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Ma Vie avec Liberace, critique

posté le 10/09/2013

Après un passage remarquĂ© Ă  Cannes, sur HBO et Ă  Deauville, voilĂ  donc Ma Vie avec Liberace enfin sur nos Ă©crans, l’occasion pour Michael Douglas et Matt Damon de briller de mille feux dans le dernier Soderbergh.

Sorti aux USA directement sur HBO, Ma Vie avec Liberace, le dernier film de Steven Soderbergh qui a annoncĂ© prendre maintenant sa retraite cinĂ©matographique (on verra bien pour combien de temps), fait donc partie de ces tĂ©lĂ©films luxueux, Ă  l’instar du Phil Spector avec Al Pacino, qui risquent de pululer sur les grandes chaĂ®nes câblĂ©es amĂ©ricaines (l’annĂ©e dernière, HBO avait aussi produit Hemingway & Gellhorn, Ă©galement passĂ© Ă  Cannes) puisque Hollywood prĂ©fère sortir ses blockbusters Ă  grande Ă©chelle. C’est donc seulement en Europe que ce biopic sur Liberace verra le jour sur grand Ă©cran.

Paradoxalement, ce n’est pas dans nos contrĂ©es que le pianiste surdouĂ© Ă  l’Ă©go surdimensionnĂ© et flamboyant est le plus connu mais bien aux USA oĂą, pendant les annĂ©es 60 Ă  80, il a connu une ascension fulgurante, produisant des spectacles  Ă  sa gloire, entre deux morceaux de Chopin pour devenir le roi des mamies de Las Vegas. Personnage parfois controversĂ© et plus complexe qu’il n’y parait, il Ă©tait pour Soderbergh, l’Ă©crin idĂ©al pour faire exploser une nouvelle facette du talent de Michael Douglas avec qui le projet de film remontait dĂ©jĂ  Ă  plusieurs annĂ©es.

DĂ©butant Ă  la fin des annĂ©es 70, Ma Vie avec Liberace dĂ©bute donc quand le jeune Scott Thorson rencontre la star et va ensuite passĂ© plusieurs annĂ©es de sa vie avec lui. Une liaison tumultueuse (entre le monde du spectacle et la villa kitsch, les histoire d’argent, de drogue et de tromperies) dans un cadre luxueux  qui donne lieu Ă  l’un des portraits les plus dĂ©routants d’un homme en quĂŞte d’une jeunesse Ă©ternelle et d’un amour tout aussi Ă©ternellement jeune.
Sans faire un drame de la sexualitĂ© de ses personnages, le film parle vraiment d’amour, de la sincĂ©ritĂ© de celui-ci et de certaines dĂ©viances d’un vieil artiste pensant pouvoir acheter cet amour et la jeunesse de son compagnon pour satisfaire son Ă©go. C’est certain, Michael Douglas n’est pas Ă  son avantage dans ce rĂ´le dans lequel il s’investit pleinement aux limites parfois du cabotinage qu’impose son personnage.

A cĂ´tĂ© d’un Michael Douglas Ă©tincelant dans ce film bourrĂ© de strass aveuglantes rendant parfaitement l’atmosphère queer et kitsch de l’Ă©poque, Matt Damon sera quand Ă  lui tout aussi surprenant dans le rĂ´le de ce petit ami qui va sacrifier beaucoup de sa libertĂ© et de son physique dans cette relation hors normes. Si l’acteur s’est toujours montrĂ© bon, rarement on a ressenti autant d’intensitĂ© dans son jeu. Il forme ainsi Ă  l’Ă©cran avec Douglas un couple auquel on s’attache malgrĂ© les excès de chacun.

Derrière sa camĂ©ra et ses deux acteurs, Steven Soderbergh s’efface par contre complètement. Il filme son histoire sans grandes envolĂ©es, se contentant de capturer les performances exceptionnelles qu’il a devant lui. MĂŞme si il va tout de mĂŞme d’appuyer certains traits parfois ridicules (la sĂ©quence de la chirurgie esthĂ©tique avec un Rob Lowe mĂ©connaissable est Ă  mourir de rire) ou au contraire dramatiques du rĂ©cit, l’Ă©motion a un peu de mal Ă  prendre le pas devant l’extravagance de son hĂ©ros et de ses dĂ©sirs.

Pour son dernier film, Steven Soderbergh préfère donc illuminer son ami Michael Douglas et lui offrir un rôle en or pour un festival de kitsch parfois touchant, souvent vampirisé par les prestations géniales de ses acteurs.

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