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Culte du dimanche : Barton Fink

posté le 22/05/2011

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En cette journĂ©e de clĂ´ture du 64e Festival de Cannes, rappelons-nous qu’il y a vingt ans, ce sont les frères Coen qui avaient marquĂ© la croisette en reportant 3  prix pour Barton Fink. Un culte du dimanche Ă©tait donc la moindre des choses pour fĂŞter cet anniversaire.

En 1991, il y a 20 ans tout pile, Joel et Ethan Coen faisaient une vĂ©ritable razzia au Festival de Cannes. 3 prix dont la Palme d’Or du meilleur film ont Ă©tĂ© ramassĂ©s par Barton Fink. Mais qu’est-ce qui a pu valoir aux deux frangins terrible du cinĂ© US indĂ©pendant un tel enthousiasme de la part du jury prĂ©sidĂ© alors par Roman Polanski ? C’est bien simple, c’est certainement parce que Barton Fink parle de cinĂ©ma, d’Hollywood, de crĂ©ativitĂ© alors que commençait dĂ©jĂ  Ă  se profiler Ă  l’horizon la grosse panne d’idĂ©es des studios.

Nous remontons ainsi en 1941, Ă  la rencontre d’un auteur de pièce de théâtre encensĂ© par la critique nommĂ© Barton Fink. Avec son succès grandissant le voici courtisĂ© par Hollywood. Il va alors passer sous contrat dans un des studios pour y ĂŞtre scĂ©nariste. Mais les conditions ne se prĂŞtent pas vraiment Ă  la crĂ©ativitĂ©. Non seulement il est logĂ© dans un hĂ´tel miteux mais en plus il a un voisin de chambre attachant mais sacrĂ©ment encombrant et un patron complètement mĂ©galo. Ajoutez Ă  cela une Ă©norme panne d’inspiration et une idole devenue alcoolique, et ça n’aidera pas Barton Ă  Ă©crire son scĂ©nario de film de catch (lui qui a plutĂ´t l’habitude des pièces psychologiques avec du cĹ“ur, le voilĂ  servi).

Librement inspirĂ©s de la vie de Clifforrd Odets, les frères Coen dĂ©crivent avec Barton Fink toute l’absurditĂ© du système hollywoodien mais aussi tous les pĂ©riples des auteurs pour essayer de garder leur personnalitĂ© dans un système commercial qu’ils ne comprennent pas. Le dĂ©calage entre les deux univers, celui de la consommation et celui de l’art est bien reprĂ©sentĂ© et plus que jamais d’actualitĂ©. Et si le rĂ©cit est une demi-adaptation, on sent bien que Joel et Ethan ajoutent beaucoup de leur experience dans le personnage torturĂ© de Barton Fink.

En plus d’avoir un scĂ©nario particulièrement inspirĂ© et naviguant Ă  loisir entre l’absurde et le sarcasme avec des dialogues bien Ă©crits, la rĂ©alisation est impeccable. Les deux frangins traduisent parfaitement Ă  l’Ă©cran le malaise de leur hĂ©ros et mettent bien en avant le dĂ©calage entre les deux mondes. Avec une mise en scène toujours Ă©lĂ©gante et inspirĂ©e, il leur suffit comme d’habitude d’une seule image pour dresser le portrait de leurs personnages ou dĂ©crire l’atmosphère d’un lieu. C’est ainsi que l’on perçoit d’un seul coup la solitude et la torture de Barton Fink, les problèmes de son idole Mayhew ou l’exubĂ©rance du patron de studio. Mais c’est aussi ce qui va nous tromper avec la rĂ©vĂ©lation de la vĂ©ritable identitĂ© du voisin de chambre incarnĂ© par le si jovial John Goodman.

Mais il ne faut pas oublier non plus que le film repose sur John Turturro. Fidèle parmi les fidèles des frères Coen (Steve Buscemi et John Goodman qui font ici des apparitions), Turturro incarne le rĂ´le titre avec une vĂ©ritable intensitĂ©. On ressent Ă  travers lui tous les problèmes qu’a pu rencontrer un scĂ©nariste en panne d’inspiration. En le voyant dans ce film, on se rappelle bien qu’il est un excellent acteur et qu’il ne fait pas que se balader en caleçon chez Michael Bay.

Au final, le film est un vĂ©ritable succès critique. En particulier les critiques françaises qui sont on ne peut plus enthousiastes et le jury fera donc un triomphe Ă  Barton Fink en lui dĂ©cernant le prix du meilleur rĂ©alisateur, le prix d’interprĂ©tation masculine et la Palme d’Or. C’est donc le premier film Ă  remporter trois distinctions du festival. La razzia est telle que Gilles Jacob dĂ©cidera ensuite d’Ă©tablir une règle de non cumul pour que ça ne se reproduise pas. Paradoxalement, avec ce succès critique, Hollywood s’intĂ©resse de plus près aux deux frères et leur propose de rĂ©aliser Le Grand Saut, seul gros revers de leur carrière. Comme quoi, pour les auteurs, mieux vaut rester indĂ©pendant.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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