Accueil > Cinéma, Retro > La trilogie Pusher

La trilogie Pusher

posté le 21/05/2013

Avec la sortie de Only God Forgives, c’est l’occasion de revenir sur la source du cinĂ©ma de Nicolas Winding Refn grâce Ă  trilogie Pusher.

C’est Ă  26 ans, Ă  la sortie de l’Ă©cole de cinĂ©ma danoise, que Nicolas Winding Refn se lance dans l’Ă©criture et la rĂ©alisation de son premier film, Pusher, adaptĂ© d’un court-mĂ©trage rĂ©alisĂ© dans le cadre scolaire. Le film s’intĂ©resse de très près Ă  Frank (Kim Bodnia), un dealer des rues de Copenhague. Au cours d’une grosse opĂ©ration, il se retrouve coincĂ© par les flics et perd la drogue qu’il devait revendre. Ayant alors contractĂ© une dette auprès du parrain local (Milo), il va tout faire pour la rembourser et pour cela s’engouffrer dans les arcanes du milieu criminel.

RĂ©alisĂ© en 1996, le film possède un style percutant qui deviendra un peu la marque de fabrique des films scandinaves, camĂ©ra Ă  l’Ă©paule, brutal, presque documentaire. Ainsi, on plonge directement aux cĂ´tĂ©s des criminels, pour la plupart des ratĂ©s qui n’ont de cesse de foirer tout ce qu’ils entreprennent, y compris leurs relations avec les autres (Frank entretien une relation ambiguĂ« avec une prostituĂ©e et son pote Tonny n’est pas des plus fiables). Mais en plus d’ĂŞtre au plus proche des anti-hĂ©ros, ce style fait aussi la part belle Ă  la violence qui sera donc un des thèmes constants du rĂ©alisateur. Ici il n’hĂ©site pas Ă  brutaliser son hĂ©ros, Ă  l’utiliser comme punching ball pour nous faire dĂ©couvrir les coulisses de la pègre danoise et de ses trafics.

Si d’autres films ont aujourd’hui amoindri l’effet de ce premier Pusher, il n’en est pas moins sacrĂ©ment intĂ©ressant et surtout très percutant dans sa rĂ©alisation qui se dĂ©marque du travail esthĂ©tique et plus posĂ© que NWR adopte aujourd’hui. Le triomphe est immĂ©diat au Danemark et permet Ă  Nicolas Winding Refn d’aller de l’avant avec un second film qui sera tout aussi remarquĂ© : Bleeder. Puis arrive son 3e film, le premier en langue anglaise avec John Turturro : Inside Job. Mais malgrĂ© des critiques positive, ce dernier est un gouffre financier qui contraint le rĂ©alisateur Ă  rentrer au pays et Ă  miser sur une valeur sĂ»re si il veut retrouver des projets plus indĂ©pendants. C’est donc Ă  regret qu’il retombe dans l’univers de Pusher. Après avoir Ă©crit la trame du second volet, il retrouve pourtant l’envie d’aller plus loin avec une troisième partie, formant alors un ensemble qu’il auquel il avait dĂ©jĂ  pensĂ© auparavant.

C’est donc 8 ans après Pusher que sa suite sort sur les Ă©crans. IntitulĂ© Pusher 2 : du sang sur les mains, cette première suite s’attache au personnage de Tonny, le comparse de Frank qui apparaissant dans le premier film. Ce film est moins l’occasion d’explorer encore le milieu de la pègre danoise que de s’intĂ©resser Ă  son personnage qui parait encore plus benĂŞt que dans le premier film. Entre les problèmes qu’il entretien avec son père et la dĂ©couverte d’un enfant illĂ©gitime avec un prostituĂ©e, ce volet s’avère beaucoup plus intime et sombre, donnant alors Ă  la petite frappe un destin inĂ©luctablement liĂ© Ă  la rue. Plus centrĂ© sur les personnages, Pusher 2 nous fait comprendre que la saga pourrait presque se regarder comme une mini-sĂ©rie tĂ©lĂ© ambitieuse sur ces losers qui vivent dans le milieu de la pègre, une influence tĂ©lĂ©visuelle d’ailleurs revendiquĂ©e par le rĂ©alisateur. Mais ce volet est aussi l’occasion de faire exploser la carrière de Mads Mikkelsen qui se rĂ©vèle ici particulièrement charismatique.

Comme prĂ©vu, Pusher 2 est un succès dans ses terres et confirme l’attente du numĂ©ro 3 l’annĂ©e suivante. Ce dernier volet bouclant la trilogie s’intĂ©resse au parrain de la pègre qui faisait souffrir Frank dans le premier film. Car je suis un ange de la mort va donc nous expliquer comment Milo tente de faire son blĂ© malgrĂ© l’arrivĂ©e d’une forte concurrence et de nouveaux trafics. Une nuit de fĂŞte infernale pour le cuisinier trafiquant qui doit gĂ©rer l’anniversaire de sa fille et les Ă©checs de son business. Encore plus noir, plus cruel, plus violent que les prĂ©cĂ©dents, ce dernier volet nous fait vraiment descendre dans les enfers de la criminalitĂ© dont les personnages ne peuvent jamais ressortir.

Ainsi la saga Pusher, vĂ©ritable tremplin pour son rĂ©alisateur, est une plongĂ©e dans 3 destins diffĂ©rents de la pègre de Copenhague peuplĂ©e de losers. Personne ne règne, les coups bas sont lĂ©gions, et malgrĂ© succès, les personnages ont des vies qu’on ne leur envie jamais, faites d’erreurs dans leurs relations avec les autres. Le rĂ©alisateur y capture une certaine violence du quotidien qui ne laisse pas de marbre et laisse au spectateur la marque de l’uppercut que les anti-hĂ©ros se sont pris pendant les 3 films. Toujours fascinĂ© par la violence, c’est Ă  sa mythologie et sa relation avec l’art que Nicolas Winding Refn va ensuite se pencher avec Bronson et Valhalla Rising, rĂ©vĂ©lant alors le potentiel d’un auteur ambitieux qui n’est pas prĂŞt de se renier.

publié dans :Cinéma Retro

  1. Gus
    22/05/2013 Ă  21:55 | #1

    « C’est à 26 ans, à la sortie de l’école de cinéma danoise, que Nicolas Winding Refn se lance dans l’écriture et la réalisation de son premier film, Pusher »

    NWR n’a jamais fait l’Ă©cole de cinĂ©ma danoise, il a Ă©tĂ© acceptĂ© mais a justement prĂ©fĂ©rĂ© faire Pusher Ă  la place.

    Source: NWR (docu paru dans les bonus du DVD Drive)

  2. FredP
    22/05/2013 Ă  23:03 | #2

    Merci pour cette prĂ©cision, je n’avais pas eu l’Ă©dition avec le doc NWR

  3. 24/05/2013 Ă  19:51 | #3

    Une vraie claque pour ma part, la première anti-thèse du « Parrain », et tout en adorant la saga Coppola on reste bluffĂ© par le rĂ©alisme crasseux de « Pusher »… J’adore et pas loin d’ĂŞtre au niveau du Coppola (20+20+17)… « Pusher » 4/4 (18+18+18)