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Michael Kohlhaas, critique

posté le 05/08/2013

Après sa prĂ©sentation cannoise, c’est en contre-programmation estival que nous pouvons donc dĂ©couvrir Michael Kohlhaas, Ă©popĂ©e mĂ©diĂ©vale intimiste emportĂ©e par le magnĂ©tique Mads Mikkelsen.

PrĂ©senter cette annĂ©e Michael Kohlhaas en compĂ©tition officielle au Festival de Cannes n’Ă©tait peut-ĂŞtre pas la meilleure idĂ©e mĂŞme si cela participer Ă  la mĂ©diatisation d’un film que personne n’attendait lĂ . Pourquoi cela lui aurait fait du mal ? Car avec son rythme lent et en fin  de festival, le film allait peut-ĂŞtre tirer sur la dernière corde de survie des journalistes gavĂ©s de films et se remettant encore de leurs soirĂ©es arrosĂ©e. Voir le film hors de ce contexte, comme tout le monde en fait, se rĂ©vĂ©lera donc bien plus salvateur pour apprĂ©cier le film d’Arnaud Des Pallières.

Adaptant une nouvelle allemande de Heinrich Von Kleist, Michael Kohlhaas raconte comme un marchand de chevaux, victime de l’injustice d’un seigneur et de l’incomprĂ©hension de la cour va mener une rĂ©volution dans sa province, embringuant avec lui d’autres marchands et paysans pour rĂ©clamer ce qui lui est dĂ». Sorte de Braveheart en bien plus intimiste et Ă  plus petite Ă©chelle, l’histoire se rĂ©vèle dĂ©jĂ  vue mais racontĂ©e ici avec une mise en scène qui prend son temps, qui laisse parler l’image et les visages de ses personnages plutĂ´t que les textes.

Si on connait peu Arnaud Des Pallières dont la filmographie n’est pas très grand public, il montre ici une vĂ©ritable identitĂ© et s’inscrit dans un genre de film que nous ne voyons finalement plus/peu en France, un drame intimiste dans un contexte mĂ©diĂ©val qui n’est toutefois jamais dĂ©connectĂ© des prĂ©occupation qui nous occupent aujourd’hui. N’allant jamais chercher le film Ă©pique qu’il pourrait ĂŞtre, Michael Kohlhaas dĂ©veloppe une toute autre personnalitĂ© qui n’en est pas moins intĂ©ressante, celle d’un homme dĂ©sespĂ©rĂ©, qui veut rĂ©clamer justice Ă  tout prix et rĂ©cupĂ©rer ce qui lui est dĂ» par les puissants.

Avec un style brut, sans envolĂ©es lyrique, avec quelques longueurs, le rĂ©alisateur reste au plus près de son personnage dont le visage souvent en gros plan, marquĂ© par les Ă©preuves personnelles qu’il endure et les doutes qui l’assaillent (cherchant Ă  se faire pardonner par la religion qui ne lui accorde pas ce droit dans un superbe duel avec Denis Lavant). Mais il n’oublie pas pour autant de nous immerger complètement dans la culture et le contexte difficile de l’Ă©poque, et ce sans en montrer beaucoup. Il suffit d’un simple dĂ©cor au milieu de la nature (le rĂ©alisateur sait profiter des paysages qui lui sont offerts), d’une musique simple mais parfaite pour ĂŞtre immergĂ© dans l’histoire, de quelques cavaliers brandissant une Ă©pĂ©e autour d’un feu de camp pour y croire et en ce sens, Arnaud Des Pallières utilise Ă  bon escient son budget qui ne devait pas ĂŞtre phĂ©nomĂ©nal mais suffisant pour raconter son histoire plus contemporaine qu’il n’y parait.

Mais Ă©videmment, le film ne serait pas ce qu’il est sans la performance une fois de plus remarquable de Mads Mikkelsen. L’acteur danois jouant ici en français endosse le costume de ce marchand et brandit l’Ă©pĂ©e avec un magnĂ©tisme qui n’appartient qu’Ă  lui. Par instants magnifiĂ© comme dans son rĂ´le de Guerrier Silencieux, nous nous attendons bien Ă  ce que sa rage dĂ©borde d’un seul coup mais celle-ci restera contenue. TiraillĂ© entre sa famille et son combat, on sent que son personnage ira jusqu’au bout pour avoir justice.

Il faudra Ă©videmment se faire au rythme lent de Michael Kohlhaas mais son combat menĂ© par un Mads Mikkelsen au charisme imperturbable au milieu d’une Ă©poque froide et rugueuse dĂ©crite par Arnaud Des Pallières est passionnant de bout en bout.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 05/08/2013 Ă  15:21 | #1

    Un film captivant et poétique, brut et poignant, porté par un Mads Mikkelsen magnétique.
    LE film de l’Ă©tĂ© pour moi 🙂

    http://www.lebleudumiroir.fr/?p=5005