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Culte du dimanche : the Virgin Suicides

posté le 02/09/2012

Aujourd’hui, intĂ©ressons-nous au premier film d’une auteure qui a su dĂ©velopper un ton et un univers personnel en Ă©chappant Ă  l’ombre de son père pour se faire un vrai prĂ©nom et devenir l’une des chantres de mouvement « indie » amĂ©ricain : Virgin Suicides de Sofia Coppola.

Si elle ne rĂ©alise son premier film qu’en 1999, Sofia Coppola n’a jamais Ă©tĂ© très loin des plateaux. La fille du lĂ©gendaire Francis Ford a en effet toujours Ă©tĂ© dans les pas de son père qui lui a mĂŞme confiĂ© quelques petits rĂ´les dès Le Parrain. Il faut dire qu’avec une famille qui baigne dans le cinĂ©ma, son destin Ă©tait presque tout tracĂ©. Sans jamais renier son hĂ©ritage, elle va alors tenter de montrer qu’elle a toute sa place dans la lignĂ©e Coppola. Son premier film sera donc l’essence mĂŞme de son cinĂ©ma, que ce soit dans les thèmes ou dans l’esthĂ©tique.

En effet, après un court-mĂ©trage, Sofia Coppola choisit pour son premier film d’adapter le roman de Jeffrey Eugenides, The Virgin Suicides. Dans l’AmĂ©rique puritaine des annĂ©es 70, la benjamine des sĹ“urs Lisbon fait une tentative de suicide. Après cet Ă©vĂ©nement, la famille va se replier sur elle-mĂŞme alors que les filles connaissent leurs premiers Ă©mois et que des garçons du voisinage tombent dĂ©sespĂ©rĂ©ment amoureux d’elles.

Les premières images du film nous plongent tout de suite dans l’ambiance. Sur la musique atmosphĂ©rique des frenchies de Air, Sofia Coppola nous prĂ©sente les 5 sĹ“urs Lisbon, adolescente virginales qui font rĂŞver tous les garçons du quartier. Elles les font d’autant plus rĂŞver que, placĂ©es sous la surveillance d’une mère possessive, elles font un peu figure d’interdit. Un statut et un isolement que les jeunes filles ont du mal a accepter. Avec the Virgin Suicides, la rĂ©alisatrice peint le portrait d’une adolescence difficile qui, sous couvert d’une certaine chaleur mais aussi d’un recul nĂ©cessaire, se rĂ©vèle horrible. Du suicide de la jeune Cecilia aux dĂ©rives de Lux, jusqu’au terrible final, Sofia Coppola n’hĂ©site pas Ă  montrer la pression qu’ont vĂ©cu ces jeunes filles mais ne va pas non plus forcer le trait, prĂ©fĂ©rant rester dans une certaine retenue, prenant le point de vue des jeunes amoureux transis d’en face pour donner une touche poĂ©tique à  ces destins tragiques.

D’une certaine manière, Sofia Coppola rĂ©alise avec Virgin Suicides un portrait de l’AmĂ©rique qu’elle a vu Ă  travers les films de son père en replongeant dans les annĂ©es 70 et d’un autre, la rĂ©alisatrice a du retrouver un peu de son histoire en s’intĂ©ressant Ă  cette famille renfermĂ©e un peu sur elle-mĂŞme comme le clan Coppola l’est un peu vis-Ă -vis d’Hollywood. Une manière pour elle de s’affranchir du nom de son père pour se faire un prĂ©nom tout en poursuivant sur la mĂŞme voie.

Mais Virgin Suicides marque aussi les thèmes que va aborder Sofia Coppola par la suite. La solitude, l’ennui, l’adolescence trop encadrĂ©e mais aussi cette impression d’ĂŞtre un Ă©ternel adolescent sont certains des thèmes que l’on retrouvera dans Lost in Translation, Marie-Antoinette ou Somewhere qui auront toujours pour hĂ©ros des personnages lĂ©gèrement perdus, en plein spleen. Le spleen est d’ailleurs l’essence mĂŞme du cinĂ©ma de Sofia Coppola qui, avec Virgin Suicides compose dĂ©jĂ  des plans dĂ©gageant une beautĂ© Ă©thĂ©rĂ©e et aĂ©rienne, d’une lĂ©gèretĂ© apparente toujours renforcĂ©e par une musique planante 100% indĂ©. Tout de suite, ces thèmes et ces choix plastiques ont fait de la rĂ©alisatrice une icĂ´ne de la culture indĂ©pendant amĂ©ricaine.

Il ne faudrait pas non plus oublier la rĂ©vĂ©lation du film qu’est Kirsten Dunst. Car si la jeune actrice Ă©tait dĂ©jĂ  connue après Entretien avec un Vampire et avait fait quelques films pour enfants (Jumanji et Small Soldiers) lui permettant d’ĂŞtre la girl next door idĂ©ale (image qu’elle cultivera en incarnant Mary-Jane Watson dans la trilogie Spider-Man de Sam Raimi, seuls blockbusters Ă  son actif), Virgin Suicides oriente clairement sa carrière vers un cinĂ©ma indĂ©pendant affirmĂ© qui culminera avec son interprĂ©tation rĂ©compensĂ©e Ă  Cannes pour Melancholia.

Confirmation d’une actrice de talent, rĂ©vĂ©lation d’une cinĂ©aste en passe de faire honneur au talent familial, The Virgin Suicides est donc aussi le film iconique d’une nouvelle vague du cinĂ©ma indĂ©pendant amĂ©ricain qui marque les ados de l’aube des annĂ©es 2000 pour qu’aujourd’hui, Kirsten, Sofia et le film soient cultes.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 05/09/2012 Ă  17:29 | #1

    Encore aujourd’hui cela reste mon Sofia Coppola prĂ©fĂ©rĂ© 🙂