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World War Z, critique

posté le 25/06/2013

Nouvelle invasion zombie en vue dans les salles de cinĂ©ma avec World War Z et c’est bien la catastrophe annoncĂ©e !

A l’origine de la contamination des salles, il y a le best-seller de Max Brooks, World War Z, compilation de tĂ©moignages rĂ©coltĂ©s autour du monde et racontant comment les zombies sont arrivĂ©s et toute la guerre qui a suivit pour lutter contre ce flĂ©au. Les droits du livre achetĂ©s par Brad Pitt, l’adaptation est rapidement mise en chantier mais le concept de base est rapidement mis de cĂŽtĂ©. Le cinĂ©ma est un support bien diffĂ©rent du livre et il Ă©tait en effet, impossible d’adapter l’ouvrage tel qu’il Ă©tait. Dans le film de Marc Forster, nous allons donc suivre Brad Pitt et sa famille pris dans une invasion de morts-vivants. Et Ă©tant un ancien enquĂȘteur de l’ONU, il va alors faire le tour du monde pour trouver un moyen de contrer cette pandĂ©mie mortelle.

Devant jongler entre quelques rĂ©fĂ©rences au livre et la nĂ©cessitĂ© d’ĂȘtre un blockbuster grand public avec Brad Pitt en bon pĂšre de famille, le rĂ©alisateur et les scĂ©naristes ont eu un mal fou Ă  accoucher d’un film qui tienne la route. Et quand on sait qu’il y a eu tant de problĂšmes de productions et d’Ă©criture que le film est entrĂ© en bonne place dans la liste des grands tournages maudits, on peut ĂȘtre en proie au doute concernant le bien fondĂ© de l’entreprise. Et sans surprise, le rĂ©sultat est sacrĂ©ment bancal, voir pire.

Le film dĂ©bute par une invasion de zombies en pleine ville alors que la famille Pitt est prise dans les embouteillages. RĂ©alisĂ©e avec un certaine efficacitĂ© et arrivant Ă  faire transparaitre un brin de chaos, l’ambiance commence Ă  prendre mais on dĂ©chante trĂšs vite aprĂšs tant le film ne semble jamais savoir oĂč il va. Entre l’installation d’un second degrĂ© sans intĂ©rĂȘt dans certaines sĂ©quences et la tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e de faire naitre le frisson dans d’autre, le film ne trouve pas sa personnalitĂ© et Ă©choue donc Ă  nous embarquer dans son voyage autour du monde.
Il faut dire Ă©galement que les personnages ne vont pas spĂ©cialement nous aider Ă  s’inquiĂ©ter pour eux tellement ils enchaĂźnent les bourdes d’une connerie monumentale, n’hĂ©sitant pas Ă  faire du bruit en permanence, sachant pertinemment que ce bruit Ă©nerve les zombies. Pire que ça, les personnages secondaires vont et viennent dans le rĂ©cit Ă  loisir sans qu’il n’y ait le moindre intĂ©rĂȘt, les scĂ©naristes prenant la peine de les introduire avec un background pour les faire disparaitre aussitĂŽt dans des scĂšnes assez ridicules dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale. MĂȘme Brad Pitt semble Ă  la ramasse et assez embarrassĂ©, autant par la famille qu’il doit gĂ©rer dans le film que par l’Ă©volution de son personnage … et du film en lui-mĂȘme (comment ĂȘtre crĂ©dible dans le plan vendeur de Pepsi final ?!)

L’un des intĂ©rĂȘts de World War Z est tout de mĂȘme de voir comment l’invasion zombie est vĂ©cue Ă  la fois par les populations mais aussi sous un angle purement militaire et politique, jamais Ă©voquĂ© habituellement au milieu des groupes de survivants dans les films du genre. HĂ©las, cette possibilitĂ© sera rĂ©duite au strict minimum. La portĂ©e politique est largement diminuĂ©e (mĂȘme la sĂ©quence de JĂ©rusalem qui aurait pu ĂȘtre beaucoup plus Ă©vocatrice des conflits contemporains est rĂ©duite Ă  un triste spectacle de zombies se grimpant dessus) et jamais il ne sera fait mention de la sauvagerie de l’humanitĂ© (pourtant un discours aux racines du genre). Il ne faut donc pas avoir l’idĂ©e de voir un film de zombie puisqu’il n’y a mĂȘme pas l’ombre d’une goutte de sang ou d’un frisson. Il s’agit seulement d’un action movie  interchangeable et prĂ©visible jusque dans son dernier tiers d’un ridicule assez limite, rempli de CGI informes, avec quelques rares sĂ©quences efficaces comme cette attaque Ă  bord d’un avion. Pour retranscrire un vĂ©ritable chaos, on prĂ©fĂ©rera se tourner vers 28 Semaines plus tard.

World War Z est donc bien la catastrophe annoncĂ©e, ne sachant jamais oĂč il va tout en Ă©tant prĂ©visible et incroyablement bĂȘte, le film d’invasion zombie laisse place Ă  un blockbuster informe qui confirme malheureusement la tendance qu’a pris Hollywood Ă  recycler de maniĂšre irrespectueuse les figures underground du cinĂ©ma d’horreur pour le grand public.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. Audic
    10/07/2013 Ă  20:45 | #1

    C’est dur dur comme critique, les effets spĂ©ciaux sont quand mĂȘme rĂ©ussi … 🙁

  2. 05/11/2013 Ă  18:38 | #2

    J’avais apprĂ©ciĂ© le livre dans une moindre mesure, celui-ci apportant rĂ©ellement quelque chose Ă  mon goĂ»t sur l’utilisation du zombie et sa critique de la sociĂ©tĂ© d’aujourd’hui. Cependant, certaines histoires m’avaient profondĂ©ment ennuyĂ©. Il n’empĂȘche qu’avec de l’ambition et de l’imagination, cela aurait pu ĂȘtre adaptĂ© de façon majeure (plusieurs films pour relater diffĂ©rents pans de l’histoire en fonction du lieu gĂ©ographique ou que sais-je).

    Je comprends la volontĂ© de crĂ©er un lien en utilisant Brad Pitt en figure principale mais pour juste enchainer les scĂšnes d’action ? Justement, la scĂšne d’avion Ă©tait gratuite et de trop. Mais d’un cĂŽtĂ©, ce n’Ă©tait que surenchĂšre quasiment d’un bout Ă  l’autre pendant les 2/3. Fatigant. Le dernier acte (clairement fait aprĂšs) apporte presque une certaine fraicheur juste pour cela – bien qu’il soit totalement incohĂ©rent avec le reste de l’oeuvre Ă  tous les niveaux.

    J’ai trouvĂ© l’ensemble plutĂŽt moyen, mais je n’irais pas Ă  dire que c’est la catastrophe annoncĂ©. J’admire Ă  un certain niveau la rĂ©sistance qu’il y a eu pour donner jour au film, ou du moins, tenter d’en sortir quelque chose malgrĂ© le fait que la production fut plus ou moins une catastrophe. Y a surement un parallĂšle a faire entre l’histoire et ce qui s’est passĂ© en coulisses pour la mĂ©taphore.

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