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Snowpiercer – le Transperceneige, critique

posté le 04/10/2013

Projet international un peu fou devenu l’un des films de SF les plus marquants de ces dernières annĂ©es, Snowpiercer est sans conteste l’un des grands rendez-vous cinĂ©ma de cette fin d’annĂ©e. Immanquable.

Un rĂ©alisateur corĂ©en (et pas des moindres puisque Bong Joon-ho est l’auteur de Memories of Murder et the Host), une bande-dessinĂ©e française datant de 30 ans (Le Transperceneige Jean-Marc Rochette et Jacques Lob), un tournage en Europe de l’Est et un casting en grande partie anglo-saxon menĂ© par Chris Evans et Tilda Swinton … voilĂ  un projet d’envergure internationale un peu fou, Ă  l’image de son sujet finalement. Car Snowpiercer raconte comment les derniers reprĂ©sentants de la race humaine survivent Ă  bord d’un train qui traverse la Terre glacĂ©e depuis 17 ans.

Cette adaptation du Transperceneige ne reprend que le contexte et l’esprit de la bande dessinĂ©e pour tracer sa propre voie dans la rĂ©volte des passagers pauvres bousculĂ©s au bout du train et qui vont tenter d’en prendre le contrĂ´le. Il en rĂ©sulte une Ĺ“uvre de SF prenante, rageuse, noire, profondĂ©ment pessimiste et imprĂ©visible qui devrait marquer les esprits et prĂŞter Ă  la rĂ©flexion.

Car Snowpiercer, comme de nombreuses Ĺ“uvres de SF depuis les dĂ©buts du genre, traite tout d’abord de la lutte des classes. Un thème classique, certes, mais qui prend ici une dimension d’une consistance assez rare. Les pauvres entassĂ©s Ă  l’arrière du train, les riches bĂ©nĂ©ficiant de luxueux wagons avec de nombreux services Ă  disposition Ă  l’avant (du coiffeur au tailleur en passant par le sauna ou la boĂ®te de nuit). ForcĂ©ment, quand les pauvres veulent avancer (littĂ©ralement et mĂ©taphoriquement), cela va faire des Ă©tincelles et la lutte sera sans merci.

A ce thème ce joint celui de la dictature (qui peut mĂŞme parfois virer Ă  la secte) et de l’ordre, posant la question de la place de chacun et surtout ce que l’humanitĂ© est capable de faire, d’endurer pour survire, sans oublier les sacrifices physiques et moraux Ă  faire pour permettre Ă  ce qu’il reste de notre espèce de tenter de perdurer dans un espace confinĂ©. La rĂ©flexion est ambiguĂ«, mais passionnante (d’autant plus quand on connait la situation actuelle de la CorĂ©e) et sans y rĂ©pondre de plein fouet, le rĂ©alisateur prĂ©fère nous laisser y rĂ©flĂ©chir pendant un bon moment après la sortie de la salle mais adopte un ton et un constat bien pessimiste sur notre nature et l’espoir n’est (presque) pas permis.

Pour appuyer sa vision, le rĂ©alisateur corĂ©en fait preuve d’une maitrise immense. D’un cĂ´tĂ© il utilise Ă  la perfection son espace confinĂ© et nous offre une mise en scène variĂ©e. Chaque wagon a sa propre identitĂ© et le rĂ©alisateur s’y adapte Ă  chaque fois en multipliant les styles : une bataille Ă©pique, espace plus didactique et ludique pour rĂ©pondre Ă  certaines questions, un Ă©change de coups de feu entre plusieurs wagons, jusqu’Ă  la plongĂ©e au cĹ“ur de la machine. Bong Joon-ho se montre Ă  chaque fois imprĂ©visible et n’hĂ©site pas Ă  jouer sur les ruptures de ton (du purement dramatique on peut passer au grand guignol purement corĂ©en, Ă  une bagarre dramatique ou Ă  une rĂ©flexion sur l’humanitĂ©) pour ne jamais nous lasser et surtout faire monter la tension de sa rĂ©volution.

En plus de sa maĂ®trise, le rĂ©alisateur peut aussi s’appuyer sur un casting particulièrement investi. De Chris Evans qui campe ici l’antithèse de son Captain America (ce sera une rĂ©vĂ©lation pour ceux qui ne l’ont pas vu dans London ou Puncture) au magnĂ©tique et mystĂ©rieux camĂ© Song Kang-ho en passant par le mentor John Hurt, l’acolyte de toujours Jamie Bell ou la grimaçante Tilda Swinton au service du dictateur Wilford. Chaque rĂ´le est suffisamment travaillĂ© pour s’y intĂ©resser, avec son moment de gloire. Mais Ă©vitez de trop vous y attacher car n’importe qui pourrait ĂŞtre sacrifiĂ© dans cette insurrection pour la survie de l’humanitĂ©, allant toujours plus loin dans cette illusion de l’espoir.

Si certains pourront peut-ĂŞtre dĂ©plorer quelques scènes de dialogues et d’explications de trop dans la dernière partie, il n’en reste pas moins que Snowpiercer est autant un film d’action diablement efficace qu’un film d’anticipation glacial et d’une noirceur rare, une vĂ©ritable claque qui nous laisse sous tension pendant deux heures avant de nous faire rĂ©flĂ©chir sur notre condition. Avec ça, on est bien proche du chef d’œuvre !

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. revolte
    04/10/2013 Ă  18:24 | #1

    Proche du chef d’oeuvre ? pas du tout un chef d’oeuvre, tout le monde attends ce film, partout de par le monde on hurle au gĂ©nie, un des meilleurs films de ces trente dernières annĂ©es !! UNE CLAQUE