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Gangs of Wasseypur, critique

posté le 24/05/2012

gangs of wasseypur critique

La Quinzaine des Réalisateurs a fait escale pendant plus de 5 heures en Inde avec la fresque Gangs of Wasseypur. Une histoire urbaine de gangster toute à la démesure du cinéma de bollywood moderne influencé par les américains mais aux codes profondément indiens.

Lorsque l’on parle de Bollywood, on pense forcĂ©ment au dĂ©cors kitschs, aux costumes magnifiques, aux romances niaises et dĂ©passĂ©es, au jeu très approximatif des acteurs et bien entendu aux chansons et aux chorĂ©graphies dĂ©licieusement ridicules s’Ă©tirant sur plus de 3 heures. Le premier plan de Gangs of Wasseypur est comme cela, mais la camĂ©ra prend très vite du recul et nous nous apercevons alors que c’est une tĂ©lĂ© qui sera dĂ©molie quelques secondes plus tard. Tout de suite, le ton est donnĂ©, le film ne sera pas une Ă©nième bluette indienne. Mais le rĂ©alisateur Anurag Kashyap n’explose cette image que pour y revenir plus subrepticement.

Car Gangs of Wasseypur est avant tout l’histoire de familles de gangsters qui s’opposent pour rĂ©gner en maitre sur les quartiers populaires de Wasseypur. Le but sur plus de 5 heures de films est ainsi de tracer une fresque gĂ©nĂ©alogique complète. Mais plutĂ´t que de s’orienter dans l’aspect romanesque, le rĂ©alisateur oriente son film du cĂ´tĂ© du film de gangster urbain, comme si, très grossièrement, il mĂŞlait Slumdog Millionnaire Ă  au Parrain (cette comparaison est Ă©videmment Ă  relativiser et le film est Ă©videmment très loin d’Ă©galiser la trilogie des Corleone).

Toutefois, le rĂ©alisateur a un gros problème de narration. En effet, sur les 5 heures de film, les premières 90 minutes servant Ă  poser le contexte et les personnages sont brouillonnes. En ayant beaucoup trop de choses Ă  raconter, il va trop vite et reste assez confus sur les 2 premières gĂ©nĂ©rations de gangsters. Heureusement, cela s’arrange ensuite et devient beaucoup plus plaisant Ă  suivre, notamment grâce Ă  un rythme frĂ©nĂ©tique qui enchaine les Ă©vĂ©nements, les changements de camps, les apparitions de nouveau personnages, les morts violentes et sanglantes, … Il souffrira mĂŞme de vouloir trop en mettre dans la dernière bobine qui s’appuie sur la voix off pour dĂ©rouler la conclusion un peu expĂ©diĂ©e. En cela le film aurait en fait gagnĂ© Ă  n’ĂŞtre centrĂ© que sur le segment principal du fils prenant le pouvoir, zappant ainsi la première partie et apportant plus de profondeur Ă  la conclusion. Il n’en reste pas moins qu’on se laisse prendre au jeu devant le spectacle disproportionnĂ© du film.

Avec un tel spectacle, Gangs of Wasseypur donne un coup de pied dans la fourmilière du cinĂ©ma indien que l’on a peu l’habitude de voir, en particulier sous cette forme urbaine et moins rĂŞveuse, dans nos contrĂ©es. Mais malgrĂ© les apparences, il ne le rĂ©volutionne pas complètement non plus. Car comme dans tout film de Bollywood, Kashyap est gĂ©nĂ©reux. Et il y va ici clairement en alignant les moments de n’importe quoi grandiloquents et en mĂŞme temps assez cheaps, que ce soit dans les assassinats, dans un gunfight final dans un hĂ´pital tout en faisant partir le scĂ©nario un peu dans tous les sens (sur 5 heures de films, il y a de quoi faire !). Et si il n’y a pas de sĂ©quences clipesques chorĂ©graphiĂ©es, on n’Ă©chappera pas aux chansons qui rythment l’action Ă  longueur de film. Sans oublier l’humour dĂ©samorçant rapidement la violence, le traitement purement indien du thème des gangsters et des mafias, du sort particulier rĂ©servĂ© aux femmes (relĂ©guĂ©es complètement au second plan) et des personnages finalement assez vides, reflets d’archĂ©types du genre mais qui nous entrainent malgrĂ© tout efficacement dans un rĂ©cit assez dense.

On aurait pu s’attendre Ă  5 heures d’ennui et, mĂŞme si le film a du mal Ă  dĂ©marrer, ce Gangs of Wasseypur se rĂ©vèle tout de mĂŞme assez prenant pour peu que l’on adhère au style indien toujours lĂ©gèrement too much et kitsch. En spectacle unique et il n’y avait bien qu’en festival que l’on pouvait voir ça.

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publié dans :Cinéma Critiques ciné Festivals

  1. Babu Bollywood
    02/06/2012 Ă  13:25 | #1