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the Neon Demon, critique

posté le 07/06/2016

HuĂ© Ă  Cannes, le nouveau film de Nicolas Winding Refn est Ă©videmment fait pour diviser et dĂ©jouer les attentes, loin d’un cinĂ©ma formaliste, le voici qui continue Ă  expĂ©rimenter pour parler de l’attraction fatale de la beautĂ© dans the Neon Demon.

Nicolas Winding Refn (que l’on appelle maintenant NWR, marque apposĂ©e dès le gĂ©nĂ©rique de Neon Demon, maintenant bien conscient avec un certain Ă©go de l’aura d’auteur et de la signature qu’il appose sur ses Ĺ“uvres) en a bien parcouru du chemin depuis la trilogie Pusher hyper rĂ©aliste. Il est depuis passĂ© dans les films qui parlent bien plus par les images que par les mots, livrant ses hĂ©ros silencieux et mystiques (de Valhalla Rising Ă  Only God Forgives en passant par Drive) se dĂ©mener au milieu d’Ă©vĂ©nements qui les dĂ©passent et n’engendrent que violence et traumatismes familiaux.

Avec the Neon Demon, il continue cette dĂ©marche avec un film aux limites de l’expĂ©rimental racontant comment une jeune fille dĂ©barque Ă  Los Angels pour devenir mannequin et connait une ascension fulgurante qui va attiser les obsessions et les jalousies. Un rĂ©cit qui aurait tout pour ĂŞtre un drame ou un rĂ©cit horrifique et que NWR va traiter d’une manière Ă©trange et dĂ©routante, entre Kubrick et Lynch mais avec aussi du Dario Argento ou du De Palma, dĂ©construisant le concept de scĂ©nario pour ne livrer que quelques paroles sans grand intĂ©rĂŞt au milieu d’images sublimes et mĂ©taphoriques.

Evidemment, en auteur mĂ©galo et fascinant, NWR se garde bien de donner toute les rĂ©ponses textuellement et il faut bien plonger dans le film et ses images et associations de symboles pour dĂ©coder tout ce qu’il veut dire. En effet, si le film intrigue au premier abord et se termine en faisant penser Ă  un bel objet bien vide, rempli seulement de vacuitĂ© et de portes ouvertes sur « le monde de la mode est impitoyable », c’est avec du recul que l’on s’aperçoit que le film pose bien plus de questions et dĂ©veloppe en nous une certaine obsession et rĂ©flexion sur ce mal moderne qu’est la recherche de la beautĂ©.

Laissant libre court Ă  l’interprĂ©tation du spectateur, lui laissant le soin de recoller certains morceaux sur la dimension mystique et fantastique ou non de son film appuyĂ© par une esthĂ©tique glam parfois particulièrement macabre (en sale gosse qu’il est, NWR n’hĂ©site mĂŞme plus Ă  aller jusqu’Ă  la nĂ©crophilie) mais toujours particulièrement aboutie et rĂ©flĂ©chie, le rĂ©alisateur entame donc une rĂ©flexion fascinante sur la beautĂ©. Il s’appuie pour cela sur l’image diaphane et l’innocence d’une Elle Fanning Ă©trange en crĂ©ature juvĂ©nile et pure (mais Ă  quel point ?) au milieu des mannequins artificielles dĂ©vorĂ©es par l’ambition et la jeunesse qu’elle ne retrouvent plus dans le reflet du miroir. NWR arrive donc aux limites du contes de fĂ©es urbain, dĂ©montant pièce par pièce ce que semble ĂŞtre le conte de fĂ©e de la vie de mannequin pour en faire une allĂ©gorie plus large sur la recherche de la beautĂ© et le besoin de dĂ©vorer l’innocence pour retrouver la puretĂ© originelle.

Il ne faut pas non plus oublier au crĂ©dit de cette fascinante et provocante rĂ©flexion sur la beautĂ© le rĂ´le ambigu de Jena Malone en sorcière rĂ©vĂ©latrice ou encore la musique de Cliff Martinez toujours inspirĂ© pour nous faire entrer dans l’atmosphère unique de NWR, sans oublier le travail esthĂ©tique remarquable de Natasha Braier Ă  la photographie qui prend bien la relève de Newton Thomas Sigel et Larry Smith avec une identitĂ© propre.

A n’en pas douter, the Neon Demon peut dĂ©sorienter, dĂ©cevoir, énerver au premier abord, mais force est de reconnaĂ®tre, qu’il dĂ©veloppe tout de mĂŞme derrière son atmosphère aguicheuse une rĂ©flexion fascinante, certes parfois maladroite ou mĂ©galo, sur l’obsession moderne pour la recherche de la beautĂ© et le mythe de la jeunesse Ă©ternelle.

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