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Culte du dimanche : L’Echine du Diable

posté le 29/01/2012

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En plein festival de Gerardmer, il Ă©tait impensable de ne pas revenir sur l’un des films qui a marquĂ© la vie du festival et dont le rĂ©alisateur est aujourd’hui devenu l’un des crĂ©ateurs les plus ambitieux du cinĂ©ma avec son univers fantasmagorique. Il s’agit bien sur de l’Échine du Diable de Guillermo del Toro.

echine du diable afficheAprès son escapade amĂ©ricaine dans les rames du mĂ©tro New-Yorkais avec Mimic, Guillermo Del Toro a prĂ©fĂ©rĂ© revenir rapidement Ă  un cinĂ©ma plus intimiste, dans la veine de son premier film Cronos. Le mexicain dĂ©barque alors en Espagne oĂą il trouve le soutien des frères Almodovar qui vont l’aider Ă  raconter une histoire fantĂ´me très personnelle mais qui parle aussi de l’histoire du pays. Avec l’Échine du Diable, il va s’inscrire dans la nouvelle vague du cinĂ©ma de genre espagnol aux cĂ´tĂ© d’un certain Alejandro Amenabar (Les Autres).

Alors que l’Espagne est en pleine guerre civile, le jeune orphelin Carlos est recueillit dans un Ă©tablissement catholique oĂą il sera malmenĂ© par les autres enfants et l’homme Ă  tout faire  Jacinto. Mais il sera aussi perturbĂ© par le fantĂ´me d’un enfant, mort alors qu’une bombe a atterri dans la court sans exploser quelques temps auparavant. Pour la première fois, Del Toro va mĂŞler la petite et la grand histoire pour arriver Ă  un discours d’une grande profondeur prĂ©figurant par de nombreux dĂ©tails (le ton, le contexte, le rĂ´le de Jacinto) son magnifique Labyrinthe de Pan.

Avec l’Echine du Diable, Guillermo Del Toro ne montre pourtant pas encore l’Ă©tendue de son univers. Ici, pas de monstres merveilleux, pas d’insectes et son obsession pour les mĂ©canismes est plus que discrète (le sourd tic tac de la bombe). Ici, il travaille dans un registre plus rĂ©aliste mais place encore une fois l’enfant au centre du rĂ©cit. Comme souvent, il s’agit d’un orphelin qui ne trouve pas sa place et ne fait pas confiance aux adultes. Comme les monstres qu’il traite habituellement, le fantĂ´me n’est pas ici un ĂŞtre malĂ©fique. Tout est fait dans la mise en scène de Del Toro et dans la musique pour ne pas le rendre menaçant mais plutĂ´t pour nous faire ressentir de la compassion Ă  son sujet car le vĂ©ritable monstre est humain, adulte, cupide en la personne de Jacinto.

Mais le fantĂ´me et la menace de l’adulte ne sont pas les seuls sujets du film. La notion de fantĂ´me est Ă  Ă©tendre Ă  tous les habitants de l’orphelinat. Car depuis l’arrivĂ©e de cette bombe qui a comme suspendu le temps et la mort de ces enfants, tous sont dans une situation d’attente et de malaise, ne trouvant plus leur place. Ainsi, Carlos attend son père qu’il ignore mort au combat, Jaime a du mal Ă  faire face Ă  la mort de son ancien ami, Carmen est prisonnière après la perte de sa jambe, le vieux Casares s’enferme dans ses poèmes mais ne peux plus apporter de bonheur et Jacinto est perdu, sans repères. De ces personnages mais aussi de ce lieu isolĂ© (rappelant mĂŞme parfois certains dĂ©cors de western en plein dĂ©sert) qu’est l’orphelinat, se dĂ©gage alors une atmosphère Ă©trange, irrĂ©elle, comme si ils Ă©taient les seuls survivants de cette guerre civile, attendant d’ĂŞtre jugĂ©s.

L’Échine du Diable n’est finalement en aucun cas un film d’horreur mais plutĂ´t un conte fantastique pour adultes qui se concentre plus sur l’Ă©motion que sur la peur. Guillermo Del Toro a progressĂ© depuis Cronos, dans sa mise en scène comme dans manière de raconter le rĂ©cit mais en renforçant encore sa patte personnelle. En dĂ©tournant habilement les clichĂ©s du genre (qui auraient voulu que le fantĂ´me soit mauvais) et en s’intĂ©ressant de près Ă  l’histoire de l’Espagne, il confirme son talent pour parler de problèmes très rĂ©els et difficiles dans un univers fantastique. Pourtant, le film reste encore assez confidentiel et devra sa renommĂ©e aux nombreux festivals dans lesquels il amassera de nombreux prix, mais pour tous les amateurs de fantastique, il est clair que Del Toro est Ă  suivre de près… et le temps leur donnera raison.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. arinadina
    30/10/2015 Ă  01:01 | #1

    OĂą est-ce que l’on peut lire le poème, que le docteur rĂ©cite Ă  la directrice mourante?