son réalisateur avec cette troisième collaboration. En face, il y a Denzel Washington, qui n’avait alors encore jamais tourné avec avec le réalisateur mais était un habitué de son frère Tony Scott. L’acteur oscarisé pour Training Day compose alors un patron de la drogue magnétique et discret qui change radicalement des fous que l’on a habituellement dans ce genre de film. C’est ici à la fois plus réaliste et humain, nous permettant alors de s’identifier plus simplement à ce personnage qui, au fond, arrivera à sa rédemption dans les derniers instants du film.

American Gangster est donc l’un des nombreux exemples de la versatilité et de l’efficacité de Ridley Scott qui peut s’attaquer à tous les genres et en sortir un film exemplaire, qui fera parfaitement le boulot avec ce petit plus propre au réalisateur, ici  une parfaite reconstitution et un duel passionnant, ce qui nous donne alors l’un des meilleurs films de mafia des années 2000.

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