Accueil > Actu ciné, Cinéma > The Lady, rencontre avec Eric Serra

The Lady, rencontre avec Eric Serra

posté le 05/12/2011

rencontre eric serra the lady

A l’occasion de la sortie de The Lady la semaine dernière, nous avons eu l’occasion de rencontrer le compositeur de la bande-originale du film, Eric Serra. L’occasion de lui poser quelques questions sur sa relation de travail avec Luc Besson, la musique de The Lady et quelques projets à venir.

MyScreens РThe Lady, nouveau film avec Luc Besson, ̤a fait plus de 25 ans que vous travaillez avec lui ! Comment a ̩volu̩ votre relation de travail depuis le temps ?
Eric Serra –
Oui, la première fois que j’ai travaillé avec lui s’était pour son premier court-métrage en  1979 je crois, ça fait 32 ans ! Ça me rajeuni pas ! On a démarré ensemble, son premier court était ma première musique et ça créé des liens. Il nous est arrivé des choses magnifiques et on se connait de mieux en mieux. On a de plus en plus établi un langage précis, efficace. On sait se comprendre professionnellement parlant. On se parle un peu, on se comprend ce qui est déjà pas évident. Un réalisateur et un compositeur, ce sont des personne qui à priori viennent de deux planètes différentes donc c’est pas évident de se comprendre. Quand on a la chance qu’un chimie fonctionne comme ça dès le départ, elle se développe et elle se paufine.

MS – Quelle méthode de travail vous avec avec Luc Besson ? Concrètement, comme ça se passe quand vous commencez à travailler sur un film ensemble ?
ES –
En général il me raconte son film ou me donne le scénario. Alors je commence à réfléchir à l’univers musical qui va correspondre, des couleurs, des palettes de sons. J’essaie de trouver une identité musicale qui va correspondre au film. Si il y a lieu, comme c’est le cas pour The Lady, je vais chercher des éléments ethniques à utiliser. Là, je me suis intéressé à la musique Birmane pour voir si je pouvais quelque couleurs, quelques sonorités pour ajouter cet élément ethnique, j’aime beaucoup ça. D’une manière générale j’aime mélanger les genres, du symphonique, de l’électro, de l’ethnique, du rock pour arriver à créer des couleurs nouvelles. Par contre j’attends ensuite de voir un premier montage pour commencer à écrire. J’écris vraiment à l’image donc entre les deux, ça reste très abstrait.
Au premier montage, on fait une séance de travail ensemble. On regarde le film dans son ensemble puis scène par scène, il m’indique quel rôle je dois jouer. Luc a toujours une idée précise, il sait ce que a musique doit jouer, quelle émotions elle doit évoquer. A moins alors de traduire musicalement ce qu’il m’a dit. C’est là qu’il y a de moins en moins d’ambiguïté vu le temps depuis lequel on travail ensemble.

MS – La musique a une place très importante dans The Lady, notamment ce thème qui navigue très justement entre l’intimiste propre au film et un côté plus épique.
ES –
Je compose instinctivement et émotionnellement donc suivant la motivation et l’importance des scènes je travaille jusqu’à ce qu’à ce que j’en sois content. Là il fallait un thème qui montre à la fois la grandeur de la Birmanie telle qu’elle a été et telle qu’elle devrait être, la force et la fragilité de cette femme et sa situation… Mais même au moment où je compose je pose pas de questions, ce sont des choses que je dois ressentir inconsciemment et qui font que je vais travailler jusqu’à ce que j’arrive à exprimer tous ces sentiments abstraits que je ressent. Mais je ne cherche pas à les analyser pour composer, je n’en ai pas besoin. Si je l’analysais avant, ce serait peut-être moins flou, mais je n’en ai pas envie. Je prefère que ça reste émotionnel, c’est ma vision de la musique.

MS – Une autre manière de montrer que la musique est importante dans le film, c’est que Michelle Yeoh joue du piano …
ES – Le Canon de Pachelbel… C’est Luc qui l’a inclus dans l’histoire. Enfin, c’est l’hisoire vraie puisqu’effectvement Aung San Suu Kyi joue du piano et que c’est son morceau favori qu’elle joue très souvent.

MS – Vous êtes allez là-bas pour découvrir quels types d’instruments ils utilisent ?
ES –
Non, je ne suis pas du tout allé là-bas. Aujourd’hui on n’est plus obligé de se déplacer. J’ai cherché partout, sur Internet, j’ai acheté des CD… et en fait je n’ai pas trouvé de musique birmane traditionnelle. Tout ce que j’ai trouvé sonnait très chinois ou indien, ce qui est logique puisque la Birmanie est un peu coincée entre les deux. J’ai trouvé aussi beaucoup d’influences laotienne. Le seul instrument que j’ai trouvé est une petite harpe mais qui n’a pas un son suffisamment spécifique pour être reconnaissable, elle sonnerait pareil si elle était africain.
Ce qui fait la particularité d’une culture, ce sont surtout les modes utilisés, les gammes, appogiatures. C’est dans la façon de composer que ça allait prendre une sonorité birmane. Donc finalement je n’ai pas vraiment pu m’inspirer de la musique birmane. Je me suis du coup inspiré de ce qui entoure la musique birmane, donc la musique chinoise …

MS – Vous travaillez beaucoup pour Luc Besson mais très peu avec d’autres. Pourquoi ?

ES – Parce que je n’ai pas envie de prétendre faire 15 films par an. Je ne suis pas un fast-food de la musique. Je suis un vrai passionné qui a un grand respect pour la musique. Du coup, je ne peux pas faire plus d’un film par an. C’est déjà énorme pour moi et je n’ai pas envie d’en faire plus. Si j’en faisais plus je ne pourrais pas les faire de la même façon alors que je n’ai justement pas envie de changer cette manière de travailler. C’est un vértiable investissement et je n’ai pas envie de le faire à la légère. Je ne serais pas heureux.
C’est vrai qu’à part ceux de Luc je n’ai même pas du en faire une dizaine d’autres. J’ai pas envie de faire plus et j’ai la chance de pouvoir me le permettre. Aussi parce que je travaille vraiment tout seul donc je ne peux de toute façon pas vraiment en faire plus.

MS – Vous travaillez déjà sur le prochain film de Luc Besson ?

ES – Non, lui non plus d’ailleurs. Là je n’ai pas de film avant le milieu de l’année prochaine. Du coup, en attendant, je travaille sur un album solo pour mon groupe RXRA. Je m’appreête à enfin de mettre à l’écriture d’un deuxième album. Mes cycles sont très lents, le premier date d’il y a 13 ans. J’avais arrêté de jouer à une époque pour ne faire que de la musique de film et je me suis rendu compte que je n’étais pas heureux. j’ai besoin de jouer parce que c’est mon premier métier. C’est moi, mon truc viscérale de jouer et d’être sur scène et jouer.
J’ai remonté un groupe il y a 5/6 ans et c’est dès que je suis sur scène ou même en répétitions que je suis le plus content. Là je voudrais faire un album d’une part parce que j’ai envie d’écrire de nouvelles choses, j’ai envie de rechanter et aussi pour faire en sorte que ce groupe devienne plus présent dans ma vie, trouver des concerts, et pour ça il faut un album.
Les musiques de film c’est vraiment différent, ce n’est pas fait pour jouer sur scène, ou alors en concert symphonique mais c’est pas une musique de scène fraçon groupe. Ce sont deux activités très différentes. La balance, penche surtout sur l’album solo à venir. Je pense que ça va être un mélange plutôt rock électro mais je ne sais pas encore exactement. Je vais me plonger dedans et je vais voir où ça me mène. Je ne suis pas conceptuel, tant que je ne suis pas dedans, je ne sais pas ce qu’il va se passer.

La BO de The Lady est disponible depuis le 28 novembre. Merci à Promoweb et Sony Music pour cette rencontre et évidemment à Eric Serra pour sa disponibilité.

publié dans :Actu ciné Cinéma

  1. 05/12/2011 à 15:46 | #1

    Je devais le rencontrer mais les créneaux étaient limités. Tu as fait du bon boulot et posé des questions que j’avais préparé. Intéressant entretien, merci 🙂

  2. 06/12/2011 à 11:37 | #2

    J’aurais du le rencontrer.. un tel monument de la composition française :(.
    Mais tu as posé quelques questions auxquels j’avais pensé, donc merci indirectement pour celles-ci et pour la totalité de l’interview !