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Prometheus, critique

posté le 30/05/2012

prometheus critique

Ridley Scott est de retour Ă  la science-fiction et Ă  l’univers d’Alien avec Prometheus. Si ce n’est pas le chef d’œuvre du genre qui avait Ă©tĂ© annoncĂ©, il n’en est pas moins un film posant de nombreuses pistes de rĂ©flexion et un prequel Ă  la monstrueuse saga plutĂ´t efficace et interrogateur.

Suite, puis prequel, reboot ou juste un film se dĂ©roulant dans le mĂŞme univers, Prometheus sera passĂ© par tous les qualificatifs pour tenter d’expliquer en quoi il est diffĂ©rent de la saga Alien et en mĂŞme temps Ă  quel point il y est intimement liĂ©. Finalement, la dĂ©finition qui a Ă©tĂ© utilisĂ©e et semble la plus juste est celle d’un film qui partage le mĂŞme ADN que son cousin, au sens propre comme au figurĂ© puisqu’il est ici question d’hĂ©ritage, de croisements gĂ©nĂ©tiques en mĂŞme temps qu’il y est clairement fait le lien avec les origines du monstre baveux.

Pour son retour Ă  la science-fiction (genre qu’il n’avait pas touchĂ© depuis 30 ans avec Blade Runner), Ridley Scott repart ainsi dans les couloirs des vaisseaux spatiaux et des rencontres monstrueuses qui mettront l’homme face Ă  sa destinĂ©e. Car cette fois l’intrigue est assez ambitieuse puisqu’il envoie une Ă©quipe de scientifiques enquĂŞter sur ceux qui auraient fait apparaitre la vie sur Terre. ArrivĂ©s sur place, ils dĂ©couvrent un lieu rempli de dangers et Ă  l’histoire chargĂ©e qui pourrait bien menacer l’humanitĂ©. D’entrĂ©e de jeu, le rĂ©alisateur ne base plus son film sur l’horreur (mĂŞme si elle sera de la partie dans quelques sĂ©quences d’une redoutable efficacitĂ©) mais sur la rĂ©flexion mĂ©taphysique, ce qui est assez rare dans ce qui reste un blockbuster.

Avec Prometheus, Ridley Scott mixe finalement l’univers d’Alien aux questions qu’il se posait dans Blade Runner pour en sortir un film assez hybride un peu maladroit mais tout de mĂŞme assez fascinant. Il Ă©voque ainsi la place de l’homme dans l’univers, l’âme et l’apprentissage des robots mais c’est surtout la notion d’hĂ©ritage et l’abandon de l’enfant qui domine. Si le thème a Ă©tĂ© très souvent abordĂ© par le cinĂ©aste, il prend ici toute son ampleur. Que ce soit l’hĂ©ritage que ces « ingĂ©nieurs » ont laissĂ© Ă  l’humanitĂ© et qu’ils voudraient dĂ©truire, une mère qui refuse la crĂ©ature qu’elle engendre, un androĂŻde qui cherche son humanitĂ© ou le patron d’une multinationale qui entretien une relation conflictuelle avec son enfant, tout tourne ici autour de ce thème de la succession et d’enfants qui cherchent donc Ă  se faire une place aux cĂ´tĂ©s de leurs parents, d’hommes qui cherchent Ă  devenir des dieux. En ce sens, le titre mythologique du film, Prometheus, est bien chargĂ© d’un sens passionnant qui se rĂ©vèle tout au long du visionnage.

On s’aperçoit alors que l’univers d’Alien qui est très clairement Ă©voquĂ© ici (Prometheus s’impose bien comme la première partie d’un prequel) sert de base pour lancer quelque chose de plus grand et plus ambitieux qu’un simple « film de monstres dans l’espace » (mĂŞme si la saga Alien et en particulier son 3e Ă©pisode vont toujours plus loin que cette simplicitĂ© apparente). Mais c’est aussi le dĂ©faut du film qui a du coup du mal Ă  choisir entre simples rĂ©fĂ©rence et vĂ©ritable prequel. Ce poids pèse sur l’Ă©criture du film qui aurait clairement gagnĂ© Ă  choisir l’un ou l’autre plutĂ´t que de jouer sur les deux tableaux.

MalgrĂ© cette gène, le film est tout de mĂŞme d’une redoutable efficacitĂ© et Ridley Scott montre qu’il sait encore filmer comme personne un univers complexe de science-fiction. L’esthĂ©tique sombre, glacĂ©e, brumeuse, Ă  la fois futuriste et mystique explorant encore plus les cĂ©lèbres designs de HR Giger est une rĂ©ussite. Et si il oublie volontairement d’explorer le gros de l’Ă©quipage du Prometheus, c’est pour mieux s’intĂ©resser aux deux types de personnages qu’il prĂ©fère. D’un cĂ´tĂ© la femme encore innocente qui va rĂ©vĂ©ler sa force et voir ses croyances bouleversĂ©es ou confortĂ©es (Noomi Rapace), et l’autre la machine bien plus humaine que les autres mais gardant une Ă©trange part de mystère dans sa quĂŞte (Michael Fassbender).

L’attente Ă©tait forte autour de Prometheus et ceux qui espĂ©raient l’un des films de SF les plus rĂ©volutionnaires risquent d’ĂŞtre déçus. Mais Ridley Scott livre tout de mĂŞme un film prenant et aux pistes de rĂ©flexion assez denses et aux images assez chocs pour un blockbuster qui devrait prendre bien plus de relief avec les annĂ©es et quelques suites que l’on peut dĂ©jĂ  entrevoir.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 30/05/2012 Ă  23:08 | #1

    Critique très intĂ©ressante. Je partage ton point de vue sur la place de l’enfant et le fait que Scott reste quand mĂŞme un bon dans ce qu’il fait. Le scĂ©nario est parfois bancal mais le film a clairement Ă©tĂ© Ă©crit pour donner une suite, donc Ă  voir !

