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Culte du dimanche : Psychose

posté le 14/11/2010

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Si il y a bien un film d’Hitchcock qui a marquĂ© les esprits et influencĂ© tout un pan du cinĂ©ma d’horreur, c’est bien Psychose. Par son inventivitĂ©, son audace, le maĂ®tre du suspense signe l’une de ses Ĺ“uvres les plus sombres et les plus cultes du cinĂ©ma. Retour sur ce chef d’oeuvre sorti il y juste quelques semaines en blu-ray.

Après le succès public et critique de La Mort aux Trousses, Alfred Hitchock se demande bien ce qu’il va pouvoir faire pour effrayer les spectateurs. C’est alors qu’il tombe sur le livre de Robert Bloch, Psycho, inspirĂ© des meurtres d’Ed Gein qui avaient terrorisĂ© et scandalisĂ© l’AmĂ©rique des annĂ©es 50. Il dĂ©cide d’en faire son nouveau film avec un budget plus serrĂ© en utilisant le noir et blanc. Après plusieurs essais de scĂ©nario infructueux, il travaille avec le jeune Joseph Stefano qui change alors l’histoire pour 2 parties distinctes mais toujours dans l’esprit du roman d’origine.

Et c’est la la grande rĂ©ussite du film. En effet, pendant toute la première partie, le rĂ©alisateur met en scène la fuite de Marion Crane après un vol d’argent. Nous pensons alors tout repose sur cette fuite, d’autant plus que Janet Leigh est bien prĂ©sentĂ©e comme la star du film. Mais l’impensable se produit ! Marion Crane arrive dans un hĂ´tel et est brutalement assassinĂ©e sous la douche ! Le public est sous le choc et prend soudain conscience que l’argent Ă©tait seulement le macguffin de l’histoire et qu’Hitchock ne s’intĂ©ressait pas Ă  son hĂ©roĂŻne mais Ă  ce jeune et perturbĂ© Norman Bates qui a du mal Ă  couper le cordon avec sa mère. S’en suit alors l’enquĂŞte d’Arbogast et puis de la sĹ“ur de Marion et de l’amant de cette dernière, Sam Loomis, qui dĂ©couvriront alors l’horrible vĂ©ritĂ© sur le meurtrier de Marion Ă  la toute fin du rĂ©cit.

Avec un machiavĂ©lisme digne de sa rĂ©putation, Hitchcock soigne donc son histoire et ne rĂ©vèle la vĂ©ritĂ© sur l’identitĂ© du tueur qu’Ă  la fin, identitĂ© qui sera d’autant plus surprenante que l’on aurait pensĂ© pendant tout le film qu’il s’agissait de la mère dĂ©rangĂ©e de Norman Bates. La musique de Bernard Herrmann tient ici une place prĂ©pondĂ©rante. Le compositeur utilise un ensemble de cordes pour un thème stressant qui trouvera son apogĂ©e lors de la fameuse scène de la douche. Pendant toute la fuite de Crane, la musique nous place dans l’esprit apeurĂ© de l’hĂ©roĂŻne tout en nous indiquant qu’il va lui arriver quelque chose d’horrible que l’on n’aurait pas vu arriver lors d’un instant aussi serein qu’une bonne douche lui permettant de se laver de sa culpabilitĂ© (jusqu’au sang du coup !). Le film est d’ailleurs particulièrement fournis en symboles de ce type, que soit soient l’importance des oiseaux qui prĂ©figure le film suivant du MaĂ®tre ou les sous-vĂŞtements clairs (avant le vol) puis foncĂ©s (Ă  l’hĂ´tel) de l’hĂ©roĂŻne.

Mais si le film est aujourd’hui Ă  ce point culte, c’est avec la mĂ©morable scène du meurtre sous la douche. En plus d’ĂŞtre un tournant du film, cette scène est d’une violence psychologique intense, de part la multiplicitĂ© des plans utilisĂ©s, aussi nombreux que les coups de couteau assĂ©nĂ©s sur la victime mais aussi avec la musique stridente de Bernad Herrmann (devenue aujourd’hui l’un des thèmes phares de l’horreur). Hitchock fait ici preuve d’une incroyable maitrise de la camĂ©ra pour suggĂ©rer au public ce qu’il croit voir et fait de Janet Leigh la première « scream queen ».

Mais d’autres scènes sont remarquables, comme la mort du dĂ©tective Arbogast dans les escalier de la sinistre maison typiquement « gothique californien » oĂą les plans sont lĂ  aussi soigneusement choisis pour ne pas rĂ©vĂ©ler l’identitĂ© du tueur tout en maintenant l’illusion de savoir de qui il s’agit, mais aussi la rĂ©vĂ©lation du cadavre de la mère qui prend vie avec l’Ă©clairage de l’ampoule qui bouge et la rĂ©vĂ©lation de la double personnalitĂ© de Norman Bates.

Avec sa volontĂ© de garder le scĂ©nario secret jusqu’Ă  la dernière minute, Hitchcock n’a pas montrĂ© le film aux journalistes qui l’ont donc dĂ©couvert en mĂŞme temps que le grand public (qui avait d’ailleurs la consigne de ne pas dĂ©voiler l’histoire aux personnes ne l’ayant pas encore vu). AgacĂ©s les critique ne furent pas tendres avec le film et le jugèrent moins bons que les prĂ©cĂ©dent et beaucoup trop violent. Cela n’a pas empĂŞchĂ© le public de se ruer dans les salles.

Avec ce Psychose en 1960, Alfred Hitchcock impose un style et une figure incontournable pour les films d’horreur Ă  venir qui lui doivent tout, de la traditionnelle sĂ©quence de douche (que l’on retouvrera rĂ©gulièrement et plus vulgairement dans le genre), Ă  la rĂ©vĂ©lation finale d’un assassin Ă  la psychologie Ă©reintĂ©e. Toutes les bases des films de serial-killer et de slashers sont ici et ne seront jamais surpassĂ©es. MĂŞme le mĂ©morable Anthony Perkins aura du mal Ă  trouver d’autre rĂ´les tant Norman Bates lui colle Ă  la peau (surtout avec les suites rĂ©alisĂ©es). Gus Van Sant n’aura mĂŞme pas le courage de dĂ©vier d’un poil la camĂ©ra d’Hitchcock en rĂ©alisant en 1998 un remake en couleur et plan par plan.

Encore aujourd’hui, et grâce Ă  un blu-ray Ă  la restauration remarquable (et aux bonus très intĂ©ressants), Psychose reste  l’une des grandes rĂ©fĂ©rences du thriller et du cinĂ©ma amĂ©ricain, rĂ©gulièrement prĂ©sent dans les top10. InsurpassĂ©, insurpassable, souvent Ă©voquĂ© (le Halloween de Carpenter), rĂ©gulièrement parodiĂ© et toujours d’actualitĂ©, au suspens qui ne prend pas une ride, ce Psychose reste l’une des pièces maitresses d’un Alfred Hitchock au sommet de son art, au sommet du cinĂ©ma. Culte tout simplement.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche DVD

  1. 14/11/2010 Ă  18:52 | #1

    Eh oui, c’Ă©tait très osĂ© de tuer l’hĂ©roĂŻne au beau milieu du film, cela donne la très Ă©trange sensation d’ĂŞtre orphelin et presque responsable de cette perte.

    Je te rejoins pour dire que le blu-ray est un des indispensables de l’annĂ©e, un excellent travail de restauration et de regroupement de bonus passionnants.