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Un weekend au Festival de Deauville

posté le 03/09/2013

Je vous avais parlĂ© de la programmation assez allĂ©chante et remplie de stars du Festival du Film AmĂ©ricain de Deauville. Et bien j’ai eu la chance de participer au weekend d’inauguration de cette prometteuse 39e Ă©dition au cours de laquelle, on a pu apercevoir Michael Douglas, Steven Soderbergh, Cate Blanchett, Forrest Whitaker mais surtout voir une dizaine de films plus ou moins marquant. RĂ©cit de ces 3 jours sur les planches.

Après le retrait de l’accrĂ©ditation, sĂ©same pour voir sans contrainte le maximum de films pendant le festival qui a dĂ©butĂ© le 30 aoĂ»t et qui se clĂ´turera ce 8 septembre, et l’obtention d’une invitation pour dĂ©couvrir le très attendu Ma Vie Avec Liberace de Steven Soderbergh qui ouvre le festival (après son passage Ă  Cannes et sur HBO), nous voilĂ  dans la grande salle du CID. C’est parti pour une cĂ©rĂ©monie qui, après quelques discours cĂ©rĂ©monieux, prend une dimension plus intimiste lorsque le prĂ©sident du jury Vincent Lindon vient dĂ©clarer humblement son amour au cinĂ©ma amĂ©ricain et prĂ©senter personnellement chacun des membres de son jury. Un discours rempli d’Ă©motion qui sera suivi de près par la prĂ©sentation de Ma Vie avec Liberace par Soderbergh et surtout un Michael Douglas rayonnant. Le film sera quand Ă  lui l’Ă©tincelle idĂ©ale pour ouvrir le festival et si Soderbergh ne brille pas par sa mise en scène, il arrive Ă  nous faire entrer dans cet univers super queer portĂ© par deux acteurs brillants, lumineux, intenses (on y reviendra dans une critique complète très bientĂ´t).

On attaque ensuite la seconde journĂ©e sous la couleur bleue avec le nouveau Woody Allen en projection presse. Blue Jasmine est donc sa nouvelle cuvĂ©e, cette fois Ă  tendance plus dramatique et pessimiste. Si le rĂ©alisateur reste toujours aussi planplan dans sa manière de raconter une histoire, il donne ici surtout Ă  Cate Blanchett, impĂ©riale, de montrer encore une fois l’Ă©tendue de son talent et de son charisme avec un rĂ´le de bourgeoise qui tombe de haut et fini aux limites de la folie. Rien que pour elle, le film vaut le coup d’œil (on en reparlera dans une prochaine critique).

Puis arrivent les premier films en compĂ©tition. Si le premier, Blue Caprice, traitant sous un angle peu attendu des attentats du tueur de Washington. Si le film est intĂ©ressant, il donne tout de mĂŞme rĂ©gulièrement l’impression de se perdre en son discours sur l’Ă©tablissement d’une relation père-fils, celui d’une AmĂ©rique dĂ©favorisĂ©e en perte de repère, la quĂŞte de vengeance et l’utilisation des armes. Le second film, A Single Shot, portĂ© par un bon casting, n’en sera pas Ă  la hauteur. Ce polar forestier oĂą plusieurs personnages recherchent une somme d’argent et sèment quelques cadavres se rĂ©vèle finalement très convenu mais c’est surtout la musique omniprĂ©sente et irritante qui va le desservir. MalgrĂ© toute sa bonne volontĂ©, Sam Rockwell n’arrivera jamais Ă  nous emporter.

Et le dernier film de la journĂ©e ne sera pas fait pour nous rassurer puisqu’il s’agit du carton US du moment, Le Majordome du prĂ©tentieux Lee Daniels. Ici il s’intĂ©resse Ă  30 ans de l’histoire des USA vus Ă  travers le destin du majordome de la Maison Blanche qui servira 7 prĂ©sidents. Entre Forrest Gump (pour la chronique de plusieurs dĂ©cennies de l’histoire amĂ©ricaine) et la Couleur des Sentiments (pour sa revendication anti-sĂ©grĂ©gation mais aussi pour son cĂ´tĂ© idiot), le film verse dès les premières images dans le pathos que l’on dĂ©teste dans les biopics et se rĂ©vèle ensuite, malgrĂ© son ambition, très maladroit dans son propos et sa vision de l’histoire en passant sans arrĂŞt Ă  cĂ´tĂ© de l’essentiel (sans oublier de montrer un prĂ©sident aux toilettes et de comparer les ghettos aux camps de concentrations). Le film crie « oscars », nous on crie au dĂ©sespoir devant l’accueil aussi chaleureux qui lui a Ă©tĂ© rĂ©servĂ©. Heureusement que l’on a fini la journĂ©e en redĂ©couvrant le cultissime Pulp Fiction sur grand Ă©cran.

Le dimanche se montrera plus explosif avec, pour commencer, la projection presse de White House Down. Roland Emmerich attaque encore la maison blanche avec Channing Tatum en ersatz de John McClane pour sauver le prĂ©sident des USA, Jamie Foxx. Et le divertissement est au rendez-vous avec tous les clichĂ©s du genres avec lesquels s’amuse le rĂ©alisateur. Tout est prĂ©visible, certains effets visuels assez moches mais cela n’empĂŞche pas le film d’ĂŞtre un actioner rĂ©gressif assez plaisant pour en faire un plaisir coupable.

Suivent ensuite 2 autres film en compĂ©tition. RepĂ©rĂ© en sĂ©lection parallèle Ă  Cannes, Blue Ruin est encore un polar forestier, Ă  base de vengeance. HĂ©las, le rĂ©alisateur prend du temps Ă  chercher un ton sans jamais y arriver, entre la comĂ©die (son hĂ©ros est assez bĂŞte) et le pur polar noir. Dommage. ShĂ©rif Jackson, portĂ© par un Ed Harris en roue libre totale, sera quand Ă  lui un western tout Ă  fait regardable en vidĂ©o, en particulier grâce au personnage prostituĂ©e incarnĂ©e par la fade January Jones qui va chercher vengeance (dĂ©cidĂ©ment l’un des thèmes du festival avec la forĂŞt) et se montrer impitoyable face Ă  un prĂŞtre mormon.

Et on finira donc avec le nouveau film de Quentin Dupieux, Wrong Cops, Ă©tendant ici son prĂ©cĂ©dent court-mĂ©trage Ă  un film entier pour raconter une tranche de vie d’un lot de flics complètements abrutis, dĂ©goutants et crapuleux. Si c’est toujours aussi absurde, le rĂ©alisateur est toutefois moins inspirĂ© que sur Rubber et Wrong oĂą il avait plus de choses Ă  dire.

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