Accueil > Cinéma, Critiques ciné > Critiques express : Silence et Billy Lynn

Critiques express : Silence et Billy Lynn

posté le 12/02/2017

VoilĂ  2 grands films qui n’auront pas reçu de nominations aux Oscars mais dont les rĂ©alisateurs et leur sĂ©rieux auraient pu leur valoir plus d’intĂ©rĂȘt ! Avec Silence, Martin Scorsese nous invite Ă  la messe alors que dans Un Jour dans la vie de Billy Lynn, Ang Lee enfonce le clou sur l’industrie du spectacle militaire amĂ©ricain. Longs mais passionnants.

Commençons donc avec le nouveau film d’Ang Lee. Le rĂ©alisateur de Brokeback Mountain qui, avec l’OdyssĂ©e de Pi est passĂ© du cĂŽtĂ© des visionnaires passionnĂ©s non seulement par les belles histoires mais aussi par la technologie. Et si Un Jour dans la Vie de Billy Lynn a Ă©tĂ© tournĂ© en 4K, 3D et en 120 images par secondes, il nous sera impossible de le voir ainsi puisque la France n’est pas Ă©quipĂ©e. Et avec seulement 16 salles diffusant le film Ă  sa sortie française (presque une sortie technique pour un rĂ©alisateur multi-oscarisĂ© !), il y a mĂȘme peu de chance de voir le film tout court. Et pourtant celui-ci vaut le coup d’oeil. S’intĂ©ressant particuliĂšrement au retour de soldats d’Irak invitĂ©s Ă  faire de la figuration lors d’un show des Destiny’s Child lors d’une mi-temps de grand match de football amĂ©ricain, le film s’intĂ©resse Ă  leur traumatisme et Ă  leur exploitation.

Ainsi, toutes les dĂ©rives du show business avide de faire ce ses hĂ©ros amĂ©ricains des marionnettes pour amasser plus d’argent pour l’armĂ©e sont montrĂ©es, de mĂȘme que le retour difficile dans la famille et surtout le syndrome de stress post-traumatique dont souffrent les soldats. Tout cela est traitĂ© sous l‘angle profondĂ©ment humain et intime qui provoque alors une empathie inouĂŻe pour les soldats et en particulier le rĂŽle principal tenu par le prometteur Joe Alwyn. RĂ©alisĂ© avec un soin particulier en mĂȘlant adroitement les sĂ©quences de souvenir de guerre et le show explosif et insupportable du stade, Ang Lee nous fait rĂ©flĂ©chir et on ressort avec un goĂ»t assez amer dans la bouche et il n’est pas Ă©tonnant que les amĂ©ricains aient boudĂ©e cette attaque Ă  charge contre leur systĂšme destructeur de hĂ©ros qui les renvoie au front.

De son cĂŽtĂ©, Martin Scorsese met fin Ă  la rĂ©alisation de l’un des projets ambitieux qui lui tenaient Ă  coeur depuis bien longtemps. On sait le spĂ©cialiste du film de mafia trĂšs croyant, n’hĂ©sitant pas Ă  teinter ses oeuvres de discours plus ou moins religieux, et ayant mĂȘme fait dĂ©jĂ  l’objet d’interrogation sur la foi comme en tĂ©moignait la DerniĂšre Tentation du Christ. La foi est donc pleinement le sujet de Silence. A l’instar d’Apocalypse Now et ses militaires allant dĂ©busquer le colonel Kurtz, 2 prĂȘtres vont au Japon pour retrouver pour retrouver leur mentor qui aurait reniĂ© le christianisme. Un voyage Ă  la fois physique et philosophique pour ces prĂȘtres qui vont devoir alors se remettre en question dans un pays qui refuse de laisser s’enraciner le christianisme.

Andrew Garfield est Ă©videmment impeccable dans le rĂŽle de ce jeune prĂȘtre qui va devoir se remettre en question sur la pratique de la foi et sur un dieu qui semble avoir disparu et laissĂ© un silence assourdissant sur ces terres Ă©trangĂšres. Le thĂšme est alors passionnant mais il faut beaucoup de patience pour y arriver car avec 2h40 au compteur, Scorsese nous propose, avec une superbe rĂ©alisation, le mĂȘme exercice philosophique et d’endurance qu’une messe. Il faudra vĂ©ritablement attendre la moitiĂ© du film pour enfin plonger vraiment dans le sujet avant qu’ensuite l’Ă©pilogue s’Ă©tire beaucoup trop. Le Silence est ainsi beaucoup trop long pour vĂ©ritablement nous emporter.

publié dans :Cinéma Critiques ciné

  1. Pas encore de commentaire

ï»ż