En comics : Fatale, Luther Strode, Swamp Thing
Il n’y a pas que des super-hĂ©ros en comics ! Du polar aux accents fantastique, de l’ado super violent ou des monstres presque Ă©chappĂ©s de Lovecraft, avec Fatale, Luther Strode et Swamp Thing, voilĂ 3 exemple qui donnent une idĂ©e de ce qui se fait de plus ou moins bons en dehors des capes.
Après l’excellente sĂ©rie Criminal et le gĂ©nial Incognito, le duo Ed Brubaker & Sean Phillips remet ça dans Fatale qui, une fois n’est pas coutume, sera difficile Ă rĂ©sumer en une simple phrase tant les auteurs aiment Ă manipuler le lecteur et lui faire prendre quelques ruelles sombres pour l’amener lĂ oĂą ils veulent tout en respectant quelques codes du genre. Ainsi, l’histoire dĂ©bute Ă l’enterrent de l’Ă©crivain Dominic Raines. Nicolas Lash y fait la connaissance de l’Ă©trange et fascinante Jo et rĂ©cupĂ©rer un manuscrit datant de 1957. Nicolas va alors dĂ©couvrir une histoire Ă©trange et en apprendre plus sur le passĂ© de la mystĂ©rieuse Jo.
Comme Ă leur habitude, le duo mĂ©lange les genres pour mieux nous dĂ©router et ici, le fantastique Ă base de secte et de monstres immortels rejoint le polar noir pur et dur avec flics ripoux et fatiguĂ©s au travers d’une intrigue tortueuse faite de flashbacks dont seul Brubaker, la gâchette facile, a le secret. De son cĂ´tĂ©, Phillips se montre toujours aussi Ă l’aise pour dĂ©peindre des ambiances noires et mortifères et cela donne Ă la sĂ©rie une texture unique, brumeuse dans laquelle on aime se perdre. AssurĂ©ment, Fatale est une nouvelle rĂ©ussite pour les compères et on espère très vite connaitre la suite de cette Ă©trange aventures et en savoir plus sur l’immortelle Jo.
Le succès de Kick-Ass par Millar a fait des Ă©mules. Ce sont les jeunes Justin Jordan et Tradd Moore qui s’y collent avec leur Luther Strode, ou l’histoire d’un ado gringalet qui tombe sur une mĂ©thode magique pour devenir ultra musclĂ© et super puissant. HĂ©las, le petit revers est que ça va aussi le faire devenir hyper violent et attirer celui qui semble ĂŞtre Ă l’origine de ces exercices … pour la plus grand peine de son entourage. Dans le genre dĂ©jĂ vu, on a droit Ă tout ici, du jeune homme mal dans sa peau et son meilleur pote qui sont sans arrĂŞts chahutĂ©s par la brute du lycĂ©e, la jolie fille un peu Ă©trange et inatteignable qui va lui tomber dans les bras dès qu’il deviendra plus sur de lui.
Bref, ça ressemble beaucoup Ă Kick-Ass, le cĂ´tĂ© super-hĂ©ros en moins puisqu’il n’en est quasiment pas question ici, ou juste comme une petite rĂ©fĂ©rence. Mais les auteurs vont vite dĂ©river vers la violence pure en enchaĂ®nant les scènes de bastons. De ce cĂ´tĂ©, Moore s’en donne Ă cĹ“ur joie en dessinant des membres arrachĂ©s, des mâchoires qui explosent et des gerbes de sang Ă chaque page. L’ennui, c’est que l’histoire tourne très vite Ă vide et se rĂ©vèle plus qu’inintĂ©ressante et les hĂ©ros assez antipathiques. La violence est alors ici totalement gratuite et ne fait que masquer l’absence totale de discours des auteurs qui n’ont en fait rien Ă raconter sinon faire du sous-Millar.
Depuis qu’Alan Moore avait installĂ© le personnage dans les annĂ©es 80 dans un trip Ă©cologique hippie, Swamp Thing Ă©tait restĂ© dans le giron Vertigo, filière adulte de DC Comics et les auteurs s’en sont donnĂ© Ă cĹ“ur joie pour lui imposer une mythologie fouillĂ©e faisant alors du personne La rĂ©fĂ©rence du comics de monstre dĂ©passant le simple petit rĂ©cit d’horreur. A l’occasion de la relance de DC, la sĂ©rie prend un nouveau dĂ©part sans pour autant renier ce qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pendant 30 ans. Et Scott Snyder (Batman – la Cour des Hiboux) et Yanick Paquette (Ultimate X-Men).
Les auteurs ressuscitent le Dr Alec Holland pour mieux le faire douter de sa nature humaine ou vĂ©gĂ©tale mais très vite son passer va le rattraper et il va devoir choisir son combat. Les auteurs s’approprient ici complètement la mythologie de la crĂ©ature (la sève et le parlement des arbres ont ici un rĂ´le primordial) pour dĂ©livrer un rĂ©cit passionnant sur le choix d’un homme pour dĂ©fendre la nature face Ă la mort. Et ce n’est plus une nature passive mais au contraire dangereuse qui est prĂ©sentĂ©e ici dans un rĂ©cit très sombre et qui verse dans l’horreur digne de Lovecraft avec ses crĂ©atures nĂ©es de la nĂ©crose. A la fois intimiste et Ă©pique dans l’horreur, et servi par un crayon soignĂ© (rejoignant par instant le psychĂ©dĂ©lisme d’époque) de Paquette ce premier volet de Swamp Thing promet de très belles choses pour la suite.
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