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Beaucoup de Bruit pour Rien de Joss Whedon, critique

posté le 27/01/2014

Le papa de Buffy adapte Shakespeare entre amis avec Beaucoup de Bruit pour Rien. Un exercice de style rafraichissant qui risque d’en dĂ©concerter certains alors que cela parait si naturel pour Joss Whedon.

Juste après Avengers, Joss Whedon avait bien besoin de quelques vacances. Mais au lieu de partir loin, il s’est lancĂ© un petit dĂ©fi, celui d’adapter la comĂ©die romantique Beaucoup de Bruit pour Rien de William Shakespeare en film tournĂ© en toute confidentialitĂ© chez lui en un peu plus d’une semaine, loin des conditions de la première adaptation de Kenneth Branagh dans les annĂ©es 90. Il appelle donc sa troupe de comĂ©diens habituels (que les fans connaissent bien après les avoir suivi dans les diffĂ©rentes sĂ©ries du rĂ©alisateur) avec qui il a l’habitude de faire des lectures et commence Ă  tourner avec les dialogues de la pièce et en noir et blanc dans un dĂ©cor contemporain.

Le rĂ©sultat en dĂ©concertera certains puisque, plus qu’un film entre amis, c’est un vĂ©ritable exercice de style dans lequel s’embarque Joss Whedon. En effet, l’auteur qu’il est doit laisser sa place au texte de Shakespeare. Pas question donc d’y laisser ses propres dialogues alors qu’ils sont pourtant sa marque de fabrique. Le rĂ©alisateur doit donc miser sur ses comĂ©diens, son dĂ©cor et surtout sur sa mise en scène pour donner de la personnalitĂ© Ă  son adaptation.

Beaucoup de Bruit pour Rien est alors assez surprenant, de par son cadre mais aussi la mise en situation des dialogues parfois très drĂ´les. L’ensemble est alors d’une belle fraĂ®cheur et d’une classe plaisante grâce au noir et blanc qui apporte Ă©galement une dimension dramatique supplĂ©mentaire lors des scènes qui le rĂ©clament tandis qu’elle ajoute un dĂ©calage bien vu lors des instants de pure comĂ©die. Évidemment, le fait de tourner dans un lieu fermĂ© laisse peu de place au texte pour respirer et le film manque un peu d’ampleur, d’autant plus que le rĂ©cit est difficile Ă  se mettre en place et peut souffrir parfois de quelques longueurs (des dĂ©fauts propres Ă  la pièce qui Ă©taient d’ailleurs dĂ©jĂ  prĂ©sents dans le film de Branagh).

Mais ces dĂ©fauts passent très bien car Joss Whedon s’attaque au texte avec toute l’humilitĂ© nĂ©cessaire et en comprend parfaitement l’esprit. Le rĂ©alisateur est ici parfaitement Ă  l’aise avec Shakespeare et on sent bien qu’il est naturel pour lui de s’y attaquer. Avec cette drĂ´lerie et ce drame, l’association des deux auteurs ne pouvait que fonctionner et d’autant plus quand on connait dĂ©jĂ  les comĂ©diens et la pièce. Il est alors plus facile de se prendre au jeu et la similaritĂ© entre l’Ă©criture de Whedon et Shakespeare saute au yeux comme une Ă©vidence. Mais ce le sera peut-ĂŞtre moins si on n’est pas habituĂ©s Ă  Shakespeare et Ă  l’esprit de Whedon.

En plus des choix intelligents de Joss Whedon dans sa mise en scène du texte dans un cadre Ă©triquĂ© mais intimement luxueux, il faut saluer les comĂ©diens et en particulier Amy Acker. L’actrice vue dans Angel, Dollhouse et la Cabane dans les Bois a enfin l’occasion de montrer toute l’Ă©tendue de son talent dans le premier rĂ´le de Beatrice, face un Alexis Denisof (Buffy, Angel) un peu plus cabotin dans son jeu. Mais on peut aussi compter sur la justesse des autres comĂ©diens (parmi lesquels Fran Kranz de Dollhouse qui sort de son rĂ´le de geek, Clark Gregg de Agents of Shield, Sean Maher de Firefly) et en particulier la drĂ´lerie du duo Nathan Fillion et Tom Lenk.

Évidemment, Joss Whedon n’a pas la prĂ©tention de faire de son film en chef d’œuvre mais il rĂ©alise une adaptation honnĂŞte, pĂ©tillante, intelligente et très agrĂ©able Ă  regarder de Shakespeare et c’est tout ce que l’on demandait d’un film fait entre amis.

publié dans :Cinéma Coup de Coeur Critiques ciné

  1. 01/02/2014 Ă  12:22 | #1

    « pĂ©tillante ?! Ben c’est justement ce qui lui manque pour ma part, en bref trop guindĂ©e, il manque un peu de folie et de rĂ©elle fantaisie… 1/4