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Culte du dimanche : Saw

posté le 27/01/2013

A l’approche du 20e Festival de Gerardmer, il est bon de revenir sur l’un des films qui a marquĂ© ce rendez-vous du cinĂ©ma fantastique et aussi, Ă  sa manière le cinĂ©ma d’horreur des annĂ©es 2000 : Saw.

Après leur sortie de l’Ă©cole de cinĂ©ma, les australiens James Wan et Leigh Whannell ont dans l’idĂ©e de rĂ©aliser un huis-clos tordu avec 2 personnes coincĂ©es dans une salle de bains dĂ©labrĂ©e avec un cadavre au milieu … mais il faudra du temps avant de convaincre. Pour dĂ©cider les producteurs, ils vont alors rĂ©aliser un court-mĂ©trage prĂ©sentant l’un des pièges phare du film et ça fonctionne puisqu’ils vont dĂ©crocher le budget nĂ©cessaire au tournage de leur film machiavĂ©lique. Leigh Whannell Ă©crit et va jouer dedans et James Wan se concentre alors sur la rĂ©alisation et, coup de chance, ils ont le soutien de ce vieux briscard de Danny Glover qui accepte de jouer dans le film.

VoilĂ  donc l’Ă©quipe prĂŞte pour un tournage express. Ils ont moins de 20 jours pour tout boucler, les scènes se dĂ©roulant dans cette fameuse salle de bains mais aussi les flashbacks et explications de ce qu’il se passe  Ă  l’extĂ©rieur. Le scĂ©nario  machiavĂ©lique est en place et, vu l’ambiance du film, la comparaison avec le Se7en de David Fincher ne tarde pas Ă  apparaitre (toutes proportions gardĂ©es Ă©videmment). Il faut dire que le rĂ©alisateur n’est pas avare en effets clipesques et le scĂ©nario est suffisamment retords pour impliquer le spectateur, malgrĂ© l’interprĂ©tation souvent approximative des 2 acteurs principaux. Avec une ambiance particulièrement malsaine, Saw fait son effet, sans pour autant rĂ©inventer le genre.

Mais ce qui marque vraiment dans Saw, c’est le sadisme dont fait preuve le nouveau boogeyman crĂ©Ă© pour l’occasion. NommĂ© Jigsaw (le tueur au puzzle), il ne tue pas ses victimes mais les places dans des situations piĂ©gĂ©es de telle manière qu’ils doivent subir les pire tortures si elles veulent s’en sortir. Le jeu est alors de savoir quels pièges diaboliques les auteurs et le tueur peuvent bien nous concocter pour obtenir des mises Ă  mort particulièrement horribles et crĂ©er une tension insoutenable. La particularitĂ© de ce nouveau serial killer qui va marquer les annĂ©es 2000 est Ă©galement qu’il est lui-mĂŞme Ă  l’article de la mort puisqu’il trouve sa motivation dans la tumeur qui lui attaque le cerveau.

Pourtant, contrairement Ă  l’image qu’on peut avoir de la saga, ce premier volet n’est pas spĂ©cialement gore et Ă©conomise mĂŞme sur ces effets, prĂ©fĂ©rant nous laisser deviner l’insoutenable en cadrant plutĂ´t les tĂŞte des personnages en souffrance que les membres coupĂ©s. Mais le film repose bien plus sur un scĂ©nario particulièrement malin et l’angoisse de la prĂ©sence du tueur que sur ces effets qui ont Ă©tĂ© popularisĂ©s par les suites. PrivilĂ©giant une intrigue reposant sur les rĂ©vĂ©lations que vont se faire les personnages et la poursuite d’un tueur imprĂ©visible, Wan et Whannell livrent un thriller d’une redoutable efficacitĂ©, possĂ©dant aussi bien la fougue que les dĂ©fauts du premier film.

Après quelques festivals oĂą le film commence Ă  faire parler de lui, Saw finit par sortir en salles et le succès est immĂ©diat. Profitant d’un bouche-Ă -oreille plutĂ´t flippant, il remporte plus de 100 fois sa mise de dĂ©part pour devenir l’un des films les plus rentables du genre. ForcĂ©ment, face Ă  ce succès rapide, les producteurs vont enclencher la production d’une suite par an qui vont malheureusement plus chercher Ă  aligner les effets gores et les pièges malsains qu’Ă  explorer les possibilitĂ©s offertes par le scĂ©nario. Le succès s’amplifiant Ă  chaque fois, ces suites engendrent alors un nouveau mouvement du film d’horreur et pas forcĂ©ment le plus subtil, le « torture porn », dans lequel s’engouffrera notamment Eli Roth et son Hostel et nombre de films qui sortiront ainsi directement en vidĂ©o.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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