Power Rangers, critique
Go Go, ils sont de retour dans un vrai film ! Les Power Rangers vont maintenant devoir faire leur preuves sur grand Ă©cran avec un « gros » budget. RĂ©sultat, une ambition certaine pour un kitsch pas toujours bien assumĂ©. Reste que si l’on n’attendait strictement rien, c’est une relativement bonne surprise.
Depuis 1993, les Power Rangers, justiciers du kitsch en costumes moulants et accompagnĂ©s de robots luttant contre des monstres en latex ridicule font le bonheur de certains programmes jeunesse. Et ils ont mĂŞme eu droit Ă 2 films au cinĂ© dont le dernier est sorti il y a maintenant 20 ans ! A l’heure des super-hĂ©ros sĂ©rieux, il Ă©tait donc temps de rĂ©habiliter le destin de ces ados. Et cela a commencĂ© en 2015 avec un court-mĂ©trage de Joseph Khan qui montrait les Rangers sous un nouvel angle ! Gros carton sur le net, il n’en fallait pas plus pour rappeler aux studios hollywoodiens qu’il y avait lĂ le potentiel d’une nouvelle franchise Ă exploiter. Et c’est LionsGate qui se jette dessus, espĂ©rant redorer son blason après la chute de Divergente.
ConfiĂ© Ă Dean Israelite, le rĂ©alisateur de Projet Almanac, le film commence Ă attiser la curiositĂ© avec des premières images surprenantes qui font bien plus la part belle aux personnages et Ă la volontĂ© de proposer une atmosphère sĂ©rieuse, sombre et un message d’union et d’amitiĂ©, ne dĂ©voilant que très peu les costumes, zords et mĂ©chants. On dĂ©cèle alors une certaine ambition et la volontĂ© d’en faire quelque chose de diffĂ©rent tout en inscrivant le film dans la mouvance actuelle des films de super-hĂ©ros. Et surtout, comment ce ton va-t-il pouvoir cohabiter avec le cahier des charges qui va imposer de l’action et du fan service Ă base de combats, ce combis moulantes, de monstres et robots gĂ©ants ?
Alors que le film commence avec une blague graveleuse et s’oriente clairement vers le teen movie avec des personnages au premier abord complètement clichĂ©s, on commence Ă dĂ©velopper un certain intĂ©rĂŞt dès la dĂ©couverte des mĂ©daillons des rangers qui vont permettre Ă nos 5 hĂ©ros d’en savoir plus sur leur futur destin et combat. S’en suit alors, Ă bon rythme, un vĂ©ritable petit drama qui se concentre surtout les liens qui doivent se tisser entre les personnages. Et c’est lĂ que le film est le plus intĂ©ressant, avec un esprit annĂ©es 80 assumĂ© et surtout des personnages qui sortent des cases, en marge (un personnage LGBTQ, un autre autiste), et donc plus touchants que d’habitude. C’est bien lĂ la vĂ©ritable force du film qui rĂ©ussit Ă dĂ©passer ses acteurs interchangeables pour dĂ©livrer un petit message sympa sur l’amitiĂ© et l’acceptation de chacun.
C’est ensuite que le film s’effondre. Car il ne faut pas oublier qu’il s’agit de Power Rangers et qu’on demande forcĂ©ment certaines choses ! Il faudra donc attendre le dernier tiers pour voir enfin les rangers en costume, l’utilisation des zords, leur combat contre Rita Repulsa et Ă©videmment un monstre gĂ©ant Ă abattre. Une dernière demi-heure d’action oĂą toute l’entreprise de sĂ©rieux prĂ©cĂ©dente en prend un coup car effectivement nous avons le droit Ă certains effets spĂ©ciaux assez cheap, une camĂ©ra qui n’arrive pas un instant Ă dĂ©tailler les combats sans inventivitĂ© et les zords (qui reconnaĂ®tra la forme du zord du ranger noir ?), une Elizabeth Banks en roue libre (en mĂŞme temps, elle est bien obligĂ©e d’y aller Ă fond). C’est lĂ qu’on commence Ă bien saisir la diffĂ©rence entre un rĂ©alisateur lambda et un Michael Bay qui a toujours rĂ©ussi Ă valoriser ses Transformers dans l’action.
Au final, ce Power Rangers est donc finalement une bonne surprise dans le traitement sĂ©rieux et touchant de ses personnages mais il ne sait ensuite plus trop quoi faire du kitsch imposĂ© par le concept mĂŞme du film et de la sĂ©rie d’origine. Un Ă©trange hybride de sĂ©rieux et de fan service cheap qui n’a rien Ă raconter. Si ne courra pas voir les suites dĂ©jĂ prĂ©vues mais si la nouvelle gĂ©nĂ©ration nourrie de TPMP capte dĂ©jĂ bien le message de tolĂ©rance et d’amitiĂ©, on aura fait un pas.
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