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Les 8 Salopards, critique

posté le 12/01/2016

Tout film de Quentin Tarantino est indĂ©niablement un Ă©vĂ©nement et ce sera encore le cas de ses 8 Salopards qui vont s’enfermer dans le froid des salles obscures et risquent bien de diviser fortement le public !

Après le western post-Guerre de SĂ©cession et prenant sa revanche sur l’esclavage de Django Unchained, Quentin Tarantino reste bloquĂ© dans la mĂŞme Ă©poque pour son nouveau film, les 8 Salopards. Mais tout en gardant ce contexte, il change d’approche pour s’immiscer dans l’exercice du huis clos oĂą il peut Ă©videmment s’en donner Ă  coeur joie dans toutes les figures imposĂ©es de son cinĂ©ma Tarantinesque qui rend hommage tout en rĂ©inventant toujours le genre Ă  sa sauce.

Dans les 8 Salopards, l’histoire sera comme d’habitude assez simple et basĂ©e sur la vengeance avec un chasseur de prime et  sa prisonnière qui dĂ©barquent dans un chalet en pleine montage, bloquĂ© par la neige. Mais dans cette auberge attendent d’autres personnes qui pourraient bien rĂ©vĂ©ler de lourds secrets … et si l’un d’eux Ă©tait lĂ  pour dĂ©livrer la prisonnière ? Alors paranoĂŻa, violence et autre coups bas risquent bien de mettre Ă  mal un plan qui Ă©tait Ă  la base assez rĂ´dĂ©.

Evidemment, au vu des premiers Ă©lĂ©ments, avec une bande de gangsters prĂŞts Ă  tout (dont Tim Roth et Michael Madsen) et un chalet dans la neige oĂą tout le monde semble suspect (et avec la prĂ©sence de Kurt Russell), deux figures s’imposent tout de suite Ă  nous : Reservoir Dogs (le premier film de QT, qui n’hĂ©site pas Ă  s’autociter, revenant aux origines) et the Thing de Carpenter (sans la dimension fantastique mais avec toute la paranoĂŻa qui l’entoure). Ajoutez Ă  cela la musique originale d’Ennio Morricone composĂ©e pour l’occasion et vous obtenez forcĂ©ment un grand hommage de QT Ă  tout le cinĂ©ma qu’il aime.

Et tout le reste de la recette de Tarantino est bien lĂ  et l’on prend toujours un plaisir Ă  la retrouver : une narration en chapitres bien exploitĂ©e, des personnages toujours en marge, le thème de la vengeance qui prĂ©domine, un goĂ»t immodĂ©rĂ© pour les longues scènes de dialogues avec des personnages forts et impeccablement caractĂ©risĂ©s, une violence très sanglante, et depuis Inglourious Basterds, un fort discours politique qui remet l’AmĂ©rique et les instincts humains face Ă  leur mĂ©faits, sans oublier une excellente rĂ©alisation (les images des paysages, les angles de camĂ©ra parfaitement choisi pour le grand cinĂ©ma). Tout est lĂ .

Et pourtant, quelque chose cloche dans les 8 Salopards, et ce quelque chose, c’est toute la première partie. Nous avons bien l’habitude que Tarantino nous assène de dialogues brillant qui font toutefois toujours avancer le rĂ©cit et qu’il prenne son temps pour mettre les diffĂ©rentes pièces du puzzle avant que tout ne s’assemble, mais ici, cette mĂ©thode se rĂ©vèle bien trop lourde et plombe le film dès le dĂ©but avec des scènes de dialogues inutiles et interminables dans la diligence qui les amène Ă  l’auberge. Des dialogues Ă  foison qui ne font guerre avancer le rĂ©cit et qui finisse par perdre la patience du spectateur et ce sera toujours le cas pendant que les protagonistes s’installeront ensuite dans le chalet. Le film prend ainsi bien trop son temps et l’on voit bien lĂ  le dĂ©faut de Tarantino Ă  vouloir dĂ©lier son film sur 2h45. Une durĂ©e bien trop longue cette fois pour ce que les 8 Salopards ont Ă  raconter.

Il faut donc attendre au moins 1h30 de film avant que celui-ci ne se donne la peine de dĂ©marrer enfin avec la rĂ©vĂ©lation d’un secret inattendu et ensuite s’envoler vers un spectacle de violence sanglante grand guignolesque et un festival de rĂ©vĂ©lations en sĂ©ries dans un huis clos Ă  la rĂ©alisation maĂ®trisĂ©e qui ne lasse jamais. Cette attente se rĂ©vèle du coup finalement payante, mais le prix Ă  payer Ă©tait tout de mĂŞme assez lourd. Pour une fois Tarantino n’avait pas besoin de nous assĂ©ner autant de dialogues peu distinguĂ©s pour faire passer son message. Et il faut aussi dire que les personnages ne sont pas tous Ă  la hauteur (on ne retrouve pas ici un personnage au panache de Bill, Hans Landa ou Calvin Candie et Jennifer Jason Leigh se rĂ©vèle au final assez fade) et beaucoup sont sous-exploitĂ©s (comme Michael Madsen ou  Tim Roth, ce dernier ayant eu apparemment pour directive de copier le jeu de Christoph Waltz) et seul Samuel L Jackson en ressortira vraiment grandit.

Les 8 Salopards est donc un huis clos très rĂ©ussi dans ses derniers chapitres et sa rĂ©alisation, mais un Tarantino qui déçoit par son trop plein de confiance en des personnages inutilement trop bavards qui traĂ®nent en longueur toute la première partie d’un film qui aurait pourtant pu ĂŞtre tellement plus intĂ©ressant et jouissif. Pas grave QT, on attendra tout de mĂŞme toujours ton prochain film.

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