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American Horror Story, saison 1

posté le 17/04/2012

Soyez les bienvenus dans la maison hantĂ©e d’American Horror Story. Au programme de la visite : des frissons, des fantĂ´mes, des vengeances et bien d’autres choses surnaturelles pour une sĂ©rie qui s’avère aussi grossière que passionnante Ă  suivre.

L’horreur Ă  la tĂ©lĂ©vision a toujours eu une place Ă  part. GĂ©nĂ©ralement cantonnĂ©e aux sĂ©ries faites d’Ă©pisodes one-shot (Au delĂ  du rĂ©el, …) ou d’anthologies permettant aux rĂ©alisateurs une petite rĂ©crĂ©ation (Masters of Horror), rares sont celles ayant dĂ©veloppĂ© une mythologie propre, encore plus rares sur des thèmes aussi classiques que la maison hantĂ©e. Loin de la mode des vampires et morts-vivants, et voici qu’arrive American Horror Story, plongeant au cĹ“ur des sombres pulsions amĂ©ricaines.

Après Glee, Ryan Murphy et Brad Falchuck reviennent donc Ă  un registre plus adulte en retrouvant l’esprit des chaĂ®ne câblĂ©es leur  permettant d’aller aussi loin que leur esprit lĂ©gèrement dĂ©rangĂ© le permet. Car il faut se rappeler que le duo est avant tout Ă  l’origine de Nip/Tuck. A partir de lĂ , on sait tout de suite Ă  quoi s’attendre, une critique de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine puritaine assez grossière mais diablement efficace avec une ambiance malsaine assez rĂ©ussie. A ce titre, le gĂ©nĂ©rique plonge tout de suite dans l’univers glauque, dĂ©pressif et psychologiquement instable et violent de la sĂ©rie.

American Horror Story dĂ©bute comme toutes les histoires de maison hantĂ©e. Une famille Ă  problèmes emmĂ©nage dans une nouvelle maison oĂą c’est produit un meurtre des annĂ©es plus tĂ´t. Le père psychologue (Dylan McDermott) a trompĂ© sa femme après que celle-ci ait fait une fausse couche. Avec un tel passif il va donc essayer de renouer avec elle et sa fille. Très vite, ils vont se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond. Car entre des visions Ă©tranges, un costume SM dans le grenier, une voisine lĂ©gèrement envahissante et une femme de mĂ©nage assez mystĂ©rieuse, de nombreux indices laissent Ă  penser que la maison a Ă©tĂ© le théâtre de plus d’un meurtre. Peu Ă  peu, nous allons donc en savoir plus sur ses habitants, vivants et morts, mais surtout sur le caractère de cette maison.

Tout de suite, le pari d’une sĂ©rie sur une maison hantĂ©e Ă©tait risquĂ© car en s’apercevant de cela dès le premier Ă©pisode, on pourrait se demander pourquoi la famille ne part pas tout de suite. Et c’est lĂ  que l’on peut remarquer le talent des auteurs qui trouvent toujours un prĂ©texte crĂ©dible pour faire rester les Harmon jusqu’Ă  un final qui va jusqu’au bout de leurs mĂ©chantes idĂ©es tout en rĂ©habilitant ses personnages.
Mais si il y a une chose qui fascine dans American Horror Story, c’est bien l’histoire de cette baraque et de ses anciens habitants. En effet, les crĂ©ateurs de la sĂ©rie mĂŞlent habilement les flashbacks liĂ©s Ă  ce qu’il se passe pour la famille Harmon, distillant au fur et Ă  mesure des rĂ©ponses sur ce qui arrive et sur l’identitĂ© vĂ©ritable de certains personnages.

