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Stoker, critique

posté le 25/04/2013

Park Chan-Wook dĂ©barque aux USA avec un drame familial aussi dĂ©routant qu’intriguant intitulĂ© Stoker. Une arrivĂ©e rĂ©ussie chez l’Oncle Sam.

Après Kim Jee-Woon et son Dernier Rempart, Park Chan-Wook est le second rĂ©alisateur corĂ©en Ă  tenter sa chance aux États-Unis. Mais loin de prendre un blockbuster calibrĂ© pour une star sur le retour, le rĂ©alisateur de Old Boy s’embarque dans le drame psychologique et horrifique avec un scĂ©nario sur lequel a travaillĂ© entre autre Wentworth Miller. Une rencontre inattendue et qui, Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale s’avère fructueuse. Car Ă©chappĂ© de Prison Break, l’acteur montre qu’il peut Ă©crire de quelque chose d’intĂ©ressant, Ă  la psychologie poussĂ©e et qui, mis entre les bonnes mains du corĂ©en, va devenir un objet assez inclassable mais particulièrement intense et envoutant.

En effet, le rĂ©alisateur nous embarque d’emblĂ©e dans une atmosphère Ă©trange, Ă  la limite entre le conte de fĂ©e et le film d’horreur (en soi, c’est plutĂ´t bien vu et naturel Ă©tant donnĂ© le degrĂ© d’horreur qui a toujours Ă©tĂ© prĂ©sent dans les contes). Nous faisons donc la connaissance d’une jeune fille qui vient de perdre son père et obligĂ©e de rester avec sa mère qui tombe alors sous le charme d’un oncle qui revient d’un long voyage pour l’occasion. Mais l’oncle sĂ©ducteur a un autre dĂ©sir plus secret, plus noir que nous allons dĂ©couvrir petit Ă  petit.

Devant le sujet du film et sa manière de le mettre en scène, le passage du Pacifique n’a pas amoindri le talent de Park Chan-Wook. Avec Stoker le rĂ©alisateur trouve une manière d’aborder des thèmes qui lui sont dĂ©jĂ  familiers et avec un ton qui lui est bien propre. Que ce soit du cĂ´tĂ© de sa rĂ©alisation parfois Ă©thĂ©rĂ©e de manière malsaine et toujours d’une grande prĂ©cision ou bien dans son rapport Ă  l’inceste ou Ă  la violence, il se dĂ©gage du film une atmosphère aussi repoussante qu’enivrante qui fait que l’on ne dĂ©croche pas un instant comme hypnotisĂ© par le film et ce, mĂŞme avec un grand creux dans la première partie du rĂ©cit qui prend (trop) le temps de se mettre en place. Le rĂ©alisateur parvient donc mĂŞme Ă  compenser la faiblesse du rĂ©cit par sa patte fascinante.

D’un autre cĂ´tĂ©, le rĂ©alisateur s’est vu offrir un casting Ă©tonnant, aussi intĂ©ressant que bancal sur le papier. Le choix le plus Ă©trange est celui de Mia Wasikowska. L’Alice de Tim Burton, actrice fade au possible rĂ©vèle enfin un semblant de personnalitĂ© dans le rĂ´le de cette ado sĂ©duite et en mĂŞme temps dĂ©goutĂ©e par son oncle. Face Ă  elle, Nicole Kidman retrouve Ă  nouveau un rĂ´le de mère prĂŞte Ă  tout, limite nymphomane dont les excès de chirurgie maintenant flagrants (plus rien ne bouge sur son visage de porcelaine). Mais celui qui va surprendre, c’est certainement Matthew Goode. Celui qui se rĂ©vĂ©lait un Watchmen de pacotille joue ici de son physique sĂ©ducteur pour camper un personnage Ă©trange, torturĂ© et sur de lui. Il se noue entre ces trois personnages Ă  la fois une dynamique familial Ă©trange et obsĂ©dante et un triangle amoureux machiavĂ©lique oĂą chacun cherche Ă  attirer l’attention et cache un secret.

Pur produit de mise en scène pour rĂ©vĂ©ler tout l’aspect malsain d’une famille dysfonctionnelle, Park Chan-Wook convoque les influences des grands maitres du thriller et du drame psychologique (qui a dit Hitchcock ? ) et pour faire son effet pour dĂ©ranger le spectateur tout en le gardant prisonnier et attentif dans la toile qu’il a mĂ©ticuleusement tissĂ©. Hypnotisant.

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