Accueil > Actu ciné, Cinéma, Critiques ciné, Festivals > Etrange Festival 2012 : 4e partie

Etrange Festival 2012 : 4e partie

posté le 20/09/2012

L’Ă©trange festival continue de plus belle et on s’attaque maintenant Ă  quelques poids lourds de la compĂ©tition avec Insensibles, Antiviral et A Fantastic Fear of Everything. Mais il y a aussi un peu de rĂ©tro (Mort sur le Gril) et une fausse bonne idĂ©e (Resolution).

Il s’agit sans doute de l’un des films les plus attendus du festival. Premier essai sur grand Ă©cran de l’espagnol Juan Carlos Medina après un court-mĂ©trage prometteur, Insensibles a tous les ingrĂ©dients pour emporter l’adhĂ©sion. Et pour cause, dans la droite lignĂ©e de ce qu’a pu faire Guillermo Del Toro avec l’Echine du Diable, Medina nous emmène dans un hĂ´pital oĂą sont internĂ©s des enfants insensibles Ă  la douleur Ă  la veille de la guerre civile et de l’arrivĂ©e de Franco. Avec une parfaite maĂ®trise, le rĂ©alisateur arrive dans la première partie du film Ă  crĂ©er en empathie pour ces mĂ´mes mais joue aussi sur le malaise qui se crĂ©Ă© quand l’innocence est mĂŞlĂ©e Ă  d’horribles mutilations inconscientes. L’atmosphère est dure et va s’assombrir encore quand l’hĂ´pital tombera sous le joug de l’armĂ©e et s’intĂ©ressera particulièrement Ă  l’un des enfants qui en deviendra l’un des instruments.
Et c’est Ă  ce moment lĂ  que le rĂ©cit devient malheureusement moins prenant, parasitĂ© par une structure en flashbacks, il ne nous laisse malheureusement pas sombrer suffisamment dans la folie de cet hĂ´pital et des tortures qui y sont subies mais en plus, le final devient alors assez prĂ©visible. L’influence de Del Toro dans l’enfance dĂ©sespĂ©rĂ©e et le portrait d’une Espagne chancelante devient alors trop Ă©vidente pour se prendre au jeu. Toutefois, il faut reconnaitre au rĂ©alisateur un vĂ©ritable talent pour nous emmener dans ce sombre rĂ©cit avec une triste poĂ©sie et il est certain qu’il est Ă  suivre de très près.

MontrĂ© en sĂ©lection Un Certain Regard Ă  Cannes, le premier film de Brandon Cronenberg (fils de …), Antiviral, avait divisĂ©. Aujourd’hui, il a Ă©tĂ© remontĂ© pour ĂŞtre prĂ©sentĂ© Ă  Toronto mais aussi Ă  L’Étrange Festival. Dans la droite lignĂ©e de son père, le jeune rĂ©alisateur dĂ©veloppe un univers froid et hypnotisant. Dans le monde d’Antiviral, le public est tellement obnubilĂ© par les stars qu’il en vient Ă  vouloir les mĂŞme maladies qu’elles, c’est ainsi que la clinique oĂą travaille Syd March revend Ă  tour de bras les dernières infections de la superstar Hannah Geist. Mais pour arrondir ses fins de mois, il transmets aussi des souches de virus Ă  un dealer du coin. C’est ainsi qu’il se retrouve porteur du virus qui vient de faire mourir la star. Il va alors tout tenter pour trouver un remède.
Antiviral se pose ainsi comme une critique acerbe de notre sociĂ©tĂ© de consommation et de la starification Ă  outrance. Le rĂ©alisateur n’hĂ©site pas Ă  montrer des steaks faits Ă  partir de cellules des stars consommĂ©s par les fans vus alors comme des mort-vivants. Un point de vue qui fait froid dans le dos mais qui montre bien les dĂ©rives vers lesquelles les mĂ©dias tendent. D’un autre cĂ´tĂ©, comme son père, Brandon Cronenberg montre une vĂ©ritable obsession pour la chair et le sang. Un obsession maladive de la dĂ©gĂ©nĂ©rescence des corps qui n’a rien Ă  voir la simple copie du paternel mais s’inscrit plus avec une vĂ©ritable hĂ©rĂ©ditĂ©. Une chose est sĂ»re, alors que David Cronenberg nous a déçu cette annĂ©e avec des films trop bavards, la relève est ici assurĂ©e. Certainement l’un des meilleurs chocs du festival !

De temps en temps, Simon Pegg arrive Ă  s’affranchir de ses compères Nick Frost et Edgar Wright et c’est dans A Fantastic Fear of Everything que nous le retrouvons. Il interprète ici un Ă©crivain de livre pour enfants qui, en changeant de registre pour partir sur les traces de serial killers, devient complètement parano et agoraphobe. Dès lors, la prĂ©paration de son rendez-vous qu’il a avec un producteur hollywoodien pour adapter son livre sur grand Ă©cran devient un parcours du combattant.
Le film s’articule en deux parties, d’un cĂ´tĂ©, nous dĂ©couvrons le personnage de Simon Pegg chez lui, hirsute, Ă  l’affut du moindre drap volant Ă  cause d’un courant d’air ou du moindre craquement de plancher. On croit alors Ă  un huis-clos paranoĂŻaque et affabulateur oĂą Pegg fait le show un brin trop longtemps jusqu’Ă  ce qu’il doivent accomplir un pĂ©riple incroyable … au lavomatic du coin malgrĂ© un serial killer qui rĂ´de !  Complètement absurde l’acteur s’en donne Ă  cĹ“ur joie et dĂ©clenche rĂ©gulièrement le rire. Toutefois, malgrĂ© un style british jouant assez justement sur l’Ă©quilibre entre le thriller et la comĂ©die, l’histoire patine tout de mĂŞme pas mal avec de sacrĂ©es longueurs en ayant du mal Ă  se trouver Ă  cĂ´tĂ© du show de Simon Pegg.

L’une des choses intĂ©ressantes de l’Étrange Festival est Ă©galement de laisser carte blanche Ă  certains rĂ©alisateur pour nous faire (re)dĂ©couvrir des bijoux du cinĂ©ma ou des plaisirs coupable. Cette annĂ©e, Jan Kounen s’est donc amusĂ© et a ouvert sa sĂ©lection avec un film trop mĂ©connu de Sam Raimi, Mort sur le gril. RĂ©alisĂ© après Evil Dead, sur un scĂ©nario de ses amis les frères Coen, le futur rĂ©alisateur de Spider-Man se lançait ici un cartoon live. Il n’y a qu’Ă  voir le pitch pour s’en rendre compte : un installateur de vidĂ©o surveillance doit Ă©chapper Ă  deux dĂ©ratiseurs cinglĂ©s et sauver la femme qu’il aime en secret.
Un brin trop long mais bourrĂ© d’idĂ©es (cette sĂ©quences avec les portes du hall d’exposition), il ne manquait plus que Roger Rabbit pour se joindre Ă  la fĂŞte et Ă  la bonne humeur sans prĂ©tention de ce petit dĂ©lire. Assez anecdotique dans la carrière du rĂ©alisateur, il reflète toutefois un penchant pour le cartoon que l’on dĂ©cèlera dans ses prochaines productions. Et Ă©videmment, inĂ©narrable Bruce Campbell est de l’aventure.

Avec Resolution, les rĂ©alisateurs Justin Benson et Aaron Moorhead tenait lĂ  un bon petit concept qui permettait, avec une lĂ©gère touche de fantastique, de toucher un peu Ă  un malaise de l’AmĂ©rique profonde et Ă  la drogue. Après avoir reçu une vidĂ©o  de son meilleur ami complètement camĂ©, Michael dĂ©cide de lui venir en aide. Il va alors l’isoler chez lui et le sevrer de toute drogue mais en plus des dealers et propriĂ©taires qui viendront rĂ©clamer leur du, d’Ă©tranges messages sont adressĂ©s aux deux amis.
HĂ©las, l’histoire se rĂ©vèle vite ĂŞtre une fausse bonne idĂ©e. Le film tournant en rond sans arrĂŞt sans jamais s’Ă©tendre Ă  un problème un peu plus vaste, il rĂ©pète encore et toujours les mĂŞmes scènes entre les deux amis. Et d’un autre cĂ´tĂ©, les mystĂ©rieux message reçus par photo, vidĂ©o, cassettes, … orientent le film vers un mauvais blair witch dont on sait qu’on sait très vite qu’on n’aura pas la rĂ©ponse. Pourtant, malgrĂ© un budget fauchĂ© les rĂ©alisateur arrivent Ă  poser de bonnes bases mais en trainant en longueur avec un intĂ©rĂŞt tout relatif, le film trouve vite ses limites.

Et retrouvez tous les films en vus en liens dans la programmation Ă  jour.

publié dans :Actu ciné Cinéma Critiques ciné Festivals

  1. Pas encore de commentaire