Accueil > Cinéma, Critiques ciné, Festivals > Maniac, critique

Maniac, critique

posté le 26/05/2012

Projet en gestation depuis un moment sous la houlette du producteur Alexandre Aja, le remake de Maniac a enfin Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©. Entre respect du film culte original et l’apport de nouvelles bonnes idĂ©es , il n’y a finalement pas de raison d’avoir peur du rĂ©sultat.

Au dĂ©but des annĂ©es 80, Maniac s’est vite fait un nom dans le milieu du film d’horreur particulièrement trash et est passĂ© au statut de film culte auprès des passionnĂ©s du genre, notamment par les maquillages et effets gores de Tom Savini. Mais malgrĂ© la psychologie dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e, force est de reconnaĂ®tre aujourd’hui que le film a pris un sacrĂ© coup de vieux. Aussi, quand Alexandre Aja a annoncĂ© sont intention d’en produire un remake, c’est Ă  la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour les fans. D’un cĂ´tĂ©, parce que passer un film d’horreur culte comme celui de Lustig avec Joe Spinell est toujours risquĂ©, de l’autre parce qu’Aja a tout de mĂŞme rĂ©alisĂ© le remake de La Colline a des Yeux qui dĂ©passait en tout point l’original. La mise Ă  jour de Maniac Ă©tait donc attendue au tournant.

Pour ceux qui l’ignorent, Maniac se place complètement du point de vue d’un serial-killer qui se met Ă  tuer des femmes, emportant leurs scalpes en souvenirs. Petit Ă  petit nous en saurons plus sur son complexe et sa psychologie malade. Le scĂ©nario ne va pas chercher bien loin, en particulier dans l’original, mais le duo de scĂ©naristes (Aja et Levasseur) arrive ici Ă  lui donner de l’Ă©paisseur.

Dès les premières images, Franck Khalfoun pose le film dans un hommage respectueux Ă  l’original (avec une musique tout droit issue des annĂ©es 80 et qui nous taraudera pendant tout le film et le cadre urbain qui prend tout de suite de l’importance) mais apporte aussi de nouvelles idĂ©es comme cette dĂ©cision de tourner le film en vue subjective. Nous nous retrouvons alors dans l’esprit malade de Franck et les scènes de meurtres en deviennent plus intenses. Car le gore a beau ĂŞtre prĂ©sent, il n’est pas plus horrible que dans d’autres films, mais la mise en scène et l’identification directe avec le meurtrier intensifient de manière efficace cette impression d’horreur et de violence. Le rĂ©alisateur va mĂŞme aller jusqu’au bout du concept en ne sortant de la vue subjective que pour mieux montrer la monstruositĂ© de son personnage, comme si il voyait d’un coup, au travers d’une expĂ©rience extra-corporelle, les horreurs qu’il Ă©tait en train de commettre.

Mais l’Ă©quipe va aussi approfondir la psychologie de son anti-hĂ©ros. En Ă©tant dans sa tĂŞte, nous verrons ce qui fait de lui un ĂŞtre pathĂ©tique dans sa folie, si bien que nous nous attacherons presque Ă  lui. En ce sens le choix d’Elijah Wood (que l’on sent bien impliquĂ© malgrĂ© le fait qu’on ne le voit pas toujours physiquement) est un parfait contrepied Ă  la masse qu’imposait Spinel. Il joue justement sur un physique plutĂ´t avenant pour emporter la sympathie des jeunes femmes qu’il croisera mais aussi celle du spectateur, seulement trahi par ses grand yeux effrayants.

En plus du respect du ton violent et urbain du film original et de la personnalitĂ© de son meurtrier et Ă  cĂ´tĂ© de cette vue subjective prenante, le film va Ă©galement trouver sa propre personnalitĂ© dans ses choix esthĂ©tiques et musicaux qui contribuent toujours Ă  apporter de la profondeur au film. Ainsi, l’utilisation de musique classique pour illustrer une scène de meurtre ou l’importance importante donnĂ©e aux mannequins contribuent Ă  donner au film une âme torturĂ©e.

Alors qu’on ne s’y attendait pas, Aja et ses acolytes ont finalement bien rĂ©ussi Ă  non seulement rĂ©actualiser avec respect le Maniac de Lustig, mais en plus ils lui ont confĂ©rĂ© une profondeur assez fascinante qui font de ce remake une rĂ©elle rĂ©ussite du genre.

Suivez mes aventures dans une Ă©quipe de blogueurs au festival de Cannes au jour le jour sur le blog live Orange.

Retrouvez Ă©galement l’interview d’Alexandre Aja et Franck Khalfoun rĂ©alisĂ©e grâce Ă  Orange

publié dans :Cinéma Critiques ciné Festivals

  1. 07/08/2012 Ă  01:13 | #1

    Excellent film que j’ai vu au Festival de Cannes, avec l’Ă©quipe justement, invitĂ© pour avoir participĂ© au visuel du film, dans l’utilisation des photos de mannequins que je rĂ©alise (http://davidlaw.fr). La rĂ©alisation soignĂ©e nous plonge dans l’univers vu par les yeux du tueur, les mannequins sont omniprĂ©sents, les visuels Ă©touffants. C’est efficace et beau,c’est ce qui m’a frappĂ©, une esthĂ©tique de l’image hors norme, dans les reflets et les miroirs… J’adhère et j’adore. David Law