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Blade Runner 2049, critique

posté le 05/10/2017

Le projet Ă©tait sans doute l’un des plus risquĂ© de ces dernière annĂ©es. Mais Denis Villeneuve a relevĂ© le dĂ©fi haut la main. Autant le dire tout de suite, Blade Runner 2049 est une grande rĂ©ussite et l’un des plus beaux et plus profonds films de SF depuis … le Blade Runner de Ridley Scott. Vision indispensable au cinĂ©ma !

Il y a 35 ans, Ridley Scott mĂ©langeait l’univers SF parano de Philip K Dick au film noir en imposant une vision du futur dont personne n’a vraiment pu se dĂ©faire depuis, et, grâce au scĂ©nariste Hampton Fancher, s’interrogeait sur les ĂŞtres artificielle et l’identitĂ© de l’humanitĂ©. Un film culte qui a travers les annĂ©es sans prendre une ride et se rĂ©vèle Ă  chaque vision toujours aussi fascinant. Mais Hollywood, usine de l’imaginaire mais aussi usine de recyclage en pleine phase de remake des annĂ©es 80 se devait bien de faire revenir Blade Runner sur le devant de la scène. Ridley Scott est partant, Harrison Ford aussi, surtout avec le retour du scĂ©nariste original pour proposer un concept de suite intĂ©ressant.

Mais voilĂ , Ridley Scott est plus occupĂ© Ă  s’amuser avec l’univers d’Alien et dĂ©lègue donc le chantier de l’une des suites les plus risquĂ©es de tous les temps. Et c’est le très douĂ© Denis Villeneuve qui accepte de relever le challenge juste après avoir Ă©tĂ© acclamĂ© pour Sicario. Et alors qu’il nous a offert avec Premier Contact un très grand film de SF psychologique l’annĂ©e dernière, nous avons donc toute confiance pour qu’il nous offre encore un bel exemple de maĂ®trise et de rĂ©flexion. Et on doit bien dire que ceBlade Runner 2049 ne nous déçoit pas.

Pour l’histoire, 30 ans après les Ă©vĂ©nements du premier film, alors qu’une nouvelle compagnie a remplacĂ© la Tyrell Corporation et lancĂ© de nouveaux RĂ©plicants, nous allons cette fois suivre l’agent K, un Blade Runner dont l’enquĂŞte va le mener Ă  rencontrer Deckard et remettre toutes ses certitudes en questions, de son identitĂ© Ă  l’amour qu’il porte pour une intelligence artificielle. L’intrigue qui s’Ă©tale sur 2h40 prend bien le temps d’installer ses personnages, leurs enjeux et leurs Ă©tats d’âmes et nous n’en dirons pas beaucoup plus pour Ă©viter les spoilers. Tout ce qu’il y a Ă  savoir, c’est qu’avec le budget d’un blockbuster, Villeneuve nous offre une excellente extension de l’univers et de l’intrigue du premier film tout en se l’appropriant, prĂ©fĂ©rant largement l’interrogation de ses personnages aux scènes d’actions plutĂ´t rares mais utiles.


Ainsi, Blade Runner 2049 s’attache particulièrement Ă  K. Ryan Gosling poursuit son travail d’Ă©pure commencĂ© avec Drive et sera assez avare de mots pour exprimer ses sentiments de manière subtile mais touchante. VoilĂ  enfin un personnage de blockbuster profond et qui va interroger notre humanitĂ©, notre identitĂ© et nos sentiments, de la nostalgie Ă  l’amour dans un film pourtant assez dĂ©pressif qui voit ici venir inĂ©luctablement la fin d’une espèce. A travers lui et ses rapports avec les individus qu’il rencontre il va se rĂ©crĂ©er sans arrĂŞt et nous emmener avec mĂ©lancolie dans son enquĂŞte. Et cĂ´tĂ© entourage, le casting (de Dave Bautista Ă  Jared Leto, et Harrison Ford qui signe son meilleur comeback dans un de ses rĂ´les des 80’s) est vraiment impeccable , en particulier la belle rĂ©vĂ©lation qu’est Ana De Armas, incroyablement touchante dans un rĂ´le proche de Scarlett Johansson dans Her et qui apporte du coup beaucoup de coeur dans cet univers qui peut paraĂ®tre froid.


Mais ce qui frappe Ă©galement dès le premier abord avec ce Blade Runner, c’est aussi son univers graphique et son impact sur la rĂ©tine. Le film ne dĂ©mĂ©rite absolument pas face Ă  son modèle et nous offre quelque chose que l’on n’a jamais vu sur grand Ă©cran, une nouvelle vision du LA qui Ă©tend ce qu’on voyait dans le premier film, mais aussi une nouvelle vision de Vegas ensablĂ©. Tout cela avec une photo magnifique du grandement oscarisable Roger Deakins jouant sur les ombres, les brumes, et les silhouettes sur fond gris ou ocre. Une empreinte visuelle unique et sublime Ă  chaque instant qui, appuyĂ©e par la composition sonore de Hans Zimmer (qui continue son travail de dĂ©structuration du son de Dunkerque) et Benjamin Wallfisch (qui n’oublie pas le travail de Vangelis), nous entraĂ®ne dans une atmosphère fascinante, une vĂ©ritable expĂ©rience de cinĂ©ma total, difficile Ă  vivre autrement que sur grand Ă©cran.

Toutefois, Blade Runner 2049 n’est pas qu’un joli livre d’images sur grand Ă©cran. Toute cette mise en scène sert un propos passionnant qui Ă©tend toutes les problĂ©matiques du film original. Denis Villeneuve, avec son scĂ©nario et ses personnages poursuit ce qui avait Ă©tĂ© instaurĂ© dans le film original pour aller plus loin. Il laisse toutefois un peu de cĂ´tĂ© le film noir pour instaurer au film plus de modernitĂ©, s’appropriant alors l’univers tout en le respectant totalement, et nous interrogeant alors encore sur notre rapport Ă  la machine et l’identitĂ© caractĂ©risĂ©e par les souvenirs, et mĂŞme plus. Une intrigue psychologique toujours aussi fascinante et qui soulève toujours les mĂŞmes passionnantes questions, signe que les interrogation de K Dick ont encore de beaux jours devant elles.

Bref, on n’en dira pas plus si ce n’est que Blade Runner 2049 est encore une belle rĂ©ussite pour son rĂ©alisateur qui nous offre en plus d’une suite Ă  la hauteur du film culte, une vĂ©ritable grande oeuvre de science-fiction, belle et profonde, qui devrait durer et rester longtemps dans les esprits.

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