  2. 31/05/2012 Ă  11:19 | #2

    Ok avec toi… En effet on a la douloureuse sensation que mĂŞme Ridley Scott ne savait pas sur quel pied dansĂ© : prequel ou simple clin d’oeil ?! Mais ce sera sans doute un film qui prendra de la valeur en le revisionnant dans quelques annĂ©es… 3/4

  3. 05/06/2012 Ă  15:40 | #3

    Au fond on est plutĂ´t d’accord, très beau film, avec des pistes intĂ©ressantes mais scĂ©nario bancal… dommage mais les suites (si suites il y a) seront je l’espère passionnantes…

  4. nonotte
    10/06/2012 Ă  00:06 | #4

    Arretez de vous mentir les gars, c’Ă©tait nul, faut dire les choses telles qu’elles sont!

  5. 10/06/2012 Ă  13:58 | #5

    « Nous n’aurions pas dĂ» venir! C’Ă©tait une erreur! Ce n’est pas ce Ă  quoi nous pensions! » hurle Elizabeth Shaw. Quand cet avertissement rĂ©sonne Ă  nos oreilles, il fait Ă©cho Ă  certaines de nos pensĂ©es rĂ©centes. Mais il est dĂ©jĂ  trop tard…
    Après une bref ellipse de deux ans Ă  bord du Prometheus, nous accostons sur une planète fort lointaine qui cache en son sous-sol des choses pas très catholiques. Ridley Scott nous entraine dans une rocambolesque adaptation moderne de l’exploration des pyramides d’Egypte – syndrome Tintin ou Adèle Blanc-Sec? Sauf qu’ici les vases canopes renferment des organismes qui se rĂ©veillent de vilaine humeur et de gros appĂ©tit. Comme dit l’adage, c’est la curiositĂ© qui a tuĂ© le chat… et la quasi-totalitĂ© de l’Ă©quipage du Prometheus. Dont on se moque comme d’une guigne, puisque les diffĂ©rents intervenants, hormis leur fort accès Ă©cossais, n’ont pas grande Ă©paisseur. Il en va de mĂŞme pour la sculpturale et glaciale Charlize ThĂ©ron qui fait… des pompes et dont la pusillanimitĂ© lui fera connaĂ®tre un destin d’insecte. Noomi Rapace qui incarne Elizabeth Shaw, l’hĂ©roĂŻne – qu’elle me pardonne – ne convaint pas. Ce n’est pas qu’elle n’y met pas du sien, jugez plutĂ´t : fouille archĂ©ologique, traumatisme infantile, congĂ©lation, vomissement, fornication, deuil, cĂ©sarienne, gifle, course Ă©perdue et survie. Et tout cela entre la NoĂ«l et le jour de l’An, des fĂŞtes de fin d’annĂ©e un peu raide pour le commun des mortels. Pour faire passer la pilule, elle transpire dru.
    Bref, beaucoup de questions sont soulevĂ©es tandis qu’une absence alarmante de rĂ©ponses collent le spectateur Ă  son strapontin, cependant que les personnages subissent une hĂ©catombe dans un scĂ©nario qui se contrefout magistralement du temps qui passe. Une scène d’ouverture sans queue ni tĂŞte, ça commence bien; un sĂ©pulcre qu’on dĂ©couvre du premier coup alors qu’il se trouve Ă  30×10 puissance 14 km de la terre, okay; un droĂŻde qui parle couramment le… dieu-sait-quoi, passons; un extraterrestre qui après deux millĂ©naires de roupillon ne pense qu’Ă  reprendre son boulot lĂ  oĂą il l’avait laissĂ© dans un Ă©lan meurtrier de conscience professionnelle, admettons; mais que le rythme – et les violons, encore eux… – tue une action qui se devrait d’ĂŞtre haletante, lĂ , dĂ©solĂ©, on aura beau se forcer, ça bloque. La seule frayeur provient d’un antĂ©diluvien bandonĂ©on ayant appartenu Ă  Stephen Stills. Cela valait-il la peine de faire autant de chemin pour un instument Ă  vent au coeur d’une gigantesque usine Ă  gaz? D’autant que les deux derniers films de science-fiction dignes de ce nom se passaient sur Terre (District 9 et Monsters). Sans parler de la tĂ©tralogie Alien initiĂ©e par… Sir Ridley Scott lui-mĂŞme. Au moins nous retrouvons avec plaisir les fantasmes biomĂ©caniques de l’helvète H.R. Giger.
    Avec Prometheus, Ridley Scott nous promettait une pièce montĂ©e et ne nous sert qu’un… kloug. Nous laisserons le spectateur seul juge. Gageons que le prochain Ă©pisode lui permettra d’affiner son verdict. A moins que dans l’espace, personne ne l’entende protester…

  6. 12/06/2012 Ă  03:05 | #6

    Prometheus c’était tellement prévisible et décevant alors qu’il y avait un énorme potentiel avec un sujet comme les origines de l’humanité et surtout avec la franchise Alien.

    Je trouve que le scénario est du foutage de gueule il y avait tellement de matière et il lance tellement d’idées mais que Ridley Scott n’exploite pas et ne va pas au bout que ca en devient frustrant et superficiel.

    Ca aurait pu être un bon film de SF mais ca ne reste qu’un vulgaire blockbuster sans originalité et sans profondeur avec finalement des belles images mais c’est tout.