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Codeflesh, critique

posté le 02/04/2013

Joe Casey et Charlie Adlard rĂ©cidivent dans le polar avec l’Ă©nigmatique et violent Codeflesh.

Après avoir collaborĂ© ensemble sur sur Corps de Pierre, le touche-Ă -tout plutĂ´t talentueux Joe Casey (passĂ© du super-hĂ©ros au rĂ©cit plus personnel, de Marvel Ă  DC en passant par Image) et Charlie Adlard (qui retrouve une occasion d’Ă©chapper un peu Ă  Walking Dead), se retrouvent pour un nouveau polar intitulĂ© Codeflesh. Derrière ce nom mystĂ©rieux se cache un nouveau justicier au masque blanc avec un simple code barre (pas si Ă©loignĂ© que ça du Rorschach de Watchmen finalement) qui s’est donnĂ© pour vocation de traquer les criminels qui ne se prĂ©sentent jamais aux convocations en justice. Et lorsqu’il ne porte pas le masque, Cameron Daltrey est un simple agent de probation blasĂ© par ce système judiciaire. Cette double vie est donc pour lui difficile Ă  gĂ©rer, d’autant plus quand les criminels et son ex-copine le font douter sur ses motivations.

Dans la lignĂ©e de ce que peut proposer Ed Brubaker dans Criminal, Joe Casey nous propose donc un pur polar posant une vĂ©ritable question sur la justice et la culpabilitĂ© avec des personnages plus complexes qu’on ne pouvait s’y attendre malgrĂ© leur aspect bourrin. Ainsi Cameron dĂ©veloppe une vĂ©ritable addiction pour la violence et l’adrĂ©naline que lui procure cette seconde vie. Il devient alors de plus en plus inhumain et seuls deux personnes dans le monde normal tentent de le raisonner sans vraiment y parvenir. Figure assez pathĂ©tique du justicier, nous comprenons ses motivations mais surtout les doutes qui arrivent quand les criminels commencent Ă  se rĂ©vĂ©ler plus humains que lui.

L’auteur Ă©vite en effet tout le manichĂ©isme habituel du rĂ©cit de super-hĂ©ros (malgrĂ© le masque et les vilains aux super-pouvoirs) en nous prĂ©sentant des criminels qui acceptent leurs erreurs et finissent par les assumer, heureux de leur vie de criminel. Il permettent alors Ă  notre anti-hĂ©ros de se voir tel qu’il est. Ainsi, un criminel mourant dans ses bras suite Ă  un cancer a un vĂ©ritable effet sur lui et le remet en question. Le rĂ©cit devient alors le portrait parfois touchant d’un homme Ă  la dĂ©rive.

Toutefois, l’articulation de la narration peut parfois perturber. En effet, les diffĂ©rents chapitres qui composent Codeflesh font tous environ 12 pages, soit la moitiĂ© des comics standard. Du coup, on ressent parfois un manque dans les histoires que l’on aurait voulu plus longues pour dĂ©velopper davantage les personnages annexes Ă  Cameron. Un format trop court crĂ©er une ambiance et nous immerger complètement dans les enquĂŞtes et qui donnent parfois Ă  Codeflesh un cĂ´tĂ© plus anecdotique qu’il ne l’est en rĂ©alitĂ© et c’est bien dommage.

C’est d’autant plus dommage qu’il est agrĂ©able de voir le dessinateur Charlie Adlard faire enfin autre chose que sur Walking Dead.  Ses dessins plutĂ´t bruts de dĂ©coffrages encrĂ©s donnent une toute autre dimension Ă  son trait qui se rapproche du Sean Phillips de Criminal ou Incognito mais de manière plus dynamique pour vraiment faire porter les raclĂ©es que donne Codeflesh Ă  ses ennemis qu’il doit ramener dans le droit chemin.

Si Codeflesh est intĂ©ressant Ă  suivre, en particulier pour le parcours chaotique de son hĂ©ros masquĂ©, ce n’est toutefois pas un polar qui marquera le genre puisque passant après la rĂ©fĂ©rence qu’est le duo Brubaker/Phillips.

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