Évidemment, on pourra reprocher Ă  Ryan Murphy et Brad Falchuck d’avancer leur thèmes de façon plutĂ´t grossière et ce n’est pas nouveau quand on connait le style de Nip/Tuck. Ainsi, la dĂ©gradation du cercle familial, l’adultère ou mĂŞme la vie d’un couple homosexuel sont dĂ©crits de manière plutĂ´t lourde, sans subtilitĂ©. Mais c’est aussi cette vulgaritĂ© qui donne Ă  la sĂ©rie son ton particulier et son ambiance singulière.
C’est aussi compensĂ© par la manière dont ses auteurs jouent avec le folklore des histoires de meurtres connues aux Etats-Unis tout en les mĂŞlant aux poncifs du cinĂ©ma d’horreur. Ils mĂŞlent ainsi habilement des rĂ©fĂ©rences Ă  la fusillade de Colombine ou au Dahlia Noir Ă  des des histoires d’enfants cachĂ©s dans le grenier, de scientifiques fous, de jumeaux malĂ©fiques et de fantĂ´mes cherchant Ă  se venger.
A ce titre, Ă  cĂ´tĂ© de la mystĂ©rieuse voisine campĂ©e par une Jessica Lange doucement cinglĂ©e, l’un des personnages les plus intĂ©ressants est bien celui de du jeune Tate Langdon campĂ© par Evan Peters, ados dĂ©rangĂ© qui va s’Ă©prendre de la fille Harmon.

Avec tout ces ingrĂ©dients, les crĂ©ateurs d’American Horror Story arrivent Ă  crĂ©er une ambiance malsaine, poisseuse et remplie de mystères qui est assez addictive. Car Ă  mesure que les rĂ©ponses arrivent, la mythologie de la sĂ©rie prend de la consistance et rĂ©vèle des thèmes assez passionnants.
Ce n’est pas un hasard si Ben Harmon est psychologue. Cette approche nous permet de voir la sĂ©rie comme la psychanalyse de cette maison qui est la vĂ©ritable star du show (les personnages n’en Ă©tant que des instruments). Si pas mal de choses semblent dĂ©cousues dans les premiers temps, tout prend forme pour aboutir Ă  une certaine unitĂ© dans les derniers Ă©pisodes qui dĂ©veloppent chez nous une fascination assez malsaine.

Fonctionnant comme un tout (entendez par lĂ  avec une vĂ©ritable fin), cette première saison d’American Horror Story empile finalement les clichĂ©s pour mieux jouer avec et proposer une vision grossière mais aussi amusante que captivante du mythe de la maison hantĂ©e et, Ă  cĂ´tĂ©, des faits divers les plus glauques. Il faudra quelques Ă©pisodes pour l’apprivoiser mais finalement la demeure peuplĂ©e de fantĂ´mes dans laquelle nous invitent Ryan Murphy et Brad Falchuck se rĂ©vèle foisonnante, un peu foutraque mais toujours fascinante.

publié dans :Critiques Séries Séries

  1. 17/04/2012 Ă  10:42 | #1

    Tu oublies Kingdom Hospital dans le genre horrifique en télé qui a développé une mythologie propre 🙂 loin des stand alone.

    Sinon je suis assez d’accord avec toi, pour moi AHS est la meilleure nouveautĂ© de la saison. Une belle et bonne surprise

  2. FredP
    17/04/2012 Ă  11:12 | #2

    @delromainzika oui, évidemment, il y a toujours des exceptions qui confirment la règle comme Kingdom Hospital mais rares restent les séries horrifiques à avoir une intrigue sur la longueur.
    En tout cas, content que cette 1re saison t’ai plu Ă©galement 🙂

  3. 17/04/2012 Ă  11:17 | #3

    @FredP 🙂 . Oui, c’est rare. Trop rare mĂŞme. J’adore les sĂ©ries de ce genre lĂ . On peut avoir un maigre lot de consolation avec Supernatural qui reste une sĂ©rie mi-horrifique mi-fantastique.

  4. eva
    18/04/2012 Ă  12:11 | #4

    Je suis assez d’accord avec cette critique, j’ai eu du mal Ă  rentrer dans la sĂ©rie au dĂ©but, mais par la suite, il persiste une fascination malsaine qui nous dit de continuer…Bref je ne sais pas de quoi sera faite la saison, mais je les attends au tournant 🙂

  5. 24/10/2012 Ă  19:54 | #5

    Merci pour cet avis. Je n’Ă©tais pas trop tentĂ©e jusque lĂ  mais tu m’as donnĂ©e envie de dĂ©couvrir cette sĂ©rie 🙂