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Une Séparation, critique

posté le 28/06/2011

une separation critique

Un film iranien est en train de se faire une sacrée réputation en salles. Il s’agit d’Une Séparation de Asghar Farhadi. Et quand on voit la qualité et l’universalité de son propos, on comprend tout de suite pourquoi il gagne chaque jours de nouveaux spectateurs.

une separation afficheSur MyScreens, bien à l’aise dans notre fauteuil avec des films US et Européens, on n’a pas vraiment l’habitude de parler des cinémas du monde qui font le portrait d’un société. Encore moins des films du moyen-orient. Mais le bouche à oreille dithyrambique des confrères blogueurs et lecteurs cinéphiles à tout de même pousser ma curiosité à aller voir Une Séparation. Après tout, le cinéma c’est aussi une fenêtre ouverte sur le monde remplie de découvertes.

Autant le dire tout de suite, le cinéma sociétal n’est pas vraiment ma tasse de thé et le début du film ne m’a pas éveillé un grand intérêt. Après tout, l’histoire d’un couple qui divorce et embauche une femme de ménage, il n’y a rien de moins passionnant au cinéma. Seulement voilà, Asghar Farhadi ne s’appesantit jamais sur son sujet pour le dépasser et y apporter plus qu’un fait de société. En effet, l’incident qui aura lieu entre cette famille décomposée et celle de la femme de ménage va emporter le récit dans une direction plus qu’intéressante.

En effet, à partir de cet instant, le réalisateur arrive à donner à son histoire un aspect d’enquête au cours de laquelle on se demande qui est vraiment responsable et quel parti a raison de porter plainte. Avec quelques retournements de situation et révélations qui viennent s’ajouter aux explications, touts les indices sont là pour nous permettre de percevoir la réalité sans manichéisme autour des personnages. Par ce prisme, il est donc plus facile d’entrer dans l’histoire et de s’intéresser à tout ce qui va entourer ces deux couples qui s’affrontent.

Car au final, l’enquête n’est qu’un prétexte pour nous montrer comment deux familles peuvent souffrir d’un manque de communication et ce, peu importe les circonstances. Les personnages sont tous à fleur de peau. D’un côté, nous avons un couple en plein divorce, s’arrachant l’amour de leur enfant qui ne peut choisir entre ses deux parents. L’incident va alors révéler certaines facettes de ses deux parents qui vont la chambouler dans ses choix possible.
D’un autre côté, nous avons un autre couple qui a déjà souffert d’une séparation et ne veut plus se retrouver l’un sans l’autre mais ils ne peuvent tout se dire, sont obligés de se cacher des choses. Mais ils gardent tout de même cette rage, cette soif de justice qui leur a déjà été enlevée précédemment.

La séparation du titre est donc multiple dans le film. Elle concerne chacun de ces deux couples, leurs relations passées et présentes mais aussi leurs relations avec les enfants qui en souffrent. Mais ce n’est pas tout car avec une subtilité bien amenée, le réalisateur capte aussi un mal être de la population iranienne. Bien sûr, le système judiciaire plus que bancal est ici mis à mal de manière flagrante, mais avec les relations entre ces personnages, c’est tout un portrait de la population entre modernité et respect de certaines traditions que propose le réalisateur sans jamais faire dans la lourde démonstration.
Au contraire, c’est ici abordé avec une grand justesse et le message passe d’autant mieux. D’ailleurs ce message n’est pas à prendre seulement pour la société iranienne car ce qui arrive à ces héros du quotidien est susceptible d’arriver partout, à tout le monde, rendant ainsi son propos plus fort et plus universel.

Le succès critique et public d’Une Séparation est donc amplement mérité. Avec un sujet qui pouvait vite être assez lourd dans la chronique sociétale, Asghar Farhadi arrive à nous embarquer dans cette tempête entre des personnes que tout sépare. Avec un mise en scène réaliste et des comédiens très juste, le film s’avère être extrêmement touchant. Une vraie découverte.

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