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Culte du dimanche : Mean Streets

posté le 03/04/2011

mean streets culte

A l’occasion de sa sortie restaurĂ©e en blu-ray cette semaine, revenons sur Mean Streets, le film qui a lancĂ© la carrière de Martin Scorsese.

Mean Streets, afficheAlors que Le Parrain venait de s’imposer comme le film de gangsters ultime, voici que le jeune Martin Scorsese, après deux petits films, s’attaque au genre. Mais il ne le fait pas de n’importe quelle manière. S’inspirant des conseils de John Cassavetes, l’une des grandes influences, Martin en fait un film plus que personnel, racontant Ă  travers lui ses origines, sa jeunesse, les histoires de son quartier, ses inspirations et aspirations.

Le film raconte donc l’histoire de deux jeunes malfrats qui essaient de se faire une place dans le milieux de la mafia du quartier new-yorkais de Little Italy. Charlie est bien sous tout rapport et n’aura aucun mal Ă  se faire reconnaitre, mais en prenant Johnny Boy, qui accumule les dettes et les emmerdes, sous son aile, tout ce qui l’attend risque bien de lui Ă©chapper.

mean-streets Keitel De Niro

Au delĂ  de son intrigue sur fond de mafia, c’est bien le caractère personnel du film qui marque. En effet, fascinĂ© par le cinĂ©ma de John Cassavetes et la nouvelle vague française, Martin Scorsese filme camĂ©ra Ă  l’Ă©paule, restaurant au plus près des instants vĂ©cus et  des Ă©motions de ses personnages, les capturant sur pellicule. Il en rĂ©sulte alors une dynamique et une proximitĂ© qui feront toute la patte de Scorsese. Mean Streets Keitel De NiroLe jeune rĂ©alisateur a laissĂ© une grande place Ă  l’improvisation, Ă  l’instantanĂ© et ça se ressent dans l’urgence et la rage qui s’imprime Ă  l’Ă©cran.

Ce qui est Ă©tonnant, c ‘est Ă©galement la rĂ©alitĂ© qu’arrive Ă  donner Scorsese Ă  son environnement. En effet, alors que le film a Ă©tĂ© majoritairement tournĂ© Ă  Los Angeles, on se croirait rĂ©ellement Ă  New-York, dans le quartier oĂą le rĂ©alisateur a grandi. En filmant les ruelles, les bar, les appartement, il arrive Ă  retranscrire parfaitement l’ambiance qui rĂ©gnait dans son quartier de Little Italy. L’aspect personnel en est alors d’autant plus intense.

Mean Streets KeitelS’engouffrant dans la vague du nouvel Hollywood initiĂ©e par Easy Rider, Scorsese, lui emprunte une autre de ses caractĂ©ristique : la bande-originale. Ici pas ou peu de composition originale pour le film, « Marty » importe dans son film des morceaux de la culture populaire, de sa propre culture musicale. Ainsi, c’est le Be my Baby des Ronettes qui ouvre le film sur un montage personnel, mais c’est surtout l’arrivĂ©e de Johnny Boy dans le bar sur le Jumpin’ Jack Flash des Rolling Stones qui marque les esprits, le morceau illustrant parfaitement l’Ă©tat d’esprit du personnage.

D’ailleurs, les deux personnages du film illustrent Ă©galement deux aspects de la personnalitĂ© de Scorsese. Ainsi, Harvey Keitel joue un Charlie propre sur lui, un jeune homme respectable et respectĂ©. Mean Streets De NiroPortĂ© par la religion et un devoir envers ses aĂ®nĂ©s de prendre la relève pour monter son business mais aussi par un sens moral qui le force Ă  croire que Johnny Boy pourra rentrer dans le droit chemin. Johnny Boy est donc la face sombre de Charlie, il incarne le discours contestataire et violent de Scorsese sur l’Ă©poque et la dure vie de son quartier, de sa gĂ©nĂ©ration. Le rĂ´le est interprĂ©tĂ© avec force par Robert De Niro dont c’est ici la première collaboration avec Scorsese. L’acteur fait preuve d’un charisme incroyable, une prĂ©sence Ă  l’Ă©cran qui Ă©clipse tous les autres personnages d’une scène. Il n’est pas Ă©tonnant qu’il soit choisi par le rĂ©alisateur pour incarner sa rage dans ses films suivants, de Raging Bull Ă  Taxi Driver.

Si le film ne rencontre pas un grand succès public, il permet nĂ©anmoins Ă  Martin Scorsese de poser les bases de son cinĂ©ma, d’imprimer son style qui est dĂ©jĂ  apprĂ©ciĂ© des critiques tout en dĂ©butant l’une des collaborations rĂ©alisateur-acteur les plus inspirĂ©e du cinĂ©ma. AssurĂ©ment, avec Mean Streets, un cinĂ©aste est nĂ©.

Mean Streets Keitel

Finissons par Ă©voquer le blu-ray qui sort le 6 avril chez Carlotta. Le film y est prĂ©sentĂ© en version restaurĂ© et la qualitĂ© de l’image s’en ressent. Peu de grain, une image nette mais qui retranscrit toujours aussi bien la mise en scène nerveuse de Scorsese et l’esprit du quartier. On est complètement dans le film et au plus près de ces jeunes mafieux.

Mean-Streets Blu-rayCĂ´tĂ© bonus, on est gâtĂ©s avec 3 entretients plutĂ´t intĂ©ressants : Martin Scorsese revenant sur la genèse du film, parlant alors de sa jeunesse qui l’a tant inspirĂ©e ; Kent Jones, critique reconnu, qui dĂ©livre son ressenti sur le film lorsqu’il l’a dĂ©couvert ; et Kent Wakeford, directeur de la photographie qui nous parle du tournage. Soit plus d’une heure sur les coulisses et la portĂ©e du film. A cĂ´tĂ© de ça, nous avons quelques images d’archive sur Scorsese qui fait un toura dans le quartier, une petite visite des rues de Mean Streets et un montage inĂ©dit du gĂ©nĂ©rique d’ouverture en super 8. Pas forcĂ©ment utile, mais ça nous plonge un peu plus dans l’ambiance avant le plat de rĂ©sistance. Car Carlotta a eu l’excellente idĂ©e d’intĂ©grer au blu-ray le documentaire de Martin Scorsese ItalianAmerian dans lequel il interroge ses parents sur l’histoire de sa famille et de son quartier. Un document intĂ©ressant et Ă  la charge Ă©motionnelle assez forte, qui nous permet de comprendre toute la portĂ©e et le caractère personnel de Mean Streets.

Bref, rarement un bluray nous immerge Ă  un tel point dans l’ambiance du film et nous fait retourner dans le temps et dans le lieu oĂą tout c’est rĂ©ellement passĂ©, que ce soit Ă  travers la qualitĂ© technique du film ou Ă  travers les bonus prĂ©sentĂ©s. Ici c’est clairement le cas.

Merci à Cinétrafic et Carlotta pour ce Bluray de Mean Streets. Si vous avez aimé, découvrez la délinquance au cinéma chez Cinétrafic.

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