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The Social Network, critique

posté le 11/10/2010

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David Fincher s’attaque à Facebook dans The Social Network. Un projet casse-gueule qui reflète finalement parfaitement la génération connectée d’aujourd’hui.

Facebook existe depuis un petit peu plus de 5 ans et déjà le cinéma vient de s’emparer du phénomène en adaptant la biographique non officielle écrite par Ben Mezrich, « The accidental Billionaires ». On pourrait se dire qu’Hollywood n’invente tellement plus rien que maintenant, tout ce qui peut marcher dans la vie doit faire l’objet d’une adaptation sur grand écran … mais se serait oublier que les producteurs ont placé David Fincher derrière la caméra. Et quand on connait bien le cinéma du gars, on se dit alors que le projet peut finalement être bien plus intéressant qu’un simple biopic de nerds. En fait, à  y regarder de plus près, alors que son Fight Club portait un regard assez cynique sur la consommation et notre vie sociale un peu paumée dominée par la consommation à la fin des années 90, The Social Network propose lui un discours tout aussi intéressant sur ce que l’objet Facebook a pu faire de nos relations sociales en ces années 2000.

Tout commence lorsque Mark Zuckerberg se fait larguer par sa copine dans un pub après une conversation pour le moins rythmée (sautant d’un sujet à l’autre en permanence sans faire décrocher le spectateur, excellente intro qui nous place d’un seul coup dans aussi rapide qui rythme les conversations sur internet et qu’il faudra suivre tout au long du film). Dégouté, le jeune Mark rentre dans sa piaule d’étudiant et se met à programmer un site qui va le faire repérer par l’une des fraternités dont il a toujours voulu faire partie. Et ainsi débute la naissance d’un petit site d’université qui va rapidement devenir le lien social de toute la planète : Facebook ! Mais plus le réseau s’étend, plus le cercle d’amis de Mark va se réduire. De procès en procès nous découvrons alors un portrait pas vraiment tendre du plus jeune milliardaire actuel.

Depuis Zodiac, Fincher a laissé tomber son style clipesque et démonstratif pour un classicisme qui a culminé sur l’Étrange Histoire de Benjamin Button (aussi beau et longuet que l’était son titre). Mais cet académisme, toujours porté par un génial travail sur la qualité de l’image (il n’y a qu’à voir la superbe séquence d’aviron pour se rappeler que Fincher ne manque pas d’audace) et du son (la BO par Trent Reznor de NIN est juste en parfaite adéquation avec le ton du film), n’est ici présent qu’en surface, laissant au réalisateur toute la place de faire avancer son récit et d’instiller quelques idées au spectateur. Car bien plus intéressant que l’histoire de la création de Facebook, The Social Network évoque le parcours d’un jeune homme seul, incompris et enfermé dans son monde et l’évolution des relation sociale d’une jeunesse élevée sur Internet.

Ainsi, le portrait de Mark Zuckerberg n’est pas un cadeau. Jesse Einsenberg joue très juste entre le nerd surdoué quasi-asocial dont on aurait pitié et le salaud qui éliminerai ses amis de l’équation pour garder le contrôle de ce qu’il a construit. Ne tombant jamais dans le cliché qui fait mal, l’ascension professionnelle de Zuckerberg et sa discrète ambition sont aussi intéressantes que son génie et son isolement personnel. A côté de lui, Andrew Garfield campe parfaitement l’ami jaloux du succès de son pote et demandant à juste titre son dû, quitte à devoir rompre une forte amitié. C’est un peu par son personnage que l’on s’attachera d’ailleurs à l’histoire. Le podium est complété par Justin Timberlake qui confirme encore qu’il est un très bon acteur au charisme envoutant.

A côté de cette excellente direction d’acteur servant à merveille l’histoire, Fincher montre donc comment la génération connectée d’aujourd’hui a petit abandonné les liens sociaux réels pour une relation virtuelle, souvent plus pratique et permettant de mieux satisfaire des égos de plus en plus insatiables égos, ne parlant que de soi, de ce que l’on aime, de ce que l’on fait. Avec le recul, Zuckerberg a donc parfaitement su écouter les attente qu’avait le public et s’est adapté bien mieux que d’autre à la révolution web 2.0, faisant de Facebook bien plus qu’un phénomène, une nouvelle manière de faire vivre son moi virtuel. Il est étonnant que ce soit un nerd asocial qui ait justement réussi à créer le plus grand réseau social de la planète.

Une dizaine d’années après Fight Club, David Fincher nous aurait-il donc encore une fois proposé un film générationnel ? Il faut prendre un peu de recul pour s’en rendre vraiment compte, comme il faudra attendre un peu pour constater l’ampleur du changement qu’a provoqué l’arrivée de Facebook dans notre vie et nos relations aux autres. Alors on se dit que dans quelques temps, nous nous rendrons compte que Fincher a subtilement dressé un portrait notre société des années 2000 qui n’est pas forcément le meilleur.

Au passage, merci à AlloCiné pour nous avoir faire découvrir le film en avant-première dans le cadre du Club300.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. 11/10/2010 à 21:48 | #1

    J’ai pu moi aussi assister à l’avant-première du film et c’était une excellente surprise. Que ce soit dans la manière dont le sujet est raconté ou les musiques tout simplement terribles au point de me faire télécharger la BO sur iTunes en rentrant chez moi, j’ai été bluffé par la qualité du film. J’en ai écrit une critique sur mon blog d’ailleurs : http://bit.ly/dub195

  2. Brunotaff
    17/10/2010 à 19:35 | #2

    C’est un bon Fincher à ranger à coté de The Game ou Zodiac, mais pas aussi culte que Se7en, Fight Club ou même Alien3 (oui je trouve qu’il est mieux que celui de Cameron)… Il aurait peut-être manqué un passage sur l’impact sociologique de Facebook et son modèle économie obscure, car finalement ce n’est qu’une histoire de petits péteux issus d’Harvard. 😉