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L’Etrange Festival : la Nuit des Vampires

posté le 07/09/2010

La 16e Ă©dition de l’Étrange Festival du Forum des Images s’est ouvert le week-end dernier. Comme le veut la tradition, nous avons donc eu droit Ă  une nuit thĂ©matique. Et cette annĂ©e, vu le succès rĂ©cent des vampires, cette nuit leur Ă©tait consacrĂ©e. Mais point de Twilight Ă  l’horizon. Au programme, 3 films aussi diffĂ©rents que leurs origines. Petit compte-rendu (double reportage de FredP et ChrisC) d’une soirĂ©e qui aurait pu ĂŞtre un peu plus mordante sans l’annulation d’un film.

Le premier film, Suck, Ă©tait sĂ»rement le plus sympathique des trois. Complètement imaginĂ© par le canadien Rob Stefaniuk (Ă  la fois scĂ©nariste, rĂ©alisateur, acteur, compositeur et j’en passe !), Suck raconte le parcours d’un groupe de rock amateur qui rĂŞve de gloire. Pour y arriver, ils vont devenir des vampires chacun Ă  leur tour. Mixant habilement road-movie, comĂ©die musicale et horreur, le film remporte tout de suite un capital sympathie Ă©norme, que ce soit par les acteurs, l’humour de situation, le rythme ou l’ingĂ©niositĂ© de la mise en scène assumant parfaitement son manque de budget. Mais ce qui marquera, c’est surtout la prĂ©sence de guests de luxe bien exploitĂ©es comme Malcolm Mc Dowell, Alice Cooper, Iggy Pop ou Moby. Un très bon moment emprunt de multiples rĂ©fĂ©rences musicales (pochettes de disques retranscrites Ă  l’Ă©cran et BO enlevĂ©e) qui fait vraiment plaisir. Pour apprĂ©cier, le film sortira en France directement en dvd/blu-ray le 28 septembre.

ChrisC : Les fans de rock et les cinĂ©philes apprĂ©ciant le fantastique passeront un très bon moment face Ă  cette production reprenant Ă  sa sauce les caractĂ©ristiques du genre. Ici les vampires sont cool, sympas et veulent juste s’Ă©clater en soirĂ©e Ă  Ă©couter de la (très) bonne musique. Les apparitions dĂ©licieuses des icĂ´nes du rock raviront les connaisseurs ravis de voir leurs hĂ©ros dans des rĂ´les qui leur vont parfaitement (et un Moby complètement rĂ©habilité aux yeux de ses dĂ©tracteurs, dans la peau d’un chanteur cuir et clous s’aspergeant de steak sur scène, vĂ©ridique). Si on adorera le hĂ©ros du film et ses potes très bon esprit, les dialogues parfois tarĂ©s et hilarants des personnages, on regrettera cependant ne pas assister Ă  un dĂ©ferlement de chaos sonore et sanguinolent oĂą les vampires auraient donnĂ© toute la mesure de leur potentiel Rock ‘n Roll dĂ©vastateur. A voir !

Puis arrive le faux documentaire belge Vampires. Une sorte de C’est arrivĂ© près de chez vous, version vampires. Une Ă©quipe de reporters suit donc la petite vie d’une famille de vampires installĂ©e en Belgique. Vincent Lannoo nous propose une vision unique du vampirisme, dĂ©tournant les codes pour les installer dans ceux du documentaire Ă  l’humour noir et pince sans rire. C’est intĂ©ressant, très cohĂ©rent et on s’esclaffe mĂŞme Ă  plusieurs reprises mais il faut bien admettre que le concept aurait gagnĂ© Ă  ne rester qu’un moyen-mĂ©trage car au bout d’une heure on commence Ă  s’ennuyer et Ă  tourner en rond. (le film est en ce moment en salles)

ChrisC : En effet, l’idĂ©e de dĂ©part, très mordante et grinçante, est un pur dĂ©lice (Ă  la manière de C’est arrivĂ© près de chez vous qui faisait s’intĂ©resser pour de vrai aux frasques d’une tueur en sĂ©rie psychopathe), on se prend en effet d’un vif intĂ©rĂŞt pour cette famille dĂ©jantĂ©e qui assume atrocement son cynisme et son sadisme. Pourtant, l’essoufflement du scĂ©nario finit par lasser le spectateur qui n’en demandait finalement pas tant de cette famille bizarre. Sarcastique, politique, cruelle, cette peinture de la sociĂ©tĂ© belge et des humains en gĂ©nĂ©ral est une superbe trouvaille très bien faite oĂą on rit jaune, voir rouge parfois. NĂ©anmoins, la direction que prend l’histoire laissera plusieurs spectateurs sur le carreau !!

Le 3e film de la soirĂ©e devait ĂŞtre Prowl, mais apparemment les producteurs ont annulĂ© la projection Ă  la dernière minutes, privant le public de la caution « frissons » de la soirĂ©e. Du coup, nous enchaĂ®nons directement avec le film surprise. Les organisateur nous ont ressorti des recoins de la France un  vieux film japonais des annĂ©es 60 : Le Lac de Dracula. Complètement datĂ© mais pas assez kitch, une histoire qui tourne en rond et des acteurs sans charisme, le film n’apporte pas grand chose au mythe de Dracula si ce n’est un incursion du maĂ®tre des vampires au Japon en pĂ©riode pop. Inutile de vous dire que la moitiĂ© de la salle devait dormir Ă  5 heures du matin.

ChrisC : L’Ă©preuve de cette soirĂ©e Ă©tait donc bien de survivre Ă  ce « Lac de Dracula ». Un vrai bijou tant la copie ne faisait pas ses quelques dĂ©cennies, mais l’incursion dans la rĂ©alisation asiatique à du en dĂ©router plus d’un. Pas facile de se faire aux codes japonais du film, de la mise en scène, de l’enchaĂ®nement de l’action, des combats accĂ©lĂ©rĂ©s, des bruits stridents de la bande son, de la pauvretĂ© des dialogues, … et au maquillage du Dracula nippon !!! Si ce film Ă©tait en première lecture, un long-mĂ©trage plutĂ´t douloureux Ă  suivre (dĂ» Ă©galement Ă  l’heure tardive de la projection), il en reste pour autant un formidable tĂ©moignage de l’Ă©poque, de la façon-faire, du style japonais mais Ă©galement de la rĂ©interprĂ©tation du personnage de Dracula, qui gagne dans cette production, quelques couleurs et une histoire pleine de philosophie sur la vie et la mort, le pouvoir et les relations humaines.

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