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Culte du dimanche : Lawrence d’Arabie

posté le 02/12/2012

A l’occasion de sa sortie dans une édition restaurée de toute beauté éditée dans un magnifique coffret bluray, il était temps d’écrire sur le chef d’œuvre de David Lean et l’un des plus grands films du cinéma hollywoodien sur un personnage encore mystérieux dont le nom invite à l’évasion et au grand cinéma : Lawrence d’Arabie.

Après le succès et une pluie d’oscars pour Le Pont de la Rivière Kwaï en 1957, le réalisateur britannique David Lean et son producteur Sam Spiegel entame un nouveau projet d’envergure en s’attaquant à l’histoire exceptionnelle de T.E. Lawrence. L’homme qui a joué un rôle considérable dans la révolution arabe du début du XXe siècle a maintes fois intrigué et nombreux ont été les projets de biopics qui ne se sont jamais concrétisés. Il faut dire que le sujet est politiquement complexe et que l’homme ne l’est pas moins, sans parler de la logistique pour mener un tel projet.

Mais cela n’effraie pas les deux compères qui s’attèlent à la tâche avec une grande ambition en adaptant l’autobiographie Les Sept Piliers de la Sagesse de T.E. Lawrence. Sans stars, sans romance (aucun rôle féminin), sans beaucoup d’action, avec un tournage étalé sur 1 an en plein désert (de l’Espagne à la Jordanie en passant par le Maroc et la Syrie), David Lean maintient pourtant le cap de sa fresque à la fois personnelle et épique racontant le destin d’un simple officier de liaison britannique qui deviendra l’acteur principal de la lutte des arabes contre les turcs en les incitant à créer une grande nation, sans toutefois oublier que la Grande-Bretagne a des intérêts dans la région.

Le film débute pourtant directement sur la mort de T.E. Lawrence et les réactions contrastées des personnes après son enterrement. D’emblée, le réalisateur nous présente alors, sans nous le montrer, un personnage sujet à controverse que seule la guerre peut créer. Assez excentrique et idéaliste, le futur Lawrence d’Arabie fait déjà preuve d’un sacré caractère et va aller bien au delà de sa mission de simple intermédiaire.
Durant cette fresque romanesque de près de 4 heures, on s’attache à l’homme qui ne cessera d’évoluer
. Alors que les événements s’intensifient, qu’il se lie aux arabes et que les batailles deviennent plus dures, le personnage devient plus complexe, partagé entre le remord et le plaisir de tuer pour une cause, entre cette volonté sourde de faire bouger le monde répondant à une certains crise de mégalomanie et de folie consciente.

Cette évolution est symbolisée en partie par les vêtements qu’il porte. Alors qu’il devient l’arabe blanc et pur en étant adopté par la tribu après avoir sauver une vie en plein désert, cette blancheur sera ensuite entachée par le sang et la poussière à mesure que les actes qu’il commet seront méprisable. Le spectateur va alors se détacher du personnage sans pour autant s’en éloigner. Car si Lawrence devient de moins en moins attachant, il développe en parallèle une certaine fascination devant sa complexité et sa folie. Une telle exploration psychologique n’aurait pas pu être sans la manière incroyable de jouer de Peter O’Toole, alors presque inconnu.

Si David Lean nous offre un portrait complexe de l’homme, il n’en oublie pas forcément le spectacle. Mais au lieu de nous livrer de grandes batailles épiques à Aqaba et Damas, il passera rapidement dessus pour nous en montrer les conséquences. Non pas que ces batailles soient éludées (elle constituent des moments de bravoure attendus pour faire évoluer le personnage), mais elles sont loin de constituer l’essentiel du récit.
En fait, le spectacle de ces 4 heures ce trouve plutôt dans la mise en scène qu’adopte le réalisateur pour nous embarquer aux côté de Lawrence dans le désert d’Arabie. Avec des images sublimes qui nous laissent tout le loisir d’admirer les étendues désertiques et exotiques que traverse le héros sur la musique de Maurice Jarre qui renforce ces moments exceptionnels, le réalisateur nous emporte dans un autre temps, un autre monde encore rempli de mystères, entre tradition orientale et modernité occidentale.

S’attachant principalement à développer un personnage qui n’a rien de manichéen, David Lean révèle bien toute l’ambiguïté des conflits qui règnent au proche orient, depuis les croisades jusqu’à nos jours. Avec Lawrence d’Arabie, il nous offre un grand spectacle  et un portrait passionnant mais touche aussi assez justement un sujet politique complexe qui raisonne encore aujourd’hui. Avec la révélation de Peter O’Toole et Omar Sharif, il en résulte un film toujours aussi passionnant et intemporel malgré ses longueurs, un véritable chef d’œuvre qui remportera 7 oscars et fera un triomphe au box-office. Et encore aujourd’hui, il est considéré comme l’un des plus grands films du cinéma américain.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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