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Culte du dimanche : Scarface de Brian De Palma

posté le 28/08/2016

Alors qu’un nouveau remake serait en prĂ©paration, revenons sur le film culte Scarface version De Palma qui a dĂ©finitivement consacrĂ© Al Pacino, au point d’avoir son image placardĂ©e dans les chambres des ados !

Dans les annĂ©es 70, Brian De Palma a explosĂ© dans le cinĂ©ma de genre avec Carrie et entame les annĂ©es 80 de belle manière avec Pulsions et Blow Out. Alors qu’il allait attaquer le tournage de Flashdance, il abandonne le projet après avoir reçu le scĂ©nario de Scarface par Oliver Stone que venait de laisser tomber Sidney Lumet Ă  cause d’une violence trop prononcĂ©e. Il faut dire que le futur rĂ©alisateur de Platoon en pleine addiction Ă  la drogue n’y va pas avec le dos de la cuillère dans cette histoire de rĂ©ussite phĂ©nomĂ©nale d’un gangster de Miami, remake dĂ©guisĂ© du film d’Howard Hawks et de l’ascension d’Al Capone.

Après avoir un temps considĂ©rĂ© John Travolta, c’est finalement Al Pacino qui obtient le rĂ´le titre alors que le premier rĂ´le fĂ©minin fait l’objet de toutes les attentions mais est rĂ©gulièrement refusĂ© en raison de la violence du film. Il sera finalement offert Ă  la dĂ©butante Michelle Pfeiffer qui sort tout juste de la suite sans grand intĂ©rĂŞt de Grease. C’est alors parti pour un tournage en Floride avec une Ă©quipe inspirĂ©e par un script prenant.

Scarface dĂ©bute donc avec l’arrivĂ©e de Tony Montana et de son meilleur ami Manny sur le sol de Miami. Petits malfrats, ils vont grimper petit Ă  petit les Ă©chelons, en particulier Tony qui va alors devenir le maĂ®tre de la pègre de Miami, se faisant autant d’ennemis parmi ses proches (sa sĹ“ur envers qui il se montre beaucoup trop protecteur  tombe dans les bras de son meilleur ami) comme parmi ses concurrents, tout en profitant des filles (il tombe amoureux d’Elvira qu’il va entraĂ®ner dans sa chute), s’enfonçant peu Ă  peu dans la drogue et s’isolant du reste du monde jusqu’au point de non retour.

Bref, c’est une histoire de gangster assez traditionnelle finalement mais qui, de par son contexte (Miami), sa violence (une scène de tronçonneuse particulièrement violente), sa musique (Gorgio Moroder) et son interprĂ©tation (Al Pacino impĂ©rial), se rĂ©vèle particulièrement marquante, d’une efficacitĂ© redoutable. Car il est en effet simple pour n’importe qui et en particulier ceux qui rĂŞve de gloire facile dans un contexte difficile, de s’identifier Ă  ce caĂŻd alors que ceux qui recherchent un peu plus de tragĂ©die grecque (cette relation presque incestueuse Ă  sens unique entre Tony et sa sĹ“ur qui entraĂ®nera sa chute) en auront aussi pour leur argent.

Finalement, c’est surtout la patte de De Palma qui va manquer Ă  Scarface. Car si le rĂ©alisateur se montre comme toujours efficace, il efface ici presque complètement son style et ses obsessions pour livrer une mise en scène toute au service du script et de la violence choquante d’Oliver Stone (alors qu’on le connait habituellement plus onirique et sensuel dans la violence) et de l’interprĂ©tation d’Al Pacino qui imprègne vraiment tout le film. Il faudra donc attendre les Incorruptibles pour trouver une touche plus personnelle de De Palma dans un film de gangster ou encore l’Impasse oĂą il retrouvera Al Pacino pour interprĂ©ter Ă  nouveau un gangster en fin de vie dans ce qui aurait pu ĂŞtre une suite non officielle et plus rĂ©ussie de Scarface.

A sa sortie, le film est gĂ©nĂ©ralement conspuĂ© par la critique pour sa violence graphique trop prĂ©sente et a faillit lui valoir une classification « X » aux Etats-Unis. Mais cela ne va pas empĂŞcher Scarface de cartonner au box office ! Devenant alors le film emblĂ©matique des annĂ©es 80 de De Palma qui enchaĂ®nera ensuite avec Body Double, il devient mĂŞme un phĂ©nomène de sociĂ©tĂ©, le poster de Tony Montana trĂ´nant dans de nombreuses chambres d’ados qui se reconnaissent dans le personnage et rĂŞvent d’une ascension aussi fulgurante, ayant mĂŞme le droit, plus de 20 ans plus tard, Ă  une adaptation en jeu vidĂ©o. Il est depuis, l’un des films classĂ©s rĂ©gulièrement dans les top des meilleurs films et clairement l’un des remake ayant largement supplantĂ© l’original. Devant ce succès populaire et cette prĂ©sence toujours aussi importante dans la culture urbaine, il n’est donc pas Ă©tonnant qu’Hollywood y voit maintenant Ă  nouveau l’opportunitĂ© d’un remake.

publié dans :Cinéma Culte du dimanche

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