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Seuls two, mais il ne faudrait pas oublier le public

posté le 03/03/2011

Quand le duo comique Eric & Ramzy se retrouvent seuls dans Paris, leur imaginaire n’est pas pour autant décuplé. De la science-fiction dans une comédie française, ça ne fait pas forcément rire aux éclats.

Avec la sortie cette semaine d’Une pure affaire et la semaine dernière d’Halal Police d’Etat, faisons coup double dans ce Nanar du Jeudi pour aborder la comédie d’après la vision du tandem français Eric & Ramzy. A proprement parler, Seuls Two n’est pas un nanar, tout du moins par définition, un film qui aurait manqué de budget, aux acteurs pitoyables et aux effets spéciaux ridicules. Non, par contre, pour le sentiment de perplexité qu’on a au sortir du film (voire même au bout d’une demi-heure), le qualificatif s’applique plutôt bien.

Eric Judor et Ramzy Bédia forment un duo comique unique mêlant l’absurde à un humour benêt si cher aux lycéens. Leur seul souci, pour ne pas être trop critique, est le même que pour leurs contemporains Kad & Oliver, Les Robins des Bois ou Jamel Debbouze, tout est affaire de dosage. Car si leurs idées de situations comiques sont bonnes, à trop en faire, le résultat passe parfois du « rigolard » au « rigoureusement lourdingue ».

C’est malheureusement le cas avec ce Seuls Two, qui s’inscrit après La Tour Montparnasse Infernale, Agent Zéro Zéro, Les Daltons ou encore le bluffant Steak (long-métrage de « Mr Oizo » Quentin Dupieux, moins imprégné de l’humour potache gamin) dans la lignée des productions alternatives comiques portant fortement la patte des deux compères. Ces films sont la nouvelle génération de comédies françaises, empruntant pas mal aux Anglo-Saxons pour un style rafraichit.

Dans le cas de Seuls Two, Eric incarne un flic un peu bébête, Gervais, raillé par tous ses collègues, qui est à la poursuite depuis 10 années de Curtis, Ramzy, sorte de braqueur à la Arsène Lupin, sensé être un terroriste mais qui se révèle plus être un croisement entre Mesrine et Jim Carrey. L’élément perturbateur du film est bien sûr la disparition totale de toute la population en un instant. L’un se livre alors à l’exploration de toutes les activités qu’une personne pourrait avoir dans la capitale française désertée tandis que l’autre le recherche. Les deux vont devoir s’allier en quelque sorte pour tenter de « réparer » cette anomalie temporelle.

Génies ou crétins attardés ? C’est ce qui semble être toujours la question qu’on se pose lorsqu’on regarde « une contribution » d’Eric & Ramzy. Il faut le reconnaître, la série « H » ou encore « Le mot d’Eric & Ramzy » étaient bourrés d’arguments pour attester de la solution A. Néanmoins, si les différents longs-métrages qu’ils ont partiellement enfantés foisonnent toujours d’idées fraiches et amusantes, la moitié retombe hélas souvent à plat. Qui n’a jamais rêvé de se retrouver seul dans une ville et de pouvoir se livrer à toutes les activités les plus folles à l’abri des regards ? L’idée est donc fameuse mais c’est sans compter sur les vieux ressorts comiques du duo qui finissent par lasser : le faux politiquement incorrect, les grimaces vues et revues d’Eric (le chinois, le petit chat,…) ou encore les dialogues avec fautes de vocabulaire d’analphabètes…

Pire encore, pour Seuls Two, non contents de signer l’histoire du film (qui soit dit en passant n’est pas rempli de bouleversements), Eric & Ramzy réalisent également. C’est donc à eux que nous devons tout cet enchaînement elliptique de scènes, des incohérences géographique ou encore le flirt avec des situations surréalistes au demeurant crétines (Ramzy saute d’un toit et atterrit comme une fleur sur le bitume). Le plus gros défaut d’un film avec Eric & Ramzy reste quand même leur incapacité à décoller de leur superbe duo. Leurs échanges et leur relation fonctionne terriblement bien mais on n’arrive pas du tout à les croire lorsqu’ils endossent des rôles.

Au final, Seuls Two à un énorme potentiel, avec des idées qui fusent dans tous les sens, mais c’est malheureusement un peu de sens qui manque à l’histoire pour arriver à tenir 1h30 (et non 35 minutes). Moins ravagé que Steak, Seuls Two est un film dont on sort partagé, mais dont l’excellence ne saute pas aux yeux.

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