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I’m still here, critique

posté le 29/07/2011

La grosse farce de Joaquin Phoenix a pris fin et l’on peut maintenant voir ce gros trip narcissique sur grand Ă©cran. Mais I’m still here n’est pas vraiment le documenteur le plus habile qui soit.

Fin 2008, en pleine promo de Two Lovers, Joaquin Phoenix annonçait qu’il renonçait au cinĂ©ma. Oui, l’un des acteurs les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration dĂ©cidait de ne se consacrer qu’Ă  sa nouvelle passion le rap. Tout de suite, le milieu du cinĂ©ma est sous le choc et la presse people se rĂ©jouit dĂ©jĂ  des frasques Ă  venir. Tout de suite on ne voit que descente aux enfers de l’artiste. Mais il s’avère très vite que tout cela n’est en fait qu’un mascarade pour que son beau-frère Casey Affleck rĂ©alise un documentaire.

De la part des deux compères assez engagĂ©s on pouvait donc s’attendre Ă  une habile rĂ©flĂ©xion sur les dĂ©rives de la cĂ©lĂ©britĂ©. Mais le rĂ©sultat final n’est qu’un ersatz de Borat Ă  Hollywood et une rĂ©flexion narcissique sur le mĂ©tier d’acteur.

Durant 1 an la camĂ©ra de Casey Affleck a suivi le parcours du combattant de Joaquin Phoenix pour se lancer soi-disant dans le hip hop. Des dĂ©pressions sous alcool en chambre d’hĂ´tel aux show foireux de l’acteur devenu rappeur, nous avons droit Ă  toutes ses rĂ©actions et sautes d’humeur en direct.
Puisque les deux gars ont choisi de n’impliquer presque personne dans la farce, on assiste Ă©galement aux rĂ©actions de quelques amis guest-stars qui demandent Ă  Joaquin ce qu’il fait et pourquoi il fout sa vie en l’air et en contrepartie, l’acteur se montre convaincant sur ses intentions, d’autant plus qu’il commence Ă  arborer le look de clochard miteux et sous prozac qui a fait la une des tabloĂŻd.

Mais derrière cette façade cinglante se cache certainement quelque chose de plus profond se dit-on ? Oui, Ă  coup sĂ»r le duo voulait montrer les limites de la cĂ©lĂ©britĂ© et la manière dont elle peut dĂ©truire le talent. Le problème, c’est que pour jouer sur ce thème, il ne faut pas tomber dans l’excès. Et malheureusement, c’est bien ce qu’il se passe ici.
Au lieu de faire passer le message, on assiste surtout Ă  un trip Ă©gocentrique insensĂ© de Joaquin Phoenix qui veut Ă  tout prix dĂ©montrer par la force des choses qu’il est le meilleur acteur et Ă  quel point il peut jouer la perte de repères d’un homme. Alors effectivement, la « composition » est frappante, surtout lorsque l’on sait qu’il a « joué » ce « personnage » pendant plus d’un an.

Mais quand on a un acteur qui joue ici sans subtilitĂ© et fait tout pour se faire haĂŻr, jusqu’au point de se faire littĂ©ralement faire chier sur la gueule, ça devient autant ridicule que dĂ©solant. Est-ce le personnage qui veut cela ou Joaquin Phoenix ? Les deux finissent par se confondre et le propos ne tient plus.
Et hormis quelques rĂ©flexion assez cinglantes et des rĂ©action Ă©tonnantes de certaines cĂ©lĂ©britĂ©s face Ă  un Joaquin Phoenix mĂ©connaissable (la rencontre avec Puff Daddy et les images du David Letterman show sont en cela assez savoureuses), il n’y a pas grand chose Ă  sauver du naufrage.

Non, I’m still here n’est donc pas un pamphlet sur les dĂ©rives de la cĂ©lĂ©britĂ© et la destruction des talents par les mĂ©dias. Il s’agit juste d’une grotesque farce au profit de la performance narcissique de Joaquin Phoenix. Un long moment de vide au cinĂ©ma.

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