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Flight, critique

posté le 29/01/2013

flight critique

Robert Zemeckis de retour au cinéma traditionnel, Denzel Washington en pilote de ligne alcoolique, voilà un film qui nous retourne malgré une morale finale sans finesse : Flight.

Après les Ă©checs commerciaux successif de ses dernières productions en performance capture, le très inventif Robert Zemeckis revient Ă  un cinĂ©ma plus traditionnel. Finie l’expĂ©rimentation (et c’est bien dommage), le rĂ©alisateur de Retour vers le Futur, Forrest Gump et Seul au Monde revient Ă  un cinĂ©ma plus conventionnel avec Flight, l’histoire d’un pilote de ligne alcoolique qui rĂ©ussit miraculeusement Ă  faire atterrir son avion en catastrophe suite Ă  une avarie matĂ©rielle. Mais malgrĂ© ce succès, l’enquĂŞte va rĂ©vĂ©ler au grand jour toute la face sombre de ce hĂ©ros.

Depuis une certaine Ă©poque innocente, Robert Zemeckis a muri et le prouve dès l’ouverture du film avec une scène très sexuĂ©e que l’on n’a pas l’habitude de voir dans son cinĂ©ma (ni dans le cinĂ©ma traditionnel amĂ©ricain d’ailleurs). Une introduction osĂ©e qui montre tout de suite que le rĂ©alisateur ne va pas forcĂ©ment nous emmener sur des chemins attendus et va coller au plus près de la vie plutĂ´t dĂ©cadente de son hĂ©ros. Mais avance de nous emmener dans cette bataille, il doit se dĂ©rouler l’Ă©vĂ©nement qui changera tout : l’accident. Et lĂ , Zemeckis va littĂ©ralement nous retourner la tĂŞte avec l’un des crashs d’avion les plus prenants du cinĂ©ma. En prenant le point de vue du pilote et nous faisant ressentir sa mĂ©thode inattendue et dĂ©sespĂ©rĂ©e pour Ă©viter le pire, il nous immerge complètement dans la catastrophe pour en ressortir le souffle coupĂ©. Inutile de dire que les phobiques de l’avion ne vont pas  apprĂ©cier.

Après cet accident, notre pilote alcoolique va forcĂ©ment ĂŞtre en proie au doute et Ă  la culpabilitĂ©, pris entre le dĂ©sir d’assainir sa vie pour qu’un tel Ă©vĂ©nement ne se reproduise plus et une dĂ©pendance maladive Ă  l’alcool et aux drogues. Il va pourtant rencontrer une femme qui a traversĂ© cette Ă©preuve qui pourrait bien l’aider mais cela ne suffit pas forcĂ©ment. L’histoire invite donc particulièrement Ă  la performance de ses acteurs et en particulier Ă  un Denzel Wahsington fidèle Ă  lui-mĂŞme et assez bourru. Mais celui que l’on retiendra le plus, c’est bien un John Goodman dont les exaltantes apparitions apportent une lĂ©gèretĂ© politiquement incorrecte au film.

Le politiquement incorrect justement, c’est un peu ce qui apporte au film toute sa personnalitĂ©, tout du moins avant sa dernière partie. En effet, pendant tout le film, le personnage finit par assumer son alcoolisme et on peut mĂŞme se dire que c’est grâce Ă  l’alcool qu’il a pu sauver ses passagers d’un crash mortel. MalgrĂ© les longueurs (le film dure tout de mĂŞme 2h20 et ça se sent) et les lourdeurs Ă  base de gros plans bien insistants et un jeu forcĂ© de Denzel Washington, c’est tout de mĂŞme un message sacrĂ©ment osĂ© Ă  Hollywood et surtout, on explore de manière passionnante la descente aux enfers d’un hĂ©ros aux failles bien humaines.

Il est alors vraiment dommage de voir le film s’engouffrer dans une dernière phase de doute Ă  la morale bien amĂ©ricaine. En effet, après tout ce qui nous est assĂ©nĂ© pendant le film, le personnage finit soudainement par se regarder en face et la perspective d’une rĂ©demption auprès de Dieu le touche comme par magie. Un retournement de situation qui rend alors le film beaucoup moins puissant. Bien sĂ»r nous ne sommes jamais contre une lueur d’espoir mais c’est ici amenĂ© avec une lourdeur irritante.

Techniquement toujours au top, Robert Zemeckis va donc nous emmener sur les territoires de la rĂ©demption de manière maladroite alors qu’il se montrait particulièrement bon pour nous raconter la descente en enfer d’un hĂ©ros, il s’en ait fallu de peu pour avoir un grand film mais Flight reste tout de mĂŞme un film particulièrement intĂ©ressant dès qu’on se laisse happer par la performance de Denzel Whashington.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. quent1
    21/02/2013 Ă  11:42 | #1

    salut,
    très bonne critique, je suis entièrement d’accord sur ces points : »Il est alors vraiment dommage de voir le film s’engouffrer dans une dernière phase de doute Ă  la morale bien amĂ©ricaine » // « John Goodman dont les exaltantes apparitions apportent une lĂ©gèretĂ© politiquement incorrecte au film. » qui apporte la touche des grand rĂ©al pour ne pas sombrer dans le pathos.
    je suis moins d’accord avec ça : « un jeu forcĂ© de Denzel Washington » qui je trouve s’en sort très bien, car la sensation de jeu forcĂ© ne se serai pas du au doublage qui, malgrĂ© tout le talent des doubleurs, ne peut dans ce genre de cas exprimĂ© complĂ©tement ce que l’acteur renvoi?
    A voir!

  2. FredP
    21/02/2013 Ă  11:45 | #2

    Merci pour ce partage 🙂 Pour info, comme Ă  chaque fois, j’ai vu le film en VO et effectivement Denzen Washington joue très bien mais j’ai l’impression qu’il se force un peut trop. C’est toutefois une manière habituelle de jouer pour l’acteur, que l’on apprĂ©cie ou pas.

  3. 24/02/2013 Ă  18:18 | #3

    Yep, en effet, la morale qui gâche tout rĂ©sume bien l’idĂ©e de ce film rĂ©ussi et agrĂ©able mais foirĂ© par un Ă©pilogue moralisateur Ă  souhait. Dommage mais bon film tout de mĂŞme.