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Years and Years, le futur c’est maintenant

posté le 13/07/2019

Il y a de la concurrence cette annĂ©e cĂ´tĂ© sĂ©ries. L’attendu final de Game of Thrones, le choc de Chernobyl. Mais celle qui dĂ©croche la palme et qui devrait ĂŞtre incontournable, c’est Years and Years. Encore une fois les anglais mettent tout le monde Ă  l’amende avec une mini-sĂ©rie d’anticipation aussi effrayante que touchante et rĂ©voltante. Bref, c’est excellent et immanquable !

Vous avez Ă©tĂ© déçu par les derniers Ă©pisodes de Black Mirror sur Netflix ? Rassurez-vous les anglais (la sĂ©rie est produite par la BBC, et diffusĂ©e Ă©galement aux US sur HBO) ont encore des atouts dans leur manche. Cette fois le crĂ©ateur de Queer as Folk et Cucumber et responsable de la relance 00’s de Doctor Who s’attaque Ă  la mini-sĂ©rie d’anticipation en convoquant autant l’anthologie de Charlie Brooker que l’intrigue familiale de This is Us, mais c’est aussi du cĂ´tĂ© de l’anticipation rĂ©aliste et pessimiste des Fils de l’Homme qu’il faut regarder.

Car Years and Years nous entraîne donc aux côtés de la famille Lyons pendant 10 ans. Nous apprenons rapidement à les connaitre en 2019, le grand frère et sa famille travailleurs avec une fille mal dans sa peau, la grande soeur activiste, le cadet gay et marié et la benjamine, mère enjouée et handicapée, sans oublier leur mère célibataire isolée. Et sans prévenir, nous voilà parachutés cinq ans dans le futur puis une année supplémentaire par épisode.

Dès lors, la paranoĂŻa s’installe, l’isolement du pays aussi avec une montĂ©e d’un parti nationaliste, des tension internationales, une rĂ©duction des droits, des technologies qui s’immiscent plus dans la vie privĂ©e et le corps humain… mais la grande rĂ©ussite de la sĂ©rie est de voir ces changements nationaux et mondiaux Ă  travers les yeux et les actions de la famille. Ainsi l’aĂ®nĂ© va faire faillite et devoir ĂŞtre hĂ©bergĂ© avec toute sa famille chez sa mère alors que sa fille veut s’abandonner au cloud, et le cadet va tomber amoureux d’un rĂ©fugiĂ© qui sera expulsĂ©. Et en toile de fond, la politicienne nationaliste Vivienne Rook prend de plus en plus d’importance.

Tout cela est traitĂ© avec un effrayant rĂ©alisme et l’on se dit qu’effectivement cette projection Ă  5 ou 10 ans, avec tout ce qu’il se passe aujourd’hui (Brexit, Trump, essor de la Chine, Facebook et la vie privĂ©e, …) pourrait bien devenir rĂ©alitĂ©. Avec une justesse d’Ă©criture bluffante pour nous immerger dans cet univers d’anticipation et une rĂ©alisation qui peut se montrer aussi froide et brutale que touchante par moment, on ne peut qu’ĂŞtre entraĂ®ne dans cette spirale qui colle des frissons.

Et comme on s’attache Ă  une famille, on s’attache aussi Ă  des personnages qui Ă©voluent, s’aime, se dĂ©chirent et vont mener leurs propres combats. A ce titre tout ce qui tourne autour de Daniel Ă  la recherche de son amoureux renvoyĂ© en Ukraine oĂą il risque la mort est touchant jusqu’Ă  un quatrième Ă©pisode particulièrement dĂ©chirant (surement le plus gros coup de poignard en plein coeur vu Ă  la tĂ©lĂ© depuis longtemps). Ces destins finiront inĂ©vitablement par se lier Ă  la grande histoire, parfois de manière lĂ©gèrement artificielle mais on pardonnera cette incartade finale facilement car elle fait tout de mĂŞme sens.

En 6 Ă©pisodes, c’est un vĂ©ritable choc rĂ©flexif et Ă©motionnel qui nous est assĂ©nĂ©. Une grand claque qui devrait en faire rĂ©flĂ©chir plus d’un sur l’avenir qui s’offre Ă  nous et sur les luttes qui vont ĂŞtre Ă  mener car nous n’en sommes qu’au dĂ©but. C’est dit, Years and Years est la sĂ©rie de l’annĂ©e !

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