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Martha Marcy May Marlene, critique

posté le 21/02/2012

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Comme une caresse empoisonnée, Elizabeth Olsen va vous envouter sous les multiples facette de Martha Marcy May Marlene. La révélation d’une actrice  mais aussi d’un auteur qu’il faudra suivre de près : Sean Durkin.

Chaque année, à l’approche des Oscars, le festival de Sundance nous envoie  sa dernière pépite. C’était la révélation de Jennifer Lawrence dans Winter’s Bone l’année dernière, en 2012 ce sera Martha Marcy May Marlene. Le jeune réalisateur Sean Durkin nous dresse avec beaucoup de subtilité et une psychologie complexe le portrait d’une jeune fille perdue, qui s’est retrouvée endoctrinée dans une secte patriarcale du fin fond de l’Amérique et cherche aujourd’hui à s’en défaire en retournant chez sa sÅ“ur sans trouver le courage, les mots voir même la volonté de lui dire ce qu’il s’est passé. Entre espoir d’un retour à une vie normale et replongée dans la perdition et la protection du clan, elle hésite et ne sait même plus très bien ou est sa place.

Le portrait à la fois unique et multiple de Martha Marcy May Marlene est dessiné par Sean Durkin avec une grande sensibilité. Construit au travers de multiples flashback nous évitant d’avoir un film en deux partie qui auraient entrainé l’histoire vers d’autres horizons plus convenus, le réalisateur cherche à nous perdre dans les méandres de l’esprit malade de son héroïne. Ce n’est pas pour rien que ses transitions entre passé et présent sont si subtiles et que les lumières soit si travaillées autour de l’aube et du crépuscule, comme pour nous indiquer que le temps est ici suspendu, qu’il n’a plus d’emprise, nous laissant alors dans un confort illusoire pour mieux nous faire perdre nos repères. Pas étonnant alors que Durkin ait alors reçu un prix pour cette mise en scène pleine de promesses.

Le sujet des sectes est rarement abordé au cinéma, d’autant plus aux États-Unis où le sujet est plus ou moins tabou, encore plus de cette manière. Loin de la méthode Hollywoodienne qui aurait voulu une tonne d’action, une dénonciation grossière des procédés de ces corporations, Sean Durkin, en abordant le sujet à travers le portrait de cette jeune fille perdue qui ne retrouve pas de but, montre de manière subtile tous les dégâts psychologiques que peuvent entraîner ces gourous, détruisant ainsi toute volonté propre chez ces personnes fragiles. Il va même ainsi jusqu’à traiter de ce possible dédoublement de personnalité entre la personne que l’héroïne croit être et la place qu’elle a en réalité au sein de cette communauté.

A l’image, Elizabeth Olsen nous trouble autant que son personnage. Caressée par la caméra de Durkin, l’actrice se montre d’un naturel désarmant, d’une sensibilité  à fleur de peau et d’une profondeur immense, livrant tout ce qu’elle a pour nous impliquer dans les craintes, les espoirs, les envies, les colères de son personnage fracturé. Elle est la véritable révélation de Martha Marcy May Marlene face à un Jason Hawkes désarmant. L’acteur favori des films indés incarne ici un patriarche qui fait froid dans le dos, entre l’image rassurante qu’il donne et le monstre qu’il est à l’intérieur et qui ressurgit de manière imprévisible.

Finalement, une fois que l’on a été envouté par Martha Marcy May Marlene, le plus déroutant est sans doute la frustration extrême des dernières images qui laissent clairement dans l’interrogation. Impossibilité pour le réalisateur de choisir ou volonté de laisser le spectateur apporter sa propre conclusion, si l’on est entré dans l’atmosphère envoutante de l’univers de Sean Durkin et si l’on a été séduit par Elizabeth Olsen, cette fin est aura en tout cas sur le spectateur le même effet que sur l’héroïne : le perdre encore plus pour tenter de le faire revenir de manière obsédante.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 21/02/2012 à 14:46 | #1

    Les fin est aussi éclatante que le film est fascinant. Et cette ritournelle de John Hawkes…

  2. 21/02/2012 à 14:46 | #2

    *La fin

  3. 21/03/2012 à 12:26 | #3

    Fascinant, troublant, vaporeux, ce thriller psychologique est un de mes coups de coeur de ce début d’année. L’impression reste malgré un visionnage datant de plus d’un mois et demi.