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Culte du dimanche : Poltergeist

posté le 04/11/2012

Après Halloween, revenons sur l’un des classiques de l’horreur des années 80, une histoire de fantômes produite  par Spielberg : Poltergeist.

Alors qu’il était en train de préparer son film le plus personnel, E.T. l’extra-terrestre dont le message était d’une simplicité enfantine avec une émotion unique, dans l’ombre, Spielberg s’attelait aussi à l’écriture et à la production de Poltergeist. Il y raconte ici l’histoire d’une famille dont la vie quotidienne va être bouleversée par l’apparition de phénomènes étranges dans leur maison. Et très vite, ces phénomènes vont devenir agressifs et les mettre en danger, en particulier la benjamine qui semble développer un lien spécial avec ces esprits.

On a beau parler de Steven Spielberg pour l’aspect merveilleux de son cinéma, il ne faudrait pas oublier qu’il est aussi un spécialiste du suspense qui ne recule devant quelques effets horrifiques comme l’ont montré Duel, Les Dents de la Mer7 ou Jurassic Park. Pourtant, il s’est rarement attaché à un film purement horrifique, préférant en général déléguer cet aspect de sa personnalité à d’autres réalisateurs. C’est d’ailleurs l’une des raison qui le mèneront à ne faire que produire le Gremlins par Joe Dante. C’est aussi ainsi qu’il confie Poltergeist à Tobe Hooper, le réalisateur de Massacre à la Tronçonneuse. Une association étonnante étant donné la carrière horrifique et sans concessions de Hooper et la sensibilité de Spielberg.

Assez vite, Spielberg va s’impliquer bien plus que prévu sur le tournage de Poltergeist. Car en plus de la production et de l’écriture du film, il n’hésitera pas à prendre la caméra pour tourner certaines séquences. On ne connaitra au final jamais la proportion de scènes tournées par Spielberg mais il est indéniable que le film porte sa marque. Cela se ressent à la fois dans le contexte de l’histoire avec la famille de banlieue qui va se retrouver impliquée dans des événements étranges mais aussi dans la manière d’aborder le fantastique, d’une manière merveilleuse (un peu à la manière de Rencontres du 3e type) avant que celui-ci vire à l’horreur. Un peu comme si le Spielberg producteur faisait de Poltergeist une version horrifique de E.T. où l’extra-terrestre aurait kidnappé l’enfant.

Toutefois, Tobe Hooper a tout de même réussi à garder la main sur certaines choses et cela se ressent dans le propos politique du film. Spielberg n’a jamais fait preuve d’un trop grand engagement politique dans ses films, surtout au début de sa carrière mais cela ne dérange pas Hooper qui n’avait pas hésiter à démonter le mythe américain dans Massacre à la Tronçonneuse. En débutant son film avec l’hymne américain, un père de famille agent immobilier lisant un livre sur Reagan et une famille obnubilée par la télé (à tel point qu’on en trouve une dans presque chaque pièce) pour détruire petit à petit leurs certitudes, le réalisateur  détruit mine rien une certaine vision de l’american way of life.
Un propos qui prend encore plus de sens quand on sais que ce mode de vie banlieusard repose sur un cimetière, comme si les capitalistes s’étaient assis sur les cadavres qui leur ont apporté tant d’argent mais que ceux-ci allaient leur rendre la pareille.

Mais au delà du petit propos politique, Poltergeist est tout de même un véritable film d’horreur qui fait monter la pression petit à petit et finit par imposer des visions d’horreur en sortant les squelettes du sous-sol pour faire vivre à cette famille un véritable enfer. Ainsi, on est régulièrement surpris par les chemins que prend l’intrigue qui joue sur les peurs ancestrales des parents, les peurs plus enfantines (le monstre du placard, la marionnette inanimée qui se met à bouger) et la peur de la modernité (la télévision). On se retrouve au final avec un film d’angoisse diablement efficace qui peut également se regarder comme un bon train fantôme duquel on ressortira, comme les héros, secoués mais indemnes.

Malgré ses malédictions sur le tournage, Poltergeist se révèle donc être une véritable réussite et deviendra vite un classique du film d’horreur des années 80 et le plus gros succès de Hooper qu’il ne réitérera pas. Et à l’heure où Paranormal Activity cartonne sans raison, il est bon de replonger dans de véritables films d’horreur qui plongent dans les angoissent du quotidien et on redoute déjà le remake en cours de production.

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