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Culte du dimanche : Carrie au bal du Diable

posté le 01/12/2013

Alors que la nouvelle adaptation pointe le bout de son nez, il nous fallait impérativement revenir sur Carrie au bal du Diable qui a fait exploser Brian De Palma !

Au dĂ©but des annĂ©es 70, Stephen King publie son premier roman, Carrie. L’histoire d’une adolescente mal dans sa peau qui dĂ©veloppe d’Ă©tranges pouvoirs tĂ©lĂ©kinĂ©tique et qui est martyrisĂ©e par sa mère et ses camarades de classe. Le succès est immĂ©diat et le jeune auteur va enchainer les succès littĂ©raire et ne se consacrer qu’Ă  l’Ă©criture. Évidemment, un livre Ă  succès entraine forcĂ©ment une adaptation, d’autant plus qu’Ă  cette Ă©poque, les films pour ados comme les films d’horreur commencent Ă  avoir un certain succès.

Et après le succès inattendu de Phantom of the Paradise c’est Brian De Palma qui va s’en occuper, un choix qui n’est pas Ă©tonnant quand on connait l’attrait du jeune cinĂ©aste pour le thriller et les questions religieuses et sexuelles parfois morbides (il vient de sortir Obsession). Après un casting conjoint avec George Lucas pour Star Wars, c’est Carrie Fischer qui Ă©tait choisie pour incarner le rĂ´le titre, mais cette dernière ne voulant pas apparaitre nue Ă  l’Ă©cran, c’est Sissy Spacek l’emportera. Un choix dĂ©cisif dans la carrière de la comĂ©dienne qui ne pourra plus se dĂ©faire de cette image de jeune fille effrayĂ©e et recouverte de sang.

Mais revenons-en au film qui, Ă©videmment, ne sera pas totalement fidèle au livre mais rĂ©ussi Ă  en capter l’essence. En effet, il s’agit lĂ  d’une mĂ©taphore sur les dĂ©boires de l’adolescence difficile, sur l’acceptation de soi et des autres mais aussi sur la difficultĂ© de devenir une femme, en particulier face Ă  une religion et une mère castratrice. DĂ©veloppant de nombreux thèmes, le film, comme le livre, se montre assez riche et inspire une vĂ©ritable rĂ©flexion Ă  plusieurs niveaux, que l’on soit ado en recherche de frissons ou parent dĂ©sirant mieux comprendre la gĂ©nĂ©ration qui suivra.

Si c’est un film de commande, De Palma trouve tout de mĂŞme le moyen d’y imprimer toute sa patte et ce, dès l’ouverture avec des plans-sĂ©quences nous montrant tout de suite la jeune Carrie isolĂ©e de ses camarades. Mais aussi en faisant apparaitre l’horreur derrière la sensualitĂ© du gĂ©nĂ©rique ouvrant le film, lorsque Carrie dĂ©couvre ses règles sanglante avant de se faire lyncher par ses odieuses camarades Ă  cause de son ignorance et de sa bizarrerie. Et tout le cinĂ©ma de De Palma sera lĂ , continuant d’expĂ©rimenter l’image avec une mise au mĂŞme niveau du premier et de l’arrière-plan, l’utilisation du split-screen et d’images directement issues de l’imagerie religieuse (la crucifixion de la mère).

C’est aussi l’occasion pour le rĂ©alisateur de travailler pour la première fois avec Pino Donnaggio (qu’il retrouvera ensuite sur Pulsions, Blow Out ou Body Double), donnant alors au film adolescent une dimension tour Ă  tour sensuelle ou purement horrifique rappelant le Bernard Herrmann de Psychose. Une coĂŻncidence qui n’en est pas une quand on sait que le compositeur d’Hitchock devait Ă  l’origine officier sur Carrie et quand on connait tout l’attrait de De Palma pour le cinĂ©ma du maĂ®tre du suspense. Le nom du lycĂ©e (Bates), et sa manière diabolique d’orchestrer l’humiliation de Carrie au bal ne sont d’ailleurs pas des emprunts innocents.

Mais Carrie est aussi l’occasion pour le rĂ©alisateur de travailler pour la première fois avec sa future compagne Nancy Allen et John Travolta (avant que celui-ci n’explose) avant de les rĂ©unir plus tard dans Blow Out. Tout comme il retrouvera dans le Amy Irving dans son film suivant, Furie, traitant encore une fois de tĂ©lĂ©kinĂ©sie. Mais face Ă  la discrète mais excellente Sissy Spacek, c’est Ă©videmment Piper Laurie qui va attirer tous les regards dans le rĂ´le de la mère, religieuse fanatique sĂ©questrant sa fille.

Devant la rĂ©ussite publique et critique du film, la carrière de Brian De Palma prend un nouvel essor et il peut Ă  loisir naviguer entre films personnels et commandes, arrivant Ă  rendre imprimer sa patte Ă  ces dernières. Mais c’est aussi le dĂ©but d’une vague d’adaptation plus ou moins rĂ©ussies des romans de Stephen King au cinĂ©ma au dĂ©but des annĂ©es 80, de Shining Ă  Christine en passant par Dead Zone.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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