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Elle est dangereuse, impitoyable et en fuite. Hanna n’est pourtant pas un thriller d’espionnage comme les autres puisqu’il a une dimension féérique inattendue.

Réalisateur de drames à sortir les kleenex pour larmes faciles, on ne verrait pas vraiment Joe Wright officier dans le film d’espionnage. Pourtant, après une valse de réalisateurs aussi longue que les réécritures du scénario, c’est bien lui qui a été choisit pour mettre en scène le thriller d’action Hanna. Il faut croire que le studio a eu du flair puisque d’un ersatz de Jason Bourne junior au féminin, il en fait finalement une traque d’enfant à la limite du conte moderne difficile à enfermer dans un genre et c’est bien ce qui fait tout son charme.

Hanna est une jeune fille qui a grandit à l’écart du monde, dans le grand nord, élevée à la dure par son père qui lui enseigne tout ce qu’il faut savoir pour survivre. Et elle est prête. Prête à passer l’épreuve dont il lui a parler depuis longtemps. Elle sait qu’elle va devoir fuir et affronter des personnes qui la traquent tout en en sachant plus sur son passé.

A priori, nous étions donc partis pour un sous Jason Bourne. Une simple déclinaison avec une jeune héroïne ultra entrainée, poursuivie par les services secrets afin de travailler pour eux, de gré ou de force. Mais détrompez-vous. Car si c’est effectivement le fil de l’histoire, tout ce qu’il y a autour fait sortir le film des carcans du genre pour lui donner une personnalité unique et sacrément audacieuse. Car ce qui va nous intéresser dans Hanna, ce n’est pas le but final et la fuite de son héroïne. Non, ce que nous allons suivre de près c’est la quête de cette jeune fille qui va découvrir le monde dont elle a été privée jusqu’à aujourd’hui.

Cette quête est d’autant plus intéressante qu’elle est racontée comme un conte des frères Grimm dans lequel une princesse élevée par un loup devrait échapper aux chasseurs. D’ailleurs, ce ne sont pas la musique et les décors de la dernière partie qui nous ferons sortir cette idée de la tête. C’est un traitement du genre plutôt original et plutôt bienvenu pour qui y adhère. Si l’essentiel du récit est couru d’avance jusqu’à sa pseudo révélation finale que l’on sentait venir, il est pourtant raconté de telle manière que l’on a un véritable intérêt à suivre les aventure de la jeune aventurière.

Il faut dire que le casting nous invite à nous pencher sur les personnages de cette histoire. Et c’est bien sûr Saoirse Ronan qui marquera les esprits. Entre la naïveté et la fragilité apparentes qu’elle avait dans Lovely Bones, et la force de caractère qu’elle montrait dans les Chemins de la Liberté, elle applique ici un jeu d’une grande intensité pour incarner un personnage fort, imprévisible, capable de tout mais découvrant aussi la vie.

A ses côté, Eric Bana incarne le père, vieux loup qui doit laisser sa fille s’adapter à sa nouvelle vie avant de lui révéler la vérité. En face c’est Cate Blanchett qui incarne la reine de glace, la chasseresse à la poursuite de la jeune Hanna.

Joe Wright s’engage sur un terrain miné. Lui qui n’a pas l’habitude de ce genre de film se concentre sur l’évolution et la quête de son héroïne mais se révèle aussi très doué pour les scène d’action. La preuve en est avec la séquence de l’attaque d’Eric Bana dans les souterrains, d’un rythme et d’une fluidité parfaite. Il arrive à développer une atmosphère unique qui approche donc le film du conte et est aidé en cela par la géniale bande-originale des Chemical Brothers.

Qui aurait pu croire qu’un spécialiste des films larmoyant allait pouvoir accoucher de l’un des meilleurs films d’action de l’année ? Et pourtant Joe Wright vient de prouver qu’il pouvait le faire. Il est juste dommage que le studio n’ai pas cru plus en son film pour lui donner les honneur d’une sortie en salles de plus grande ampleur.