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Culte du dimanche : Barry Lyndon

posté le 05/06/2011

barry lyndon culte

Puisque cette semaine ressortent au cinĂ©ma les grands films de Stanley Kubrick, sans oublier l’exposition toujours en cours Ă  la CinĂ©mathèque, revenons sur l’un de ses films Ă  la fois grandiose et personnel : Barry Lyndon.

barry lyndon afficheAprès les succès de 2001 l’OdyssĂ©e de l’espace et Orange MĂ©canique, Stanley Kubrick s’est attelĂ© d’arrache-pied Ă  son projet le plus ambitieux. Le mythique NapolĂ©on. Des annĂ©es de travail prĂ©paratoire pour abandonner le projet Ă  la veille du tournage sur dĂ©cision des producteurs et de problèmes financiers et de planning. FrustrĂ© de ne pouvoir mettre l’Ă©cran cette fresque sur le destin de l’empereur dĂ©chu et les guerres europĂ©ennes, il reporte alors son attention sur le roman de William Makepeace Thackeray, les MĂ©moires de Barry Lyndon. En effet, ce roman regroupe les thèmes qu’il souhaitait dĂ©velopper dans NapolĂ©on. L »histoire d’un jeune irlandais de famille plus que modeste qui gagnera petit Ă  petit du galon avant de connaitre la chute.

C’est donc parti pour près d’un an de tournage en Irlande. DĂ©sirant coller au plus près de l’esthĂ©tique des tableaux du XVIIIe, Stanley Kubrick va filmer ses paysages de telle manière Ă  ce qu’il paraissent presque peints sur Ă©cran. Et pour les scènes intĂ©rieures, il dĂ©cide de tout filmer Ă  la bougie, (presque) sans autre Ă©clairage. Cette contrainte l’amène Ă  collaborer avec la Nasa pour obtenir un objectif suffisamment efficace (laissant entrer assez de lumière) pour distinguer les acteurs jouer Ă  l’Ă©cran.
Il rĂ©sulte de cette technique des images simplement magnifiques, d’un rĂ©alisme Ă©poustouflant, comme si Kubrick avait rĂ©alisĂ© un documentaire d’Ă©poque, ce qui Ă©tait bien son intention. D’ailleurs, le souci du dĂ©tail poussera mĂŞme le rĂ©alisateur Ă  utiliser de vrais costumes d’Ă©poque.

Mais plus qu’un documentaire, Kubrick aborde avec Barry Lyndon des thèmes assez intemporels sur la recherche de la gloire. Ainsi le rĂ©cit se compose de deux parties. La première dĂ©peint la manière dont Redmond Barry, parti de rien et Ă  travers un parcours semĂ© d’embuche et de trahisons, va accĂ©der Ă  un statut social lui offrant argent et noblesse. Mais si il y arrive c’est moins par sa hardiesse et son courage que par sa lâchetĂ©.
En effet, Barry n’est pas un hĂ©ros, c’est un dĂ©serteur qui n’hĂ©site pas Ă  fuir la police comme les champs de bataille, qui n’hĂ©site pas Ă  retourner sa veste dès qu’on peut le faire retourner au pays et devenir spĂ©cialiste de la triche aux jeux. C’est après ces aventures qu’il va se marier avec Lady Lyndon et donc accĂ©der Ă  la fortune et un statut bien plus enviable, Ă  dĂ©faut d’une gloire mĂ©ritĂ©e.
C’est alors le dĂ©but de la seconde partie qui le verra sombrer petit Ă  petit dans une lutte de pouvoir contre son beau-fils. Une dĂ©chĂ©ance autant psychologique que physique passionnante, reflet non seulement des rĂŞves et dĂ©sespoirs d’un homme mais aussi d’une sociĂ©tĂ© europĂ©enne qui voit venir sa rĂ©volution.

Avec une histoire telle que celle de Barry Lyndon, Kubrick navigue entre l’aspect Ă©pique et historique de la première partie et profondĂ©ment intimiste de la seconde. On ressent d’ailleurs parfaitement la passion qui a animĂ© le rĂ©alisateur. D’une part pour le contexte de la guerre de sept ans et la volontĂ© de certaines personnes de s’en sortir et celle d’un personnage en pleine chute.
Cette seconde partie reflète d’ailleurs l’un des films les plus personnels et Ă©motionnels du rĂ©alisateur Ă  travers la proximitĂ© qui est dĂ©veloppĂ©e avec les personnages et Barry Lyndon en particulier. Car cette histoire et le jeu tout en retenue de Ryan O’Neal dĂ©livrent de nombreux sentiments Ă  leur Ă©gard, de la passion au mĂ©pris pour son anti-hĂ©ros.

Comme Ă  son habitude, Kubrick ne veut pas de musique composĂ©e pour le film. D’autant plus pour un film historique pour lequel il peut piocher la musique d’Ă©poque (ou presque). En incrustant de manière envoutante la Sarabande de Haendel mais aussi Schubert, Bach, Mozart ou Vivaldi, il continue de donner Ă  Barry Lyndon son authenticitĂ©. Ainsi l’image picturale et la sonoritĂ© classique donnent au film une teinture particulière, unique.

barry lyndon bataille

Le temps pris sur le tournage et le perfectionniste pousseront Barry Lyndon Ă  dĂ©cupler son budget. A l’origine prĂ©vu Ă  un peu plus de 2 millions de dollars, le voici estimĂ© aux alentours de 11 millions. Une fortune en regard de ce que le film rapportera au final. En effet, devant la longueur du film (une fresque de 3 heures) et le sujet plutĂ´t rĂ©barbatif du film, le public ne suit pas. L’Ă©chec est cuisant et, hormis quelques pays europĂ©ens qui lui feront bon accueil, Kubrick aura du mal Ă  se relever. C’est d’ailleurs pour cela qu’il acceptera la commande de Shinning, plus Ă  mĂŞme de plaire au gout du public.
NĂ©anmoins les critiques y on reconnu un film magnifique et visuellement enthousiasmant. Les professionnels lui ont mĂŞme dĂ©cernĂ©s 4 oscars pour rĂ©compenser le travail rĂ©alisĂ© avec minutie. Mais le maĂ®tre peut se reposer car Barry Lyndon est aujourd’hui l’une de ses Ĺ“uvres les plus apprĂ©ciĂ©es et est indĂ©niablement passĂ©e Ă  la postĂ©ritĂ©.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

  1. 05/06/2011 Ă  16:05 | #1

    Très belle critique ! En effet Barry est LIndon est restera un Film incroyable autant esthĂ©tique que viscĂ©rale . On Ă  l’impression de regarder des tableau grâce au nombreux changement de focale qu’il utilise pour nous faire suivre cette aventure humaine
    J’ai personnellement du mal avec les films long pourtant ce dernier est très passĂ© et je n’ai pas ressenti l’attente

  2. FredP
    05/06/2011 Ă  16:27 | #2

    Merci, en effet, c’est un grand film qui s’apprĂ©cie en s’immergeant dedans