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Buffy contre les Vampires, saison 4

posté le 26/06/2012

Changement de décor et complète perte de repère pour Buffy dans une 4e saison riche et déboussolante qui voit le groupe faire place à des individualité qui vont évoluer chacune de leur manière et ne se comprendront plus comme avant.

Avec le lycée détruit et des personnages qui ont grandi pour s’accomplir pleinement, Buffy aurait pu se terminer avec le final de la 3e saison. Mais la série a largement dépassé le statut de « série pour lycéens » pour adopter celui de série générationnelle. Plus que de la période un peu maudite, la série parle du passage à l’âge adulte et cela s’étend bien après la remise des diplôme, d’autant plus qu’elle suit l’évolution de ses spectateurs pour aborder toujours de nouveaux thèmes et devenir chaque jour plus mature. Il était donc naturel pour Joss Whedon et son équipe de s’intéresser à l’arrivée de son héroïne à la fac et encore une fois, il saisit parfaitement ce que cela représente.

Bien au chaud au lycée depuis 3 ans, Buffy s’y était fait sa place et son train train quotidien. Mais l’arrivée à la fac va complètement changer ses repères, d’autant plus qu’elle n’a plus Angel à ses côtés comme support sentimental. Les premiers jours de fac, entre les nouvelles têtes, le grand campus et les amis qui trouvent enfin leur but alors que l’on a l’impression de faire du sur-place, voilà de quoi se poser des questions. Pour Buffy et ses amis, c’est tout à fait ça mais pour le spectateur également. Car il doit se faire à l’idée que Buffy a changé d’univers et qu’il faut donc y trouver de nouveaux repères, de nouveaux visages auxquels se raccrocher. Ainsi, Buffy se retrouve perdue mais Willow semble tout à fait à l’aise tandis que Xander, loser habitant dans la cave de ses parents, se retrouve éloigné du groupe et que Giles laisse enfin tomber son côté strict.

Mais ce qui va le plus nous perturber est le fil conducteur de la saison : l’Initiative. Avec Riley, le nouveau boyfriend de Buffy, une nouvelle composante du buffyverse fait son apparition : on sait maintenant que le gouvernement est au courant de l’existence des démons sans toutefois saisir les règles du monde mystique. On touche là à une nouvelle version de Frankenstein avec des scientifiques jouant avec des forces qu’ils ne comprennent pas et qui, un jour ou l’autre, se retourneront forcément contre eux.

Tous ces changements font de cette 4e saison la moins appréciée de la série. Pourtant, si le fil rouge militaire n’est pas le plus excitant, le thème principal du changement qui habite cette saison n’en est pas moins intéressant et permet aux auteurs de livrer certains des meilleurs épisodes de la série et surtout de faire énormément évoluer les personnages, renvoyant la fac à son but d’apprentissage de la vie et d’expérimentations après le cadre serré du lycée. Ainsi, Buffy évolue évidemment mais ce sont surtout les personnages secondaires (Alex et Giles comme dit précédemment mais aussi Spike qui commence à évoluer avec le groupe) qui prennent en maturité et en particulier Willow.
En effet, celle qui était jusqu’alors cantonnée au rôle de la meilleure amie un peu nerd va éclore pendant cette saison, à partir du moment remplit de tristesse où elle doit rompre avec Oz jusqu’à sa découverte de la magie la plus intense avec Tara. Les auteurs nous gratifient d’une évolution passionnante de l’un des personnages les plus touchants de la série et il n’y a qu’à voir la justesse avec laquelle est traité son coming-out pour se rendre compte de son importance dans la série.

En plus du « changement », l’un des principaux thèmes de cette saison est aussi la communication au sein du groupe. En effet, jamais le scooby gang n’a été aussi dispersé que pendant cette saison et les problèmes de communication y sont pour quelque chose, chacun évitant d’avoir de vraies conversation avec les autres pour partager ce qu’il ressent. C’est alors fréquent de voir les personnages se disputer ou se perdre de vue (le démon d’Halloween, le mariage de Buffy, 314, le facteur Yoko ou même le diptyque sur le retour de Faith). Mais le plus éloquent est sans doute l’épisode Un Silence de Mort (Hush), central dans la saison à la fois par son concept mais aussi par son importance pour faire avancer l’histoire et les personnages.


Dans cet épisode aux trois quarts muet écrit et réalisé par Joss Whedon, au moment où chacun à besoin de communiquer avec les autres, tous les habitants de Sunnydale sont privés de paroles. C’est un véritable défi pour l’auteur qui a basé sa réputation sur son sens aigu des dialogues (que l’on retrouve d’ailleurs tout au long de la saison) mais il le remplit avec un savoir-faire redoutable. En s’appuyant sur la musique, les gestes et expressions des personnages et un montage assez efficace, il arrive à la fois à nous faire rire avec des quiproquos bien vus mais aussi à nous effrayer en plongeant dans l’exercice de la terreur à l’ancienne avec délectation. Épisode charnière, c’est aussi ici que les vérité sont dites (Buffy découvre que Riley fait partie de l’Initiative, Xander révèle son amour à Anya) et que les rapports entre les personnages évoluent (la connexion qui s’établit tout de suite entre Willow et Tara).

L’un des autres épisodes les plus marquants est également l’épisode final. Alors que l’on s’attendait à une confrontation contre l’homme-machine-démon en clôture, le combat sera résolu lors l’épisode précédent, laissant ici Joss Whedon plonger dans la psyché de ses personnages et poser des pistes pour la saison suivante. Prenant complètement le contre-pied d’une conclusion spectaculaire, ce season-finale est intimiste et onirique. L’auteur n’hésite pas à partir sur les terres de David Lynch et emporte chacun des personnages dans ses propres cauchemars. C’est ainsi qu‘il conclu les deux thèmes du changement et de la communication qui ont constitué le fil rouge de cette saison. Chacun voit la manière dont il a évolué depuis le début de la saison et se rapproche ainsi des autres pour que le groupe se retrouve à nouveau soudé. Mais c’est aussi l’occasion de lancer des pistes pour la saison suivante qui vont concerner Buffy de près puisque c’est à ce moment là que le sujet des origines de son pouvoir, de la première tueuse et de sa nature est abordé. Sujet qui l’emmènera dans une quête personnelle forte à venir dans la cinquième saison.

publié dans :Critiques Séries Séries

  1. 28/06/2012 à 20:50 | #1

    Une putain de série !

  2. Sangeleslo
    27/07/2012 à 11:49 | #2

    Effectivement, tu as très bien résumé cette saison. Je trouve que cette saison nous apporte de belles choses et c’est dommage que beaucoup disent que seules les 3 premières saisons valent le coup.
    Joyce a été complètement laissé pour compte dans cette saison (ce qui est bien souligné dans l’épisode 5/5, quand Faith est dans le corps de Buffy), personnellement elle m’a manqué dans cette saison. Encore une fois, quand on voit la suite, on comprend que rien n’est laissé au hasard, les épisodes de Buffy sont vraiment pensé en amont avant d’être réaliser. Cette façons qu’à Joss et son équipe de t’attacher à un perso pour mieux te l’arracher… (le pire, Rouge passion saison 6 !!).

    je suis d’accord quand tu parles d’une série générationelle. J’ai découvert Buffy j’avais 16 ans, j’ai grandi avec cette série qui collait parfaitement avec ce que je traversais (euh, les démons en moins bien sûr). on était loin des prises de tête Dawsonesque et c’était moins gnan-gnan que Charmed ou Roswell où au final, l’amour fleur-bleue était au centre de tout (remember la trilogie du samedi sur M6). Après une romance impossible avec Angel, Buffy craque pour Parker qui la plante après avoir couché avec elle… Combien de filles peuvent se retrouver dans cette histoire ? Des milliers, des millions. Autant de petites choses qui me font aimer cette série… à la folie !

    Merci pour ces articles, c’est très bien écrit d’ailleurs.