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Passion, critique

posté le 21/02/2013

Retour aux sources pour Brian De Palma. Femmes, voyeurisme, perversion et surtout Passion au programme.

Alors que son Redacted Ă©tait passĂ© plutĂŽt inaperçu en salles, Brian De Palma est aujourd’hui de retour avec sa rĂ©appropriation du Crime d’Amour d’Alain Corneau. RĂ©appropriation car tel qu’on connait le rĂ©alisateur, il ne va pas se contenter d’un simple remake en langue anglaise, au contraire, il va apporter ici tout ce qui faisait son cinĂ©ma et ses inspirations des 70’s pour nous offrir un thriller sensuel et lĂ©gĂšrement pervers.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, nous faisons ici la connaissance d’Isabelle, fascinĂ©e par sa patronne Christine. Celle-ci va alors profiter de son ascendant pour la manipuler et trĂšs vite ce petit jeu vire Ă  la sĂ©duction maladive, Ă  la domination de l’une et l’humiliation de l’autre avant que certaines pulsions ne prennent le dessus.

Conscient des racines françaises de son histoire, De Palma ne va pas chercher Ă  l’americaniser et cela va nous dĂ©router dans la premiĂšre partie du film qui possĂšde un aspect trĂšs europĂ©en, de par sa maniĂšre de filmer mais aussi par le cadre allemand oĂč se dĂ©roule l’histoire ou mĂȘme part les origines suĂ©doises de Noomi Rapace. Ajoutez alors la composition de Pino Donaggio et vous obtenez une ambiance bien particuliĂšre, proche des dĂ©buts du rĂ©alisateur mais aussi proche des giallos italiens (ici placĂ© dans un dĂ©cor germanique froid) que du pur Hitchcock habituel. A l’image de ces derniers, cela peut parfois friser le ridicule mais c’est une limite que le rĂ©alisateur ne franchit jamais pour installer une tension qui gagne du terrain Ă  chaque scĂšne commune aux deux actrices, Ă  chaque jeu de regard.

Et aprĂšs une premiĂšre partie qui peut parfois peiner Ă  s’installer dans cette ambiance, le film dĂ©colle et De Palma s’exprime pleinement avec les outils qu’il adore pour installer le trouble en permanence et ouvrir les multiples tiroirs renfermant les rĂ©ponses de son intrigue. Un split-screen qui sĂšme le doute et montre le rĂ©veil de la passion mortelle, des visions subjectives qui transforment le film en rĂȘve (ou plutĂŽt en cauchemar pour son hĂ©roĂŻne) pour mieux nous dĂ©router, des cadres qui s’orientent de plus en plus en diagonale avec des jeux d’ombre travaillĂ©s pour mieux porter les regards des actrices, … Toute la grammaire du cinĂ©ma de De Palma est ici poussĂ©e dans un flot de rĂ©vĂ©lations et de tension qui ne fait que s’amplifier de maniĂšre diabolique jusqu’au sommet de sa conclusion.

Bien sĂ»r, dans ce retour, tout n’est pas parfait et si l’intrigue que s’est offert le rĂ©alisateur lui va comme un gant, c’est moins le cas de Noomi Rapace. En effet, face Ă  blonde Rachel McAdams et Ă  la rousse Karoline Herfurth, la brune suĂ©doise dĂ©gage moins de sensualitĂ© et est du coup moins crĂ©dible dans le rĂŽle de la femme dĂ©sirĂ©e, n’emportant pas alors le film vers le degrĂ© de charme recherchĂ©. Elle Ă©volue par contre Ă  l’aise de la femme fragile (et qui en joue) Ă  celle qui trouve la force de se venger et cela participe alors trĂšs bien Ă  l’histoire.

Jeu de masques, de regards et d’ombres manipulatrices, cette Passion de De Palma est donc un vĂ©ritable retour Ă  son cinĂ©ma adorĂ© des 70’s. Si l’on aurait bien voulu plus de sensualitĂ©, tout le reste est bien en place pour un bon thriller voyeur.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 21/02/2013 Ă  13:08 | #1

    Le « nous », c’est pour toutes les personnes dans ta tĂȘte ? 🙂

  2. FredP
    21/02/2013 Ă  13:10 | #2

    me myself and i 😉

  3. 21/02/2013 Ă  13:16 | #3

    Comme toi je trouve que Noomi Rapace en objet de fantasme ça ne fonctionne pas. Vraiment pas convaincu, il aurait dĂ» enfoncer la porte du second degrĂ© Ă  fond, comme pour « Body Double », et lĂ  ça marchait peut-ĂȘtre.

  4. 21/02/2013 Ă  20:51 | #4

    Mouais, pour ma part ça reste un De Palma mineur. Mise en scĂšne peu inspirĂ©e (split-screen mal employĂ© je trouve) et absence totale de sensualitĂ© vĂ©nĂ©neuse… 1/4

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