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Drive, critique

posté le 26/09/2011

drive critique

D’un simple pitch de sĂ©rie B, Nicolas Winding Refn nous sert un modèle de mise en scène et impose d’emblĂ©e un nouveau hĂ©ros mythique en Ryan Gosling dans un film hautement addictif. Drive est assurĂ©ment l’un des meilleurs films de l’annĂ©e.

drive-afficheAprès sa trilogie Pusher, le violent Bronson et le mystique Guerrier Silencieux le danois Nicolas Winding Refn rĂ©cupère une commande qui devait Ă©choir au dĂ©part Ă  l’anglais Neil Marshall. L’histoire est on ne peut plus simple, dĂ©jĂ  racontĂ©e mille fois. Un cascadeur, chauffeur pour truands la nuit, tombe amoureux de sa voisine. Et lorsque le mari de celle-ci est abattu après un casse qui a mal tournĂ©, notre cascadeur va tout faire pour le venger et protĂ©ger sa nouvelle famille.

Entre de mauvaises mains, le pitch, adaptation d’un roman de James Sallis, aurait pu très vite donner dans l’actionner bourrin et sans âme. Avec Refn au volant, il n’en est rien. Au contraire, l’esthète prend le pas sur l’intrigue et nous dĂ©livre un monument de mise en scène pour lequel le prix cannois est parfaitement justifiĂ©. Ainsi le rĂ©alisateur nous plonge d’emblĂ©e dans une ambiance enivrante oĂą la tension prend le temps de s’installer. Mais surtout il impose dès les premières images son hĂ©ros comme un personnage hypnothisant qui deviendra vite l’une des figures mythiques du cinĂ©ma contemporain.

Fidèle Ă  lui-mĂŞme, Refn Ă©pure les dialogues pour ne retenir que l’essentiel Ă  la comprĂ©hension de l’histoire et aux attitudes des personnages. Peu de mots filtrent, calculĂ©s pour avoir leur impact lorsqu’ils sont prononcĂ©s. Avec peu de texte, ce sont donc les images qui importent, les expressions des personnages. Le « driver » est ainsi un personnage qui parle peu mais n’en ressent pas moins une palette d’Ă©motions fortes, de la solitude Ă  la colère. Avare en paroles mais gĂ©nĂ©reux en sentiments, tout passe par le regard d’un Ryan Gosling charismatique comme jamais. L’acteur endosse le blouson au scorpion dorĂ© avec assurance et dĂ©termination pour en faire un « super-hĂ©ros » des temps modernes.

Non content de magnifier son hĂ©ros, le rĂ©alisateur apporte aussi sa vision personnelle, Ă  la fois poĂ©tique et violente d’une ville (Los Angeles comme seul Michael Mann a pu la filmer dans Collateral) et d’un milieu social (gangsters et petites frappes). Ainsi, avec une mise en scène sublime et alerte et un scĂ©nario efficace il dĂ©tourne subtilement les clichĂ©s pour s’attacher aux personnages et Ă  leurs Ă©motions. Le plus bel exemple en est le mari d’Irène (fragile et touchante Carey Mulligan). Dans bien des films il serait le père absent et violent que sa femme cherche Ă  tout prix Ă  fuir. Ici il est un père et un mari aimant qui a fait les mauvais choix malgrĂ© de bonnes intentions. Sa mort tragique rendra la justification des actes du Driver d’autant plus importante que celui-ci ne va pas juste protĂ©ger une famille mais aussi venger un ami, rendant ainsi l’histoire bien plus profonde et gĂ©nĂ©reuse en Ă©motions.

Mais il ne faudrait pas croire que le rĂ©alisateur chercher Ă  nous tirer des larmes de force. Non, au contraire, il reste sur l’Ă©motion retenue, n’hĂ©sitant pas non plus Ă  montrer toute la violence de son histoire. Ainsi la quĂŞte de vĂ©ritĂ© du Driver, après un massacre froid et sanglant, sera implacable car notre hĂ©ros possède un sens de la justice et de l’honneur que rien n’arrĂŞte pour protĂ©ger ses proches. Ceux s’attendant Ă  un film de courses-poursuites risquent d’ĂŞtre déçus. En effet, ce n’est pas le sujet du film. Toutefois, elles ne sont pas absentes du film et le rĂ©alisateur signe une virĂ©e sacrĂ©ment prenante au milieu du film, se rĂ©vĂ©lant ainsi excellent dans l’action.

Enfin, nous pouvons aussi parler du soin tout particulier apportĂ© Ă  la bande-son du film. Celle-ci nous fait entrer directement dans l’univers poĂ©tique et un brin mĂ©lancolique du film, s’accordant parfaitement aux images (il n’y a qu’Ă  voir cette virĂ©e du Driver avec la famille dans les canaux de LA pour ĂŞtre Ă©merveillĂ©). Que ce soit Kavinsky ou College, un vent electro 80’s souffle sur Drive et renforce cette image mystique du hĂ©ros des temps modernes qu’est le Driver. Sans oublier les envoutantes compositions de Cliff Martinez qui achèvent de rendre le film plus addictif qu’il ne l’Ă©tait dĂ©jĂ .

VĂ©ritable leçon de mise en scène par Nicolas Winding Refn qui dĂ©passe allègrement son sujet de base et magnification d’un hĂ©ros Ă  l’honneur indĂ©fectible incarnĂ© par un Ryan Gosling en fusion avec le rĂ´le, Drive est un pur plaisir de cinĂ©ma. Après une première vision, Drive reste dans l’esprit pendant longtemps et une seule idĂ©e nous reste en tĂŞte, revoir le film, encore et encore.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 08/02/2012 Ă  11:49 | #1

    AMEN (bis).

  2. jkgy
    17/02/2012 Ă  19:22 | #2

    Drive est trĂ©s hypnotique, et meme quand il ne se passe absolument rien on reste hypnotisĂ©.Alors pourquoi des critiques nĂ©gatives… ben tout simplement parce que certains ne se laissent pas hypnotiser…